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L’humanité est devenue une "arme de destruction massive", dénonce le chef de l’ONU

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à Montréal, au Canada, le 6 décembre 2022.

© ANDREJ IVANOV

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Par AFP, édité par Lavinia Rotili

L’humanité est devenue une "arme d’extinction massive" de la nature que "nous traitons comme des toilettes", a déclaré mardi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors d’une cérémonie à Montréal à la veille de la COP15 sur la biodiversité.

"Avec notre appétit sans limite pour une croissance économique incontrôlée et inégale, l’humanité est devenue une arme d’extinction massive", a-t-il martelé lors du lever de rideau de cette conférence, qu’il voit comme "notre chance d’arrêter cette orgie de destruction".

Il s’exprimait dans la foulée du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, dont l’intervention a été interrompue quelques minutes par une dizaine de représentants d’un peuple autochtone. Brandissant une banderole où l’on lisait "Génocide des autochtones = écocide", ils ont été raccompagnés calmement à la sortie, recevant des applaudissements de soutien d’une partie de la salle.

De nombreux défis à relever

Les défis de la COP15 à relever sont considérables : un million d’espèces sont menacées d’extinction, un tiers des terres sont gravement dégradées et les sols fertiles disparaissent, tandis que la pollution et le changement climatique accélèrent la dégradation des océans.

Les produits chimiques, les plastiques et la pollution atmosphérique étouffent la terre, l’eau et l’air, tandis que le réchauffement de la planète dû à la combustion des énergies fossiles provoque un chaos climatique – des vagues de chaleur et des feux de forêt aux sécheresses et aux inondations.

Près de 200 pays se réunissent du 7 au 19 décembre pour tenter de sceller un pacte décennal pour la nature et éviter ainsi une sixième extinction de masse. Mais l’issue des négociations, portant sur une vingtaine d’objectifs destinés à sauvegarder les écosystèmes d’ici 2030, reste incertaine.

"Cacophonie du chaos"

"Aujourd’hui nous ne sommes pas en harmonie avec la nature, au contraire nous jouons une mélodie bien différente", une "cacophonie du chaos jouée avec des instruments de destructions", a résumé le secrétaire général de l’ONU.

"Et en fin de compte, nous nous suicidons par procuration", a-t-il ajouté, avec des répercussions sur l’emploi, la faim, la maladie et la mort. Les pertes économiques dues à la dégradation des écosystèmes, quant à elles, sont estimées à 3000 milliards de dollars par an à partir de 2030.

Mais si le constat scientifique est peu discuté, les points de friction restent nombreux entre les membres de la Convention pour la diversité biologique (CDB) de l’ONU (195 Etats et l’Union européenne, mais sans les Etats-Unis, toutefois observateurs influents).

Parmi la vingtaine d’objectifs en discussions, l’ambition phare, surnommée 30x30, vise à placer au moins 30% des terres et des mers du globe sous une protection juridique minimale d’ici 2030. Contre respectivement 17% et 10% dans l’accord précédent de 2010.

Il sera aussi question des subventions néfastes à la pêche et à l’agriculture, de lutter contre les espèces invasives et de la réduction des pesticides.

Mais une fois encore, la question du financement de ces mesures pourrait être un point de blocage : des pays en développement demandant la création d’un fonds, comme celui décidé pour le climat.

En dehors du Premier ministre canadien, aucun chef d’État ou de gouvernement n’est d’ailleurs attendu à Montréal, alors qu’ils étaient plus de 110 en Egypte.

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