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"Ils retournent dans la jungle" : un journal algérien en flagrant délit de racisme anti-Camerounais
L'équipe du Cameroun, le 2 décembre 2022.
Issouf Sanogo / AFP.

"Ils retournent dans la jungle" : un journal algérien en flagrant délit de racisme anti-Camerounais

Le groupe vit bien

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Le journal algérien « Echorouk » a titré « les Camerounais retournent dans leur jungle, sans pois chiche ni haricots » après la défaite des Camerounais à la Coupe du monde 2022. Derrière ce titre raciste, une inimitié héritée de la défaite des Algériens contre le Cameroun, aux barrages de la prestigieuse compétition.

Ils n'attendaient que ça ? Après la défaite du Cameroun dans la Coupe du monde, vendredi 2 décembre au Qatar un journal algérien très populaire, Echorouk, a titré : « les Camerounais retournent dans leur jungle, sans pois chiche ni haricots ». Un titre largement décrié sur les réseaux sociaux pour son caractère particulièrement raciste. Il a été retiré et remplacé ce mardi par un laconique : « Le Cameroun quitte la Coupe du monde au premier tour. » Le propriétaire du compte Twitter qui a largement diffusé l'information, Carl Johnson, assure avoir été « menacé de mort » depuis qu'il a alerté sur ce titre sur le réseau social. Sur Twitter toujours, beaucoup de comptes affichant un drapeau algérien ont tenté de défendre le journal, estimant que pour des « lions » (le surnom des joueurs camerounais), il était normal de « retourner dans la jungle ». Rappelons donc, à toutes fins utiles, que les lions vivent dans la savane, en dépit de leur surnom de « rois de la jungle ».

Pourquoi tant de haine ? Certains supporteurs algériens semblent en vouloir particulièrement aux Camerounais depuis leur élimination en barrages de la Coupe du monde 2022. En cause : une fin de match particulièrement tendue face aux Camerounais, qui s'est jouée aux tirs au but. L'arbitre gambien en charge de la rencontre, Bakary Papa Gassama, a été décrié pour sa gestion de la rencontre, après deux buts refusés aux Algériens et deux penaltys oubliés. L'entraîneur algérien Djamel Delmadi avait alors déclaré : « Nous ne laisserons jamais plus un arbitre mettre à mal notre pays. [...] Il a enlevé l'espoir de tout un peuple et on le laisse comme ça. Je ne dis pas qu'il faut le tuer, mais il ne faut pas le laisser tranquille. » Il a depuis calmé son discours, mais le soupçon d'une qualification à la Coupe du monde volée pèse toujours sur l'équipe du Cameroun.

Samuel Eto'o harcelé

Un ancien joueur star Camerounais a d'ailleurs fait les frais de ce ressentiment. Car le Youtubeur algérien Sadouni SM semble en vouloir particulièrement à Samuel Eto'o, qui préside la Fédération camerounaise de football. Lors de la cérémonie des tirages au sort, d'abord, rapporte le journal L'Équipe, il interpelle le Camerounais : « Ils ont acheté le match face à l'Algérie. Ils ont triché le Cameroun. » Sans réponse. Mais lundi soir, alors qu'il multipliait les photos avec les supporters brésiliens, Samuel Eto'o a porté plusieurs coups au Youtubeur, alors que ce dernier le filmait avec une caméra. Un échange aurait eu lieu entre les deux hommes, sans qu'on sache ce qui a été dit. L'ancien attaquant du Barça a également brisé la caméra du vidéaste algérien. Mardi, le Camerounais a présenté des excuses sur Twitter pour ces gestes, dénonçant dans le même texte « le harcèlement » par des supporteurs algériens dont ont été victimes leurs homologues camerounais au Qatar.

« Je demande aux autorités algériennes et à la fédération sœur d'Algérie de prendre leurs responsabilités pour mettre un terme à ce climat délétère avant qu'un drame plus grave ne se produise », a-t-il ajouté.

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