Les Français plus prompts à accueillir des Ukrainiens que d’autres réfugiés, selon une étude

Selon ses auteurs, les Français qui ont accueilli des réfugiés chez eux « ne souhaitaient accueillir que des déplacés d’Ukraine, voire seulement des Ukrainiens ».

Selon les auteurs de l'étude, les Français opèrent une distinction entre réfugiés ukrainiens et ceux d'autres nationalités. LP/Arnaud Journois
Selon les auteurs de l'étude, les Français opèrent une distinction entre réfugiés ukrainiens et ceux d'autres nationalités. LP/Arnaud Journois

    Faut-il y voir une forme de deux poids deux mesures ? Et surtout, comment l’expliquer ? L’hébergement citoyen des réfugiés ukrainiens en France a été « exceptionnel », mais est « difficilement transposable à l’ensemble des demandeurs d’asiles », relève une étude présentée mardi lors d’une conférence organisée par l’Institut français des relations internationales (Ifri).



    Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’hébergement citoyen, c’est-à-dire, l’accueil de réfugiés chez des particuliers « s’est largement développé » et est même devenu « une des principales solutions d’accueil des personnes déplacées d’Ukraine », indique l’étude écrite par Nadine Camp, experte en asile et migration à l’occasion de cette conférence intitulée « La mobilisation citoyennev : une solution pour l’intégration des réfugiés en Europe? »

    Cependant, « nombre des personnes qui se sont proposées pour accueillir à leur domicile ne souhaitaient accueillir que des déplacés d’Ukraine, voire seulement des Ukrainiens », précise l’auteur. La principale raison évoquée dans le rapport est « une proximité géographique et culturelle avec les Ukrainiens », qui rend « difficilement transposable aux autres nationalités » cet élan d’hébergement citoyen. En avril dernier, un rapport présenté par le conseil de l’Europe déplorait le comportement de certains pays de l’UE, qui ont ouvert les bras au réfugiés ukrainiens tout en continuant à repousser hors de leurs frontières les réfugiés d’autres nationalités, « en créant de faux clivages » entre les différents groupes.

    Une forme « d’épuisement »

    L’étude présentée ce mardi note quant à elle que cet élan de solidarité est retombé depuis le début du conflit: « Les nouvelles propositions d’hébergement sont rares. Parallèlement, les associations qui proposent de l’hébergement citoyen ont vu les offres d’accueil diminuer pour les autres publics », indique l’étude.

    Dans sa présentation, Nadine Camp décrit une forme « d’épuisement », car « les personnes donnent énormément de temps et d’énergie. Elles sont à leurs côtés (des réfugiés, ndlr) dans des situations complexes et des démarches administratives très lourdes ». Cette étude s’appuie sur une série d’entretiens réalisés avec des représentants d’institutions nationales et locales et 59 associations présentes dans la Métropole de Lyon et le département du Rhône.

    Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, entre 95 000 et 105 000 ukrainiens ont été accueillis en France, d’après Joseph Zimet, préfet en charge de la cellule de crise sur l’accueil des déplacés ukrainiens et également présent à la conférence mardi. L’Etat a annoncé le 5 octobre une aide de 150 euros par mois pour les foyers hébergeant des réfugiés ukrainiens afin de « soutenir cet élan de solidarité spontanée ».