L'engagement de l'état ne sera pas tenu sur l'interdiction de broyer les poussins

Des poussins élevés en batterie ©Getty - Moskow
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Des poussins élevés en batterie ©Getty - Moskow
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Chaque année en France, ce sont plus de cinquante millions de poussins qui sont jetés vivants dans des broyeuses ou qui sont gazés. Retour sur une promesse du gouvernement : l’interdiction de broyer les poussins mâles, considérés comme des déchets par l’industrie de l’œuf… Par Hugo Clément

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Ce n’est pas un scoop, pour pondre des œufs, il faut être une poule. Sauf que dans les couvoirs, qui fournissent les élevages, il naît autant de femelles que de mâles. Haaa satanée nature qui ne correspond pas aux besoins de l’agroalimentaire !

Mais ne vous inquiétez pas, les industriels de l’œuf ont la solution : les poussins mâles sont systématiquement éliminés à la naissance.

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Chaque année en France, ce sont plus de cinquante millions de poussins qui sont jetés vivants dans des broyeuses ou qui sont gazés.

Une pratique qui choque l’opinion publique, ce qui a poussé le gouvernement a annoncé son interdiction.

Rappelez-vous, c’était en 2019 : le ministre de l'Agriculture de l’époque, Didier Guillaume, annonçait que plus aucun poussin ne serait broyé d’ici fin 2021. Raté ! La promesse n’a pas été tenue, et l’interdiction a été repoussée d’un an.

Elle devrait donc entrer en vigueur le 1er janvier 2023.

Pourquoi vous parlez au conditionnel ?

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Parce que le lobbying des industriels de l’œuf est intense et que le gouvernement a déjà prévu des dérogations à cette interdiction.

Par exemple, selon un décret publié en février dernier, certains poussins pourront toujours être tués par broyage ou gazage, c’est le cas des poussins destinés à l’alimentation animale.

Les cadavres des poussins peuvent servir pour nourrir les animaux de compagnie, ceux des zoos ou ceux d’élevage.

Les débouchés possibles sont donc tellement importants que des millions de poussins pourraient être éliminés, malgré l’interdiction théorique.

Selon le magazine « Réussir », sous prétexte de concurrence européenne, les dérogations pourraient même concerner tous les poussins issus de la filière des œufs blancs transformés par l’industrie, pour fabriquer des produits comme les gâteaux ou les plats préparés.

Or, les œufs destinés à la transformation représentent une part importante de la production française.

Bref, si de telles dérogations étaient mises en place, elles rendraient caduque la promesse de mettre fin à l’élimination des poussins.

Il est possible de faire autrement que de tuer ces poussins ?

Oui Nicolas, il existe une technologie qui permet de détecter le sexe des poussins avant l’éclosion de l’œuf, et donc d’éliminer les œufs, plutôt que les jeunes animaux qui, eux, ressentent la douleur.

Ça s’appelle l’ovo sexage.

C’est ce qui était promis en France… Et c’est déjà mis en place en Allemagne, où le broyage et le gazage des poussins mâles sont strictement interdits depuis un an.

Notre pays sera-t-il à la hauteur ? Ou la promesse du gouvernement sera-t-elle une nouvelle fois remise aux calendes grecques ?

Réponse dans les prochaines semaines.

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