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Trafic d’êtres humains : 1er ensemble de données de l’OIM reliant victimes et auteurs

Un garçon de 17 ans de l'est du Soudan, qui a survécu à la traite des êtres humains, exprime son souhait de liberté.
© UNHCR/Osama Idriss
Un garçon de 17 ans de l'est du Soudan, qui a survécu à la traite des êtres humains, exprime son souhait de liberté.

Trafic d’êtres humains : 1er ensemble de données de l’OIM reliant victimes et auteurs

Migrants et réfugiés

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a publié, ce jeudi, le premier ensemble de données publiques reliant les profils des victimes et des auteurs de la traite, tout en préservant l’anonymat et la vie privée des survivants.

 Cet ensemble de données est rendu possible par une technologie de pointe développée en partenariat avec Microsoft et fournit des informations de première main sur les relations entre les victimes et les auteurs. Selon l’OIM, la nature des relations entre les victimes et les auteurs représente une source précieuse d’informations pour mieux aider les survivants et poursuivre les auteurs.

En rendant ces informations disponibles pour la première fois de manière ouverte et sûre, l’OIM et Microsoft visent à partager cette technique avec les acteurs humanitaires du monde entier afin d’améliorer la production de données préservant la vie privée. Il s’agit aussi d’accélérer l’élaboration de politiques fondées sur des preuves dans la lutte contre la traite des êtres humains dans le monde. 

Les enfants et les femmes sont particulièrement vulnérables au trafic de personnes.
© UNICEF/Shehzad Noorani
Les enfants et les femmes sont particulièrement vulnérables au trafic de personnes.

Des données sur plus de 17.000 victimes et survivants

« Rendre les données sur la traite des êtres humains largement accessibles aux parties prenantes tout en protégeant la sécurité et la vie privée des victimes de manière durable est crucial pour élaborer des réponses fondées sur des preuves », a déclaré Monica Goracci, Directrice du soutien aux programmes et de la gestion des migrations de l’OIM.

Le dispositif est disponible sur le hub de données du centre sur la lutte contre le trafic, le premier portail mondial de données sur la traite des êtres humains. Cet ensemble de données comprend les données de cas de l’OIM concernant plus de 17.000 victimes et survivants de la traite identifiés dans 123 pays et territoires, et les récits de plus de 37.000 auteurs qui ont facilité le processus de traite entre 2005 et 2022. 

Depuis 2019, l’OIM et Microsoft ont travaillé ensemble pour développer et affiner une approche permettant de générer des données synthétiques à partir des dossiers sensibles des victimes du centre. Les enregistrements de cas synthétiques qui en résultent préservent avec précision les propriétés statistiques des données originales sur les victimes sans représenter les victimes réelles. 

Un avion sur une piste, au Ghana.
Banque mondiale/Arne Hoel
Un avion sur une piste, au Ghana.

Un tiers des victimes passent par des points de contrôle frontaliers officiels

Une nouvelle extension de cette approche, qui incorpore une « confidentialité différentielle ». La nouvelle solution préservant la vie privée, développée par Microsoft, est disponible à la fois sous la forme d’un logiciel libre et d’une application web gratuite qui permet de créer des ensembles de données synthétiques de manière interactive dans le navigateur web.

« Tout le monde peut bénéficier de la collaboration autour des données ouvertes pour prendre de meilleures décisions et s’attaquer à certains des défis sociétaux les plus urgents du monde », a affirmé Darren Edge, Directeur chez Microsoft Research et responsable du projet.

Les données de l’OIM sur les cas montrent que 80% des voyages internationaux de traite des êtres humains passent par des points frontaliers officiels, tels que les aéroports et les points de contrôle des frontières terrestres. Environ un tiers des victimes qui passent par des points de contrôle frontaliers officiels ne sont pas exploitées pendant leur voyage et ne savent pas qu’elles sont victimes de la traite.

L'intérieur d'un logement de trois hommes et d'une femme victimes de la traite des êtres humains et exploités pour le travail forcé dans une ferme.
©CCTP
L'intérieur d'un logement de trois hommes et d'une femme victimes de la traite des êtres humains et exploités pour le travail forcé dans une ferme.

Plus de 27 millions de personnes victimes de travail forcé dans le monde

Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), plus de  49 millions de personnes vivaient dans des conditions d’esclavage moderne en 2021, dont plus de 27 millions dans le travail forcé et 22 millions dans le mariage forcé. Sur ces 27 millions de personnes en situation de travail forcé, plus de 17 millions sont exploitées dans le secteur privé.

Plus de 6 millions sont en situation d’exploitation sexuelle commerciale forcée et près de 4 millions sont astreintes à des travaux forcés imposés par l’État. Selon l’OIM, les femmes et les filles représentent près de 5 millions des personnes en situation d’exploitation sexuelle commerciale forcée, et 6 millions des personnes en situation de travail forcé dans d’autres secteurs économiques.

Au moins 12% des personnes en situation de travail forcé sont des enfants. Plus de la moitié de ces enfants sont victimes d’exploitation sexuelle commerciale. La région Asie-Pacifique compte le plus grand nombre de personnes en situation de travail forcé (15,1 millions) et les États arabes la plus forte prévalence (5,3 pour mille personnes).