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Alstom : Jean-Pierre Chevènement interpelle Manuel Valls

+ DOCUMENT Dans une lettre adressée au Premier ministre, le sénateur du territoire de Belfort, Jean-Pierre Chevènement demande d’empêcher un « transfert de propriété » à General Electric.

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Jean-Pierre Chevènement demande à Matignon d'intervenir

Par Elsa Freyssenet

Publié le 25 avr. 2014 à 20:51

Le sénateur du territoire de Belfort et ancien ministre de l’Industrie qu’est Jean-Pierre Chevènement ne pouvait pas laisser passer la nouvelle sans réagir. Il vient d’envoyer une lettre au Premier ministre pour lui demander de faire obstacle au rachat des divisions énergie d’ Alstom par GE.

« Je vous demande instamment, Monsieur le Premier Ministre, de bien vouloir faire valoir aux actionnaires et aux dirigeants des groupes concernés que ce transfert de propriété est hors de question », écrit-il dans sa missive envoyé vendredi à Manuel Valls.

Le sénateur MRC rappelle que « le groupe américain a déjà repris en 1999 la branche "turbines à gaz" quand Alstom a choisi de reprendre les turbines à gaz fabriquées en Suisse ». Et il considère que « ce fut une énorme erreur à laquelle Alstom a failli ne pas survivre ».

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« Avec le recul de quinze ans, explique-t-il, nous constatons que cette opération autorisée par le Gouvernement de l’époque a abouti à deux résultats : Alstom a vu sa part du marché dans les turbines à gaz, qu’elle fabrique désormais en Suisse, se réduire considérablement. Par ailleurs, General Electric, s’il a dans un premier temps développé ses fabrications à Belfort, tend aujourd’hui à relocaliser une part de ses fabrications aux États-Unis, ce qui correspond, semble t-il, aux orientations données par le Président Obama ».

Pour l’ancien ministre, « cette évolution illustre la nécessité de maintenir en France les centres de décision ». Et d’égrainer la liste des fleurons nationaux rachetés par des investisseurs étrangers : « Nous savons ce que nous a coûté l’abandon d’Usinor-Sacilor à Arcelor, au prétexte de constituer un groupe européen, puis à Mittal, la France s’étant désarmée en acceptant le choix du Luxembourg pour l’implantation du siège social d’Arcelor. Il en est allé de même avec Péchiney, abandonné à Alcan sur décision de la Commission européenne avec comme conséquence la fermeture de l’usine de St Jean de Maurienne. Hier, c’était le tour de Lafarge dont le siège social a été délocalisé de Paris à Zurich. »

En rappelant ces exemples douloureux pour le gouvernement fait peser une pression politique sur l’exécutif qui pourrait se résumer en ces termes : veut-il ou non être tenu pour responsable de la perte par la France de ses fleurons industriels ? Exactement a lecture du dossier qu’Alstom et General Electric veulent éviter, craignant qu’un raidissement politique de l’Etat n’empoissonne cette reprise.

Aussi rien d’étonnant à ce que Jean-Pierre Chevènement ne fasse vibrer la fibre patriotique : « Aujourd’hui, la reprise de la branche énergie d’Alstom porterait un coup fatal à l’indépendance de notre filière électronucléaire. Elle signifierait l’abandon par la France d’un des deniers pans de son industrie d’équipement : turbines à vapeur, alternateurs de moyenne et de grande puissance etc. »

Et d’ajouter : « La fuite des centres de décision est dramatique : lorsqu’on mesure pleinement les conséquences, comme à la guerre il sera trop tard pour livrer bataille. » Quelle que soit la nature de la bataille, le temps est compté. Une communication commune Alstom-General Electric est attendue pour lundi après un rendez-vous probablement dimanche entre le patron de GE, Jeff Immelt, et l’exécutif.

DOCUMENT La lettre adressée par Jean-Pierre Raffarin à Manuel Valls :

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