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Un chasseur marnais filme son enfant en train d’achever au couteau un sanglier: émoi sur les réseaux sociaux

Alors qu’il chasse dans la Marne, Guillaume propose à son jeune garçon d’achever un sanglier, avec un couteau, et filme la scène. Le cadre légal semble être respecté, mais la séquence choque sur les réseaux sociaux.

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En une soirée, la vidéo est devenue virale. Guillaume*, père de famille, filme son enfant sur le point d’achever un sanglier, coincé par des chiens durant une partie de chasse. En rentrant, il poste la séquence sur ses réseaux sociaux, c’est un habitué de la chose. Régulièrement, l’habitant d’une commune proche de Vitry-le-François partage ses trophées et ses exploits. Mais là, le clip de presque deux minutes dépasse son audience classique, composée de ses collègues et amis. Il devient viral sur les réseaux sociaux.

Le film est partagé à un écologue, Pierre Rigaux, militant écologiste et animaliste aux 61 000 abonnés sur Instagram. L’homme repartage la vidéo sur son compte. Il la définit comme « insoutenable. » C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il affirme avoir porté plainte ce matin du 7 décembre auprès du tribunal judiciaire de Châlons-en-Champagne. Le parquet a cependant indiqué ne pas encore avoir été destinataire de sa requête pour « acte de cruauté », portée par Nos Viventia, l’association de l’activiste.

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Ce qui choque ce dernier dans la vidéo, c’est la présence de l’enfant et l’acte qu’il est amené à exécuter. « Il n’a pas l’air d’être âgé de plus de 10 ou 12 ans. On le voit, il n’est pas du tout à l’aise à l’idée d’aller abattre cet animal. Il tremble, il trébuche, s’inquiète-t-il. C’est un cas de chasse tout à fait classique mais le fait que la scène se déroule sous les yeux d’un enfant questionne. » Pierre Rigaux a ainsi réalisé un signalement, via son association, auprès de la cellule de recueil des informations préoccupantes du conseil départemental, qui recense les actes de maltraitance impliquant des mineurs.

Le naturaliste poursuit : « Quand on est parent, on ne peut pas laisser un enfant avec un couteau dans les mains, comme ça, sur un terrain plein de ronces. Il n’est pas en sécurité. »

Guillaume, le chasseur visé par ces signalements, déplore cette situation. « On me traite de tueur ou on dit que j’apprends à tuer. Je refuse ces accusations. Les faits sont sortis de leur contexte, j’aime les animaux », assure l’agriculteur du Vitryat. L’homme met en avant ses origines rurales et les us qui les accompagnent. « Ici, chasser c’est la tradition. Ce couteau a d’ailleurs été offert à mon fils par son grand-père. Il me le disait lui-même : Papa, je voudrais prélever mon premier sanglier ”. Alors on l’a fait et pas pour le plaisir, mais aussi pour le bien de l’animal », affirme le Marnais. Selon lui, le sanglier était pris par les chiens, acculé et blessé, l’achever était donc essentiel pour ne pas le faire souffrir davantage.

Une plainte pour alerter

Un aspect encadré par la loi, reconnu par Pierre Rigaux. Celui-ci détaille : « Rien n’interdit à ce monsieur d’emmener son enfant à la chasse. Rien ne lui interdit non plus de faire exécuter cet acte à son enfant. Vu son âge, il n’a pas le droit de chasser, mais il a le droit d’aller à la chasse et de tuer le sanglier car ça, c’est considéré par la réglementation de la chasse comme le fait d’achever un animal blessé ou aux abois. Il n’y a pas d’âge minimum pour cela. »

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C’est donc par l’angle de la durée de l’acte, car « le chasseur pourrait achever le sanglier plus rapidement s’il le faisait lui-même », que l’écologue interpelle la justice. Il considère également que la position maintenue du gibier pose question. « On attaque sur la base du code pénal, car il définit la notion d’acte de cruauté ou de sévice grave infligé sur les animaux seulement pour ceux tenus en captivité », ce qui est le cas selon lui sur la vidéo. L’association espère ainsi faire pencher la balance de son côté, tout en émettant des doutes sur l’aboutissement de sa plainte. « En France, il y a des jurisprudences qui vont dans les deux sens. Dans tous les cas, on aura alerté », poursuit l’homme.

Dans ce cadre, le chasseur, qui a accompagné son fils dans son geste, maintient ne pas avoir mal agi. Il le martèle : « J’assume jusqu’au bout. » Il a cependant, depuis, retiré la vidéo de ses réseaux sociaux, à la demande de la fédération de chasse de la Marne qui s’est emparée du dossier.

*Prénom d’emprunt en raison de la minorité de l’enfant dont l’identité doit être protégée.

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