Accéder au contenu principal
REPORTAGE

Des Iraniens réfugiés en Irak témoignent de la répression dans leur pays

En Iran, les opposants au régime ont compté dimanche 11 décembre plus de 485 victimes du régime depuis le décès de Mahsa Amini, il y a près de trois mois, et plus de 18 000 manifestants arrêtés. La moitié en seraient kurdes. Ceux-ci font parfois le choix de l’exil, notamment en Irak, où la frontière est ouverte pour fuir cette répression. Rencontre avec deux réfugiés iraniens dans la ville de Souleymane, à 40 kilomètres de la frontière iranienne.

La ville irakienne de Souleymane, très proche de la frontière iranienne, est devenue un refuge à des Kurdes voulant fuir le régime de Téhéran. Ici, des travailleurs iraniens attendent la proposition d'un travail à la Place des travailleurs, devant la Grande mosquée de la ville, le 5 octobre 2022.
La ville irakienne de Souleymane, très proche de la frontière iranienne, est devenue un refuge à des Kurdes voulant fuir le régime de Téhéran. Ici, des travailleurs iraniens attendent la proposition d'un travail à la Place des travailleurs, devant la Grande mosquée de la ville, le 5 octobre 2022. © Shwan Mohammed / AFP
Publicité

Avec notre envoyé spécial à Souleymane, Théo Renaudon

Dans un garage en périphérie de la ville, Salham est en train de faire son métier : il est mécanicien. Pourtant, il y a encore quelques jours, il manifestait pour la première fois de l'autre côté de la frontière en Iran. 

« J’étais dans une manifestation il y a dix jours. La nuit qui a suivi, les forces gouvernementales sont venues me chercher chez moi, à deux heures du matin.  Ensuite, ils m’ont mis en prison. Les gardes m’ont frappé. J’ai encore un énorme bleu aujourd’hui sur l’épaule droite. Ils me demandaient pourquoi j’étais dans les manifestations. Je leur disais que je n’avais rien fait d’illégal ! Qu’ils n’avaient qu’à regarder les images de vidéosurveillance : j’étais simplement présent », explique-t-il.

Après huit jours, sa famille paye une caution avec le titre de propriété de sa maison. Il est libre, mais avec cet avertissement : plus de manifestation, sinon, c’est la peine de mort.

« Une fois sorti de la prison, j’étais effrayé. Je ne pouvais plus rester dans ce pays. Je suis allé dans une ville, proche de la frontière. Arrivé sur place, je me suis rendu compte que j’avais été suivi par les services secrets. J’ai passé une nuit là-bas avant de mettre le cap sur l’Irak. Arrivé à Souleymane, j’ai pris une chambre dans un motel et j’ai commencé à chercher du travail pour pouvoir survivre. Ce garage cherchait d’un mécano, j’ai fait un essai et ils m’ont gardé », poursuit-il.

« En Iran, j’ai vu beaucoup de morts »

Salham devra retourner en Iran dans 30 jours pour renouveler son visa Irakien. De son côté, Erdelan, un autre réfugié, promet qu’il ne retournera pas en Iran avant la chute du régime, et il se dit persuadé que ce n’est qu’une question de temps.

Les vidéos des manifestations iraniennes défilent sur son téléphone. « En Iran, j’ai vu beaucoup de morts. L’image qui me reste en tête, c’est ce chauffeur de taxi qui s’est fait tirer dessus par la police alors qu’il rentrait dans sa voiture. Tout ça parce qu’il avait manifesté et qu’en voyant la police, il a décidé de fuir », témoigne-t-il.

Cet Iranien de 41 ans a pris part aux manifestations à la mort de Mahsa Amini avant de fuir son pays :

En ce moment en Iran, t’as trois options : soit tu manifestes et tu risques ta vie, soit tu travailles pour le gouvernement, soit tu quittes le pays. Personnellement, c’est ce dernier choix que j’ai fait. J’habitais avec mes parents et mes sœurs. Dès le début des protestations, la situation était très tendue. Quand mon cousin s’est fait arrêter, ça a été le déclic. On a décidé de partir pour l’Irak. Je suis venu avec mes parents et l’une de mes sœurs. Mais mon autre sœur a décidé de rester avec ses enfants. Quand je suis au téléphone avec elle, je choisis bien mes mots, je ne peux pas parler librement. Je sais que le régime a des oreilles partout. Impossible de savoir qui nous écoute vraiment

01:19

Un chauffeur routier iranien réfugié au Kurdistan irakien témoigne

Théo Renaudon

►À lire aussi : En Iran, la peine de mort reste l'ultime outil de répression

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.