En février 2022, la Syrie a annoncé l’attribution d’une troisième licence de téléphonie mobile à Wafa Telecom, “une société peu connue”, écrit le site Daraj, présentée comme une compagnie locale par le régime de Bachar El-Assad.

“En réalité, non seulement les investisseurs étrangers constituent la majorité des actionnaires de Wafa ; mais de plus, ces investisseurs ont de nombreux liens avec […] les Gardiens de la révolution [armée idéologique en Iran].”

C’est ce que révèle une enquête publiée vendredi 9 décembre par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et l’Observatory of Political and Economic Networks (Open) sur Wafa Telecom, détenue en partie par une société domiciliée en Malaisie, “récemment devenue une destination privilégiée pour les agents d’approvisionnement iraniens qui cherchent à échapper aux sanctions américaines”.

Comme l’explique Daraj, Téhéran, principal soutien économique et militaire de Damas avec Moscou, “a manifesté son intérêt pour le secteur des télécommunications” syrien “au cours des dernières années”.

L’incontournable Yassar Ibrahim

Parmi les autres actionnaires de Wafa, on retrouve également le conseiller économique de Bachar El-Assad, Yassar Ibrahim. Âgé de 39 ans, il est considéré comme le nouveau magnat des télécoms syriens et est soumis à des sanctions américaines, européennes et britanniques pour son “rôle comme agent financier d’Assad”, indique le titre panarabe établi à Beyrouth.

Yassar Ibrahim “remplace” le cousin d’Assad, Rami Makhlouf, tombé en disgrâce ces dernières années et mis à l’écart par le président syrien.

Makhlouf était le patron de Syriatel, l’un des deux opérateurs mobiles historiques de Syrie, avec MTN Syria. En 2020, l’État décide de geler les avoirs des deux opérateurs, qui avaient refusé de payer des millions de dollars d’arriérés d’impôts et de taxes que réclamaient Damas, et les restructurent au profit de proches du couple présidentiel, dont Yassar Ibrahim.

Malgré les ravages économiques du conflit, le secteur des télécoms reste lucratif. En 2021, Syriatel et MTN Syria ont reversé 130 milliards de livres syriennes aux caisses de l’État, soit l’équivalent de 37 millions de dollars. Une somme non négligeable dans un pays en ruine et où la valeur de la monnaie locale ne cesse de se déprécier.