Standard & Poor's décerne les encouragements à François Hollande

L'agence de notation salue la politique pro-entreprises accentuée par le pacte de responsabilité. Mais met en garde contre une dérive des finances publiques.

Par

François Hollande peut souffler, il y a moins d'une chance sur trois pour que S&P révise sa note avant deux ans.
François Hollande peut souffler, il y a moins d'une chance sur trois pour que S&P révise sa note avant deux ans. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Le contraste est saisissant. En novembre 2013, Standard & Poor's dégradait la note de la France, pour la seconde fois depuis le début de la crise, à AA contre AA + auparavant. L'agence de notation américaine soulignait que les projets du gouvernement de Jean-Marc Ayrault pour réformer le marché du travail, celui des biens et des services, ainsi que la fiscalité, n'étaient pas suffisants pour augmenter substantiellement le potentiel de croissance du pays. Elle s'alarmait de voir que le haut niveau de chômage affaiblissait le soutien à d'éventuelles réformes structurelles. Et elle prévoyait que la réduction du déficit serait rendue encore plus difficile par l'affaiblissement de la capacité de l'exécutif à augmenter encore les impôts ou à baisser significativement les dépenses.

La newsletter Économie

Tous les jeudis à 17h

Recevez le meilleur de l’actualité économique.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Cinq mois plus tard, le bulletin est beaucoup plus positif. Certes, S&P est loin de remonter la note de la France. Elle ne fait que la confirmer, avec une perspective stable. Mais l'étape que François Hollande a amorcée avec son pacte de responsabilité a visiblement trouvé grâce aux yeux des analystes de l'agence. "Le gouvernement s'est tourné vers des politiques de réduction du coût du travail et de la fiscalité des entreprises pour améliorer la compétitivité du pays", souligne-t-elle d'emblée dans son analyse.

Des efforts à concrétiser

Autre signe de bonne volonté à mettre au crédit de l'exécutif, les fameux 50 milliards de baisse des dépenses, en rupture avec la consolidation budgétaire fondée jusque-là sur des augmentations d'impôts. Standard & Poor's estime que l'annonce simultanée d'une réduction progressive de prélèvements sur les entreprises exercera une pression sur le gouvernement pour tenir ses engagements en la matière.

L'agence salue l'engagement de l'exécutif à mener des réformes structurelles en faveur des entreprises, à s'attaquer aux normes administratives, à augmenter le soutien aux PME ainsi que sa volonté affichée de diminuer les obligations liées aux franchissements des seuils sociaux dans les entreprises. Mais S&P jugera sur les résultats : "Reste à savoir si ces efforts - couplés à la stimulation de la concurrence dans certains secteurs de services - seront suffisants pour augmenter la compétitivité des entreprises et permettre aux PME de croître."

Un élève toujours en difficulté

Malgré les bonnes intentions, la situation reste en effet délicate. Comme le Haut Conseil des finances publiques, S&P doute encore d'une réduction du chômage. "Les mesures introduites depuis 2013 pour baisser le coût du travail - et qui sont sur le point d'être renforcées par le pacte de responsabilité annoncé tôt cette année - pourraient ne pas être suffisantes pour alimenter la hausse de l'emploi."

L'agence se montre aussi beaucoup moins optimiste que le gouvernement sur la croissance. L'activité ne devrait pas croître de plus de 1,3 % en moyenne de 2014 à 2017, alors que le gouvernement espère 1 % cette année, 1,7 % dès 2015, puis un bond encore plus spectaculaire à 2,25 % à partir de 2016. Une dernière hypothèse jugée "optimiste" par le Haut Conseil des finances publiques chargé de donner son avis sur le sérieux de ces prévisions. Le résultat serait d'autant plus insatisfaisant que la croissance anticipée par S&P serait plus due à une reprise "cyclique" qu'aux efforts entrepris pour redresser l'économie française...

Une réduction du déficit moins élevée qu'annoncée

Résultat, la réduction du déficit devrait prendre beaucoup plus de temps que prévu par Manuel Valls. Celui-ci devrait encore atteindre 3,8 % de la richesse annuelle créée à la fin de l'année, en ligne avec la nouvelle hypothèse du gouvernement, mais se réduirait ensuite beaucoup moins rapidement. Le retour à 3 % du PIB requis par le pacte de stabilité et de croissance ne serait effectif qu'en 2016, un an après la recommandation européenne de 2013. L'année de la fin du quinquennat de François Hollande, le trou entre les recettes et les dépenses serait encore de 2,7 %. Et la dette atteindrait son sommet à 95,5 % du PIB. À moins que l'engagement du gouvernement à la réduire ne faiblisse sous la pression électorale, ce qui serait une raison pour S&P de dégrader à nouveau la note française. À bon entendeur...


À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (92)

  • cos69

    Il aura fallu deux ans pour que l'ennemi de la finance se plie aux nécessités économiques. Que de temps et d'argent perdus !

  • gust901

    Combien cela va encore couter aux contribuables en plus des 50 milliards, pour faire remonter vos sondages ?.

  • gust901

    C’est le peuple qui souffre et c'est lui qu'on encourage et demain on serre encore d'un cran.