ReportageVoici la crèche qui augmente le QI des enfants de 70 %

Voici la crèche qui augmente le niveau de langage des enfants de 70 %

ReportageA Levallois-Perret, la crèche de la société Cap enfants utilise la musique et les sons pour le développement des enfants
La « bulle musicale » de Cap enfants dans la crèche de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
La « bulle musicale » de Cap enfants dans la crèche de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). - Aude Lorriaux / 20 Minutes
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

L'essentiel

  • 20 Minutes a visité la crèche d’entreprise de la société Cap enfants, dotée d’une bulle musicale, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
  • Ce dispositif qui associe images et sons permet aux enfants de mieux intégrer des nouveaux mots, et les prépare aussi à apprendre des langues étrangères.
  • Ce projet doit beaucoup à la personnalité de sa fondatrice, mi-autrichienne mi-française, qui dit avoir eu à cœur de « planter une graine de tolérance » chez ces enfants.

EDIT : Nous avions titré au départ « Voici la crèche qui augmente le QI des enfants de 70 % » or c’était une incompréhension de notre part, c’est le niveau de langage qui est augmenté seulement de 70 %, et non le quotient intellectuel dans sa globalité.

« C’est un son de bateau ! », s’écrie Ntima, deux ans et demi, et déjà un vocabulaire fourni. Tout plein de joie et d’énergie, le petit garçon saute sur un crocodile en peluche, avant de retourner appuyer sur l’un des boutons de la « bulle musicale ». Nous voici à la crèche de la société Cap Enfants, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), qui mise beaucoup sur la musique, les sons et l’éveil des sens en général pour le développement des bambins, notamment grâce à sa demi-sphère pleine de sons.

Toute bleue et ronde comme un igloo, la bulle musicale offre une très large palette de cris d’animaux, de musiques et de sons du quotidien, le tout accompagné d’un imagier numérique qui permet aux enfants d’associer sons et formes et de poser des mots plus facilement dessus. Ce matin, on voyage dans un pays exotique, avec des gazelles et crocodiles mais la bulle génère aussi des sons spécifiquement associés à ce pays, et notamment des langues étrangères. « Tous les mois, les enfants apprennent une chanson d’un pays étranger. Le but c’est de s’approprier des sonorités qu’ils n’entendent pas au quotidien. Le cerveau va mettre en mémoire ces fréquences pour les utiliser plus tard dans l’apprentissage des langues étrangères », explique Ruth Jornod, musicologue et responsable de la pédagogie musicale des crèches Cap enfants.

« Lutter contre le déterminisme social »

A ces voyages sonores sont associées d’autres types d’activités, comme l’élaboration de recettes issues de ces pays ou des objets à manipuler : « Quand on fait l’Egypte, on leur fait toucher du sable », complète Claudia Kespy-Yahi, la fondatrice de ces crèches innovantes, également autrice du livre Petite enfance : de la musique avant toute chose. Ou comme aujourd’hui sentir des odeurs de… chameau.

Et ça marche, une cinquantaine d’enfants de ces crèches multisensorielles ont été testés à l’issue de leur expérience en crèche par un docteur en psychologie et un directeur de recherche émérite de l’Inserm, qui les ont comparés à un groupe de contrôle de 20 enfants d’une crèche lambda. Alors que le niveau de langage moyen d’un enfant de cet âge est situé à 10, ces enfants avaient en moyenne une note égale à 17, soit 70 % de plus que la moyenne nationale. Et surtout, des différences entre enfants moins importantes que ceux des autres crèches, selon Claudia Kespy-Yahi. Au total, l’expérience a fait ressortir un vocabulaire plus riche, des capacités logiques améliorées et une meilleure concentration.

« Ils vont rattraper le retard qu’ils auraient eu s’ils étaient restés dans leur environnement classique, grâce à la bulle et surtout aux interactions qu’elle suscite. C’est une façon de lutter contre le déterminisme social », se félicite Claudia Kespy-Yahi, fière d’avoir dans ses crèches un mix entre CSP + et milieux pauvres, la plupart des neuf crèches de Cap enfants étant éligibles à la Prestation de service unique (PSU), qui permet d’avoir un tarif réduit.

« Une oreille universelle à la naissance »

Car ce projet doit beaucoup à la personnalité de sa fondatrice, mi-autrichienne mi-française, qui dit avoir eu à cœur de « planter une graine de tolérance » chez ces enfants. Claudia Kespy-Yahi n’est pourtant pas issue du monde de la petite enfance : elle a d’abord travaillé dans la grande distribution et a fait de l’humanitaire, avant d’avoir ses enfants, « un facteur déclenchant ». « J’ai découvert le monde des crèches, que j’ai trouvé pas très gai. J’apportais des CD de musique pour amener de la joie de vivre », se souvient-elle.

Une fois plongée dans la recherche sur l’effet de la musique sur les enfants, et après avoir digéré une centaine d’articles universitaires, cette passionnée de savoirs réalise que « nous naissons avec une oreille universelle à la naissance ». « Mais cela se restreint très vite, à 6 mois l’enfant se spécialise, et à 18 mois il y a déjà des différences entre des enfants issus de milieux pauvres au niveau sonore et les autres », observe-t-elle.

Crèches municipales, hôpitaux se dotent de la bulle

C’est ce constat qui l’amène à travailler, après un Master of Business Administration (MBA), sur sa bulle musicale, au départ réalisée artisanalement en 2006 par un atelier qui fabriquait les décors de Noël pour les Galeries Lafayette ou Le Printemps, et aujourd’hui conçue avec une coque en résine alimentaire et prête à être fabriquée à grande échelle.

La bulle musicale aujourd’hui s’exporte à l’étranger et enthousiasme. Les mairies d’Evry, de Boulogne, de Gennevilliers en ont acheté pour leurs établissements dédiés à la petite enfance. Des centres de loisirs, des écoles maternelles en sont pourvus et un hôpital a déjà montré son intérêt pour ses petits patients et patientes atteintes de cancer. Une bulle musicale a aussi été présentée par la Cité des sciences pour son festival Cité des sens.

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