Covid long : les patients demandent 500 millions d’euros à l’UE pour la recherche

En Europe, 17 millions de personnes sont atteintes de Covid long, selon l'OMS. [Anucha Naisuntorn/Shutterstock]

Alors que de nouvelles données de la Commission européenne suggèrent que jusqu’à une personne sur huit souffre du Covid long en Europe, les malades réclament plus de moyens financiers pour faire avancer la recherche scientifique.

Lors d’un évènement en ligne organisé mardi (13 décembre) par la DG SANTE de la Commission européenne, scientifiques, décideurs politiques, et patients européens et américains ont discuté des perspectives de traitement pour soigner le Covid long.

17 millions de personnes souffrent de Covid long en Europe, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié le 13 septembre 2022. Pour l’heure, il n’existe aucun traitement pour soigner la maladie.

« Sans traitement, les patients ne vont jamais guérir », a alerté Anne Li, de l’association de patients Long Covid Europe (LCE), elle-même atteinte de la maladie.

C’est pourquoi LCE demande à la Commission européenne de mettre 500 millions d’euros sur la table pour financer la recherche et des essais cliniques, face à un « manque sévère de moyens financiers ».

D’autant que réaliser des essais cliniques permettrait d’inclure les patients, « une importance vitale », pour faire avancer la recherche scientifique selon Anne Li.

Pour rappel, en mars 2021 les Etats-Unis ont alloué un milliard de dollars dans la recherche sur la maladie post-infection.

Il n’y a pas de définition standard pour décrire le Covid long, a rappelé la commissaire à la Santé Sandra Gallina lors de l’évènement. On considère qu’une personne est atteinte de Covid long lorsqu’elle présente des symptômes de la maladie pendant plus de trois mois après avoir été testée positive.

« Les symptômes peuvent varier d’une personne à l’autre ou s’aggraver », a confirmé Mme Li.

Parmi les symptômes les plus fréquemment évoqués par les malades : épuisement, essoufflement, malaises post effort, douleurs…

« Nous ne pouvons pas abandonner nos patients et leur dire de rentrer chez eux », a déclaré Peter Piot, conseiller spécial à la Commission européenne. D’où l’importance de financer la recherche et les essais cliniques.

Si M. Piot s’est dit « confiant » que la recherche scientifique pourrait aider à comprendre la maladie, il a cependant reconnu que le Covid long « reste à être pleinement documenté. Cela peut arriver à n’importe qui, à n’importe quel âge. »

Covid long : la France poursuit ses recherches, l'UE recommande aux malades de ne pas travailler à plus de 70% de leur capacité

En France, la nouvelle ministre de la Santé Brigitte Bourguignon continuera la lutte contre le Covid long. De son côté, Bruxelles recommande aux malades de travailler à temps partiel sans quoi le risque de rechute de la maladie serait inévitable.

Travailler à 70 % de ses capacités

Anne Li a également rappelé à quel point le Covid long affectait les personnes malades dans leur vie professionnelle.

En mai dernier, l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) s’était emparée du sujet et avait établi une série de recommandations à destination des personnes souffrant de Covid long.

L’Agence préconisait notamment aux malades de ne pas travailler à plus de 70 % de leur capacité de travail car « la fatigue peut provoquer des rechutes et retarder davantage la guérison ».

« Ceci suggère la nécessité d’une politique spécifique au sein des entreprises, ou du moins une reconnaissance explicite de la maladie du Covid long dans les politiques existantes en matière d’arrêt maladie », précisait encore l’agence européenne.

À cela s’ajoutait la nécessité d’allonger les délais qui permettent d’obtenir un congé maladie, en raison de la récupération qui « peut être très lente à cause de la fatigue ou d’autres symptômes », pouvait-on lire dans la publication.

Pour une recherche scientifique efficace, le conseiller spécial de la Commission souhaite engager tous les acteurs compétents dont la DG SANTE, les syndicats des travailleurs, les acteurs de la protection sociale mais aussi HERA, la nouvelle agence sanitaire de l’UE.

« Nous ne partons pas de zéro, mais nous pouvons faire plus et mieux », a-t-il reconnu.

« En tant que patients, nous n’avons pas de temps à perdre. Des millions de personnes vous demandent d’agir maintenant », a conclu Anne Li.

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