BFMTV
Cinéma

"Quand c’est en Afrique vous êtes moins atteints?": Omar Sy interpelle les Français sur leur perception des guerres

Omar Sy lors d'une avant-première à Hollywood (États-Unis), le 13 février 2020.

Omar Sy lors d'une avant-première à Hollywood (États-Unis), le 13 février 2020. - Frederic J. Brown - AFP

Omar Sy, héros d'un film sur les tirailleurs sénégalais pendant la Première Guerre mondiale, s'étonne dans Le Parisien que les Français se sentent plus touchés par la guerre en Ukraine que par d'autres conflits plus lointains.

Le film Tirailleurs sort en salles ce mercredi 4 janvier, abordant un aspect mal connu de la Première Guerre mondiale, la participation des tirailleurs sénégalais dans le conflit. Omar Sy y incarne un père enrôlé dans l'armée française en 1917, pour rejoindre son fils de 17 ans, recruté de force.

Dans une interview au Parisien, publiée ce dimanche, l'acteur évoque le destin de ces tirailleurs sénégalais, dont il ignorait tout avant de rencontrer le réalisateur Mathieu Vadepied, il y a dix ans, sur le tournage d'Intouchables.

"Ces récits-là vont sortir de sous le tapis"

Heureux que le film 'Tirailleurs' "apaise" et aille "vers la réconciliation", l'acteur qui vit aujourd'hui aux États-Unis estime qu'aujourd'hui, les choses bougent enfin. "Ces récits-là vont sortir de sous le tapis".

"Il faut accepter le récit des autres. Un récit ne contredit pas l’autre, ne l’annule pas, ne le nie pas. C’est l’addition de tous ces récits qui fait notre histoire commune".

On estime que les 180.000 tirailleurs sénégalais engagés dans la guerre de 14-18, 30.000 ont été tués.

"C'est l'humanité qui sombre"

Interrogé sur une guerre plus proche, celle qui ravage l'Ukraine, Omar Sy s'étonne que les gens se sentent plus touchés par ce conflit que par ceux qui se déroulent en Afrique.

"Je suis surpris que les gens soient si atteints. Ça veut dire que quand c’est en Afrique vous êtes moins atteints?"

"Moi, je me sens menacé de la même manière quand c’est en Iran, ou en Ukraine", assure-t-il. "Une guerre, c’est l’humanité qui sombre, même quand c’est à l’autre bout du monde", souligne-t-il.

"Quand c’est loin, on se dit que 'là-bas, ce sont des sauvages, nous, on ne fait plus ça'. Comme le Covid, au début, on a dit: 'c’est que les Chinois'".

"On se rappelle que l’homme est capable d’envahir, d’attaquer des civils, des enfants. On a l’impression qu’il faut attendre l’Ukraine pour s’en rendre compte", ajoute-t-il.

Magali Rangin