Accueil Lille

Collèges et lycées visés par des alertes à la bombe dans la région : ce que l’on sait

Lundi, le lycée Baggio de Lille était évacué après des menaces envoyées sur le compte ENT d’un élève. Ce mardi matin, même opération dans deux établissements de Carvin. Le lycée Valentine-Labbé à La Madeleine a été victime de la même mésaventure. À Lille, le lycéen interpellé a été libéré. Au total, une vingtaine d’établissements ont été touchés en France.

Temps de lecture: 5 min

1. Six établissements visés depuis la mi-décembre dans la région

Lundi, en milieu d’après-midi, un message particulièrement inquiétant a été découvert sur l’Environnement numérique de Travail (ENT) d’un élève du lycée Baggio à Lille, cette plateforme reliant les enseignants, parents et lycéens. L’auteur du texte indiquait que du « C4 » (1) avait été posé un peu partout dans l’établissement, qu’il comptait faire « exploser » ce mardi matin, jour de rentrée. Ces menaces avaient entraîné une évacuation et une fouille complète du lycée. Sans y découvrir d’engin dangereux.

Ce même lundi, en début de soirée, un message identique est apparu sur l’ENT d’un autre élève du lycée Valentine-Labbé à La Madeleine, entraînant aussi un lever de doute par les démineurs. Puis, ce mardi matin, même scénario cette fois à Carvin, déclenchant une évacuation temporaire en pleine rentrée du collège Rousseau et du lycée Diderot.

Une fois les vérifications effectuées, les quatre établissements ont pu rouvrir normalement leurs portes. Et l’on apprenait ce mardi que deux autres auraient été visés le 17 décembre  : le collège Jean-Jaurès à Lens (mais avec des menaces formulées différemment) et le lycée Henri Darras à Liévin. Les deux établissements ont normalement retrouvé leurs élèves ce mardi.

Selon le ministère de l’Education nationale « une vingtaine d’établissements (collèges et lycées) ont été concernés en France métropolitaine par ces messages porteurs de menaces d’attentat, principalement dans l’académie de Lille, et dans une moindre mesure dans celles de Créteil, Grenoble, Versailles, Normandie et Lyon ». « Ces messages ont été repérés par des parents sur WhatsApp, Snapchat ou sur des ENT », a-t-on ajouté.

2. Au lycée Baggio, « Ce n’est jamais plaisant une rentrée comme ça »

Contacté hier, Abdelaziz Kissany, proviseur du lycée Baggio à Lille, revient sur l’après-midi de lundi. « Vers 15 h 30, des messages menaçants sont arrivés sur l’ENT. Automatiquement, j’ai mis en place la procédure et la police a réagi sur le champ, avec des démineurs.

La première chose que la police a vérifié, c’est l’internat. Heureusement, quand les élèves sont arrivés à 19 h 30 - 20 h, c’était réglé.

Ce n’est jamais plaisant de faire une rentrée comme ça. De 15 h à 21 h 30, il a fallu rassurer tout le monde : il y a les parents, les élèves, les réseaux sociaux. J’ai envoyé un message pour assurer que les cours reprendraient normalement. Mais il y a toujours des gens qui posent des questions jusque 22 h. J’ai eu quelques absents aujourd’hui. »

3. Un lycéen lillois interpellé puis relâché

Lundi soir, à Lille, les policiers avaient interpellé un suspect de 17 ans, élève au lycée Baggio, détenteur du compte où avaient été postées les menaces. Entendu, il a été relâché, indique ce mardi en fin d’après-midi le parquet de Lille. Ce dernier précise que l’adolescent a « vraisemblablement été victime d’une usurpation d’identité ». Son compte ENT aurait été utilisé par un autre.

Une enquête a été ouverte par la police judiciaire de Lille. Le parquet de Lille indique que « des investigations techniques se poursuivent et des rapprochements sont en cours avec d’autres affaires similaires. »

4. Le rectorat appelle à « informer les services de police », la Région dépose plainte

Ce mardi midi, le Rectorat de Lille a confirmé les alertes déclenchées à Lille, La Madeleine et Carvin, rappelant que les différents établissements avaient repris une activité normale une fois les vérifications achevées. En cas de nouvelle menace, « la consigne est d’informer en priorité les services de police », souligne le Rectorat, précisant « on n’a pas pris l’affaire à la légère et accompagné les enseignants en leur préconisant de surveiller leur ENT ». Un message que nous avons pu consulter a été envoyé aux établissements, évoquant la possibilité d’une «  cyberattaque  » sous la forme de «  de menaces d’attentat via l’ENT  ».

Le conseil régional des Hauts-de-France annonce, de son côté, qu’il va déposer plainte. L’ENT Hauts-de-France est géré par les services de la Région. Déployé depuis la rentrée 2019 de la maternelle au lycée, il compte près d’un million d’utilisateurs.

5. « Cyberattaque ou blague potache ?

Contacté mardi après-midi, Arnaud Albou, cofondateur d’Open digital éducation, le prestataire qui fournit l’ENT, balaye l’idée d’un piratage organisé. « J’insiste, ce n’est pas une cyberattaque, assure-t-il. C’est un message de menace très inapproprié émis par un élève et relayé sur les réseaux sociaux. La police est saisie. L’enquête devra dire qui est l’auteur de ce message et si oui ou non son compte a été usurpé. »

Et d’ajouter : « C’est un message commis par un élève, probablement reproduit et renvoyé par d’autres élèves qui l’ont trouvé sur des réseaux sociaux type discord ou Snapchat. » Il ajoute que « ce n’est malheureusement pas exceptionnel que des messages inappropriés soient envoyés par les élèves. » Des petits malins qui trouvent drôle d’adresser des mots d’insultes à leur professeur à partir du compte de leur camarade resté ouvert.

« Il faut éduquer les élèves à la façon dont ils protègent leur compte. Dans ces plateformes qui servent à communiquer, l’objectif est aussi de leur apprendre à se servir de manière confidentielle des données. Ils en mesurent les conséquences quand c’est mal enregistré ou mal sécurisé. »

(1) Explosif

Lire aussi
Collection de liens

A lire aussi

Voir plus d'articles