François Hollande jugé «pas assez à gauche»

SONDAGE. Selon l'enquête BVA pour i>télé et «Le Parisien - Aujourd'hui en France», une majorité des électeurs de gauche critiquent le positionnement politique du chef de l'Etat.

François Hollande jugé «pas assez à gauche»

    COMME UN Ã?CHO au déplacement de Carmaux (Tarn). Mercredi, dans la ville de Jaurès qui a voté à 70â??% pour lui en 2012, François Hollande a pu entendre les déceptions de ses électeurs. Aujourd'hui, le sondage BVA pour i>télé et «Le Parisien - Aujourd'hui en France» confirme que les sympathisants de gauche se retrouvent de moins en moins dans sa politique.

    Ils sont 56â??% à estimer qu'il « n'est pas assez à gauche ». Ils n'étaient que 40â??% à le penser en novembre 2012. La moitié d'entre eux (55â??%) trouvaient Hollande « juste comme il faut », ils ne sont plus que 36â??% à avoir cette opinion. Même évolution chez l'ensemble des Français, puisqu'un tiers d'entre eux ne le trouvent « pas assez à gauche » (34â??%, soit dix points de plus qu'en 2012).

    Le Premier ministre est également concerné. Si une majorité le trouve encore « comme il faut », ils sont 17â??% de moins à le penser qu'il y a sept mois. Et aujourd'hui, 30â??% (contre 19â??% en septembre 2013) le jugent « pas assez à gauche ».

    « Le pacte de responsabilité, le vaste plan de 50 Mdsâ?¬ d'économie et sa contestation par une partie de la gauche sont autant d'éléments explicatifs de ce profond changement d'image de François Hollande », analyse Eric Bonnet, directeur des études politiques BVA. « Le président nous a fait faire une révolution qui laisse des traces, c'est un choc idéologique pour beaucoup de nos militants et électeurs, confirme un socialiste. Pour eux, la politique de l'offre, c'est une politique de droite. »

    «La contestation touche le cÅ?ur du groupe PS»

    Ces derniers jours, de nombreux députés PS contestent d'ailleurs le plan d'économies du gouvernement. Certains proches de Martine Aubry, comme Jean-Marc Germain et Christian Paul, ont annoncé qu'ils ne voteraient pas mardi le programme de stabilité. « Où est la justice quand, pour financer la baisse des prélèvements des entreprises, on envisage la baisse du pouvoir d'achat des pensions de retraite, des allocations familiales, des aides au logement et du traitement des fonctionnaires [â?¦]â??? » écrivent-ils dans « Libération ».

    D'autres élus de l'aile gauche font peser la même menace. « Cela va au-delà des frondeurs habituels, renchérit un député qui a pourtant soutenu Hollande dès les primaires. La contestation touche le cÅ?ur du groupe PS. » Les conseillers de Valls multiplient les contacts téléphoniques pour calmer le jeu. Le Premier ministre pourrait, avant mardi, faire des annonces.

    Valls veut avoir le plus de voix possibles de gauche, alors que certains élus de droite comme Frédéric Lefebvre ont annoncé qu'ils voteraient pour ou, comme Jérôme Chartier, proche de François Fillon, qu'ils s'abstiendraient. La vice-présidente du MoDem Marielle de Sarnez a appelé les centristes à ne pas « s'opposer au programme d'économies » : « La gauche, cela a toujours été plus de dépenses, et là c'est le début d'un changement de logiciel », a-t-elle souligné.

    « Des gens de droite qui votent pour le plan Valls, l'aile gauche du PS va exploiter ça, c'est sûr », prévient un socialiste. « Les heures qui nous séparent du vote vont être compliquées », s'inquiète-t-il.