Marc Guillaume, accusé de misogynie par toutes les conseillères de l’Elysée en 2018, vient d’être élevé au rang de commandeur de la Légion d’honneur.
Ceux qui pensent que des carrières d’hommes sont brisées par les accusations de sexisme repasseront : Marc Guillaume devenu préfet d’Île-de-France après avoir été évincé du poste de secrétaire général du gouvernement, est promu commandeur de la Légion d’honneur. Et cette annonce fait bondir les féministes.
Les gros titres de la presse évoquant la nouvelle promotion civile de la Légion d’honneur se concentrent sur l’exceptionnel nombre de personnalités issues du milieu scientifique. Mais les féministes, elles, grincent des dents en relisant un article du Monde (que nous avions cité ici). Cet article révélait une note de 2018 signée par toutes les conseillères de l’Elysée, dénonçant la misogynie quotidienne du secrétaire général qui s’était succédé à lui-même quand Emmanuel Macron a été élu en 2017, avant d’être nommé préfet de région en 2020… Son éviction de l’Elysée avait fait plus de bruit que la nomination de celle qui lui avait succédé à ce poste et qui était pour la première fois une femme.
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Il était reproché à Marc Guillaume des propos sexistes et des discriminations salariales. Les propos allaient de « Vous, vous allez faire carrière grâce à votre décolleté ! » à « C’est rare une femme qui pense… et c’est beau aussi, surtout quand ça porte une jupe » en passant par « Non, je ne prendrai pas de chocolat, chère X… Ça fait longtemps que tu ne m’as pas vu nu, ça se dégrade ! » Des remarques sexistes lancées dans les réunions interministérielles, qui faisaient « s’esclaffer » ses homologues masculins. Ce que l’intéressé a toujours nié. En outre, le secrétaire général du gouvernement décidait des rémunérations des conseillers et conseillères et ces dernières étaient tellement moins bien payées que leurs homologues hommes qu’elles ont dû faire intervenir le président de la République pour réajuster les salaires.
La plus élevée des distinctions nationales françaises récompense au total et, depuis peu « à parité », 340 personnes œuvrant « au service de la nation ». La distinction est répartie en différents grades, par ordre d’importance : chevaliers, officiers, commandeurs. Avoir porté la misogynie au plus haut sommet de l’Etat n’est donc toujours pas un obstacle pour accrocher la Légion d’honneur sur une poitrine.