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Climat : 83% des glaciers disparaîtront si la hausse des températures atteint les 4°C en 2100, selon une étude

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La moitié des glaciers sur Terre, notamment les plus petits d'entre eux, sont condamnés à disparaître d'ici la fin du siècle à cause du changement climatique, révèle une nouvelle étude jeudi. Limiter au maximum le réchauffement de la planète pourrait toutefois permettre de sauver les autres.

Le glacier Grey, glacier du champ de glace Sud de Patagonie, dans le parc national Torres del Paine au Chili, le 26 décembre 2022. Le glacier Grey, glacier du champ de glace Sud de Patagonie, dans le parc national Torres del Paine au Chili, le 26 décembre 2022.
Le glacier Grey, glacier du champ de glace Sud de Patagonie, dans le parc national Torres del Paine au Chili, le 26 décembre 2022. © Maxppp - Javier Martin/EPA/

Une nouvelle étude, menée notamment par des scientifiques du CNRS et de l'université Paul Sabatier Toulouse III et publiée dans la revue Science, alerte sur l'importance d'agir sur les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique, afin de limiter la fonte des quelque 215.000 glaciers du monde et ses conséquences.

La moitié des glaciers du monde condamnés à disparaître

Les chercheurs ont étudié les effets directs sur les glaciers de plusieurs scénario de réchauffement de la planète (+1,5°C, +2°C, +3°C et +4°C). Selon ces travaux, même dans l'hypothèse la plus optimiste (hausse des températures limitée à 1,5°C par rapport à la période pré-industrielle - soit l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris sur le climat), la moitié (49%) des glaciers du monde disparaîtront d'ici 2100. Cela représente environ 26% de la masse totale de glace.

Les glaciers les plus petits, inférieurs à 1 km² et qui représentent la majorité des glaciers de notre planète, seront les premiers touchés"Les régions avec relativement peu de glace, comme les Alpes, le Caucase, les Andes ou l'ouest des États-Unis, perdront presque toute leur glace d'ici la fin du siècle, quel que soit le scénario d'émissions", a expliqué à l'AFP Regine Hock, professeure à l'université d'Oslo et co-auteure de l'étude. "Ces glaciers là sont plus ou moins condamnés."

D'après les chercheurs, le niveau de la mer montera en conséquent d'environ 9 centimètres (une hausse qui s'ajoutera à celle liée par exemple à la fonte des calottes glaciaires).

Hausse importante du niveau de la mer

Mais dans le pire des scenario, "si la hausse des températures atteignait les 4 degrés en 2100, 83% des glaciers seraient amenés à disparaître", préviennent les auteurs de l'étude. Les plus grands glaciers, à l'image de ceux de l'Alaska par exemple, seraient concernés. Au total 41% de la masse totale de glace disparaitrait, provoquant une hausse du niveau de la mer de 15 centimètres.

"Cela peut ne pas paraître beaucoup, de 9 cm jusqu'à 15 cm" d'élévation, a précisé à l'AFP Regine Hock, qui a dédié sa carrière à l'étude des glaciers. Mais ces niveaux sont une "grande source d'inquiétude", car plus ils sont hauts, plus ils entraîneront des inondations importantes en cas de tempêtes, et donc "beaucoup plus de dommages".

C'est d'ailleurs déjà le cas, le niveau de la mer ayant déjà augmenté (environ 3mm chaque année).

Pour le moment, le monde se dirige vers un réchauffement de 2,7°C, ce qui entraînerait une déglaciation presque complète en Europe centrale, dans l'Ouest du Canada et des États-Unis, ou encore en Nouvelle-Zélande.

Projections alarmantes

Ces projections, qui sont plus alarmantes que celles utilisées actuellement par les experts du climat de l'ONU (Giec), ont été rendues possibles grâce à de toutes nouvelles données sur les variations de masse de chaque glacier dans le monde ces dernières décennies. Ces données ont permis de mieux calibrer le modèle mathématique utilisé pour anticiper l'avenir.

Celui-ci a également pris en compte des processus n'ayant pas été intégrés à de précédentes études, comme l'effet de la couverture des glaciers par des débris (roche...), ou du détachement d'icebergs dans la mer à partir de certains glaciers (vêlage).

Les glaciers étudiés ne représentent que "1% de toute la glace sur Terre", mais ils sont "bien plus sensibles" que d'autres étendues de glace, car souvent situés dans des régions où les températures sont plus proches du point de fonte. Ils ont ainsi "contribué à la hausse du niveau de la mer quasiment autant que les calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique prises ensemble ces trois dernières décennies", souligne Regine Hock.

Menace sur les ressources en eau

La disparition de glaciers aura également des conséquences sur les ressources en eau alerte la chercheuse. Ils représentent un réservoir important pour environ deux milliards de personnes. "En été, dans beaucoup de régions, il fait chaud et sec, et les glaciers compensent cette perte d'eau". Et leur perte "ne va pas seulement changer la saisonnalité, (...) il y aura aussi moins d'eau au total."

La circulation des bateaux sur des rivières plus basses, ou encore le tourisme autour de ces petits glaciers qui sont justement les plus accessibles, seront également affectés.

Mesures urgentes

"Les pertes de masse des plus grands glaciers, comme ceux d'Alaska, de l'Arctique canadien ou autour de l'Antarctique - clefs pour la montée future du niveau des mers - pourraient encore être limitées avec la mise en place de mesures pour contenir l'augmentation des températures", avance cependant l'étude.

"Je pense qu'il y a une petite lueur d'espoir et un message positif dans notre étude, car elle nous dit que nous pouvons faire la différence, que les actions comptent", a déclaré à l'AFP Regine Hock, co-auteure de l'étude. Limiter la catastrophe est encore possible, selon elle. Mais "quant à savoir si cela arrivera, cela dépend des décideurs politiques."

Ce n'est pas la première fois que des scientifiques alertent sur les risques de disparition des glaciers à cause du réchauffement climatique. En novembre 2022, l'Unesco disait craindre la disparition d'ici 2050 d'un tiers des glaciers des sites du Patrimoine mondial. L'Unesco tirait la sonnette d'alarme quant au "rythme accéléré" de cette fonte des glaciers. Les glaciers "perdent actuellement 58 milliards de tonnes de glace chaque année, soit l'équivalent de la consommation annuelle d'eau combinée de la France et de l'Espagne", alertait l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture.

  • Méthodologie

Pour obtenir ces nouvelles projections, les scientifiques "se sont appuyés sur les observations d'une étude ayant quantifié les pertes de masse des glaciers du monde, généralisées et accélérées entre 2000 et 2019". Le nouveau modèle mathématique qui découle de cette étude "prend désormais en compte des processus jusqu'alors non représentés, tels que les pertes de masse liées au vêlage d'icebergs et l'effet d'une couverture de débris en surface du glacier".

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