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Manifestations réprimées au Pérou : Dina Boluarte visée par une enquête pour "génocide"

La présidente péruvienne Dina Boluarte ainsi que plusieurs hauts responsables font l'objet d'une enquête préliminaire pour "génocide" après la répression meurtrière des manifestations contre le pouvoir, a annoncé le parquet mardi. De son côté, le gouvernement a décrété un couvre-feu de trois jours dans la région de Puno, épicentre des protestations.

Des manifestants à Lima le 4 janvier 2023.
Des manifestants à Lima le 4 janvier 2023. © Angela Ponce, Reuters
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Le parquet du Pérou a annoncé mardi 10 janvier une enquête pour "génocide" contre la présidente du pays Dina Boluarte et plusieurs hauts responsables, pour leur rôle dans la répression des manifestations antigouvernementales qui ont fait 40 morts depuis décembre.

La procureure de l'État, Patricia Benavides, "a décidé d'ouvrir une enquête préliminaire contre la présidente Dina Boluarte, le président du Conseil des ministres Alberto Otarola, le ministre de l'Intérieur Victor Rojas, le ministre de la Défense Jorge Chavez", a annoncé le parquet sur Twitter.

Cette enquête concerne des faits de "génocide, homicide qualifié et blessures graves, commis pendant les manifestations des mois de décembre 2022 et janvier 2023 dans les régions d'Apurimac, La Libertad, Punon, Junin, Arequipa et Ayacucho", a-t-il ajouté.

L'enquête vise également l'ex-président du Conseil des ministres Pedro Angulo et l'ex-ministre de l'Intérieur César Cervantes, qui avaient fait partie du gouvernement de Dina Boluarte du 7 au 21 décembre. Un total de 22 personnes étaient mortes dans des manifestations durant ces deux semaines.

Grève illimitée et couvre-feu

Au moins 40 personnes sont mortes et plus de 600 ont été blessées dans les manifestations qui ont suivi la destitution et l'arrestation, le 7 décembre, du président de gauche Pedro Castillo, accusé de tentative de coup d'État pour avoir voulu dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir. Les manifestants réclament entre autres le départ de Dina Boluarte, qui a succédé à Pedro Castillo, et la tenue immédiate d'élections anticipées, déjà avancées de 2026 à avril 2024.

L'épicentre des protestations est la région aymara (peuple amérindien) de Puno, à la frontière avec la Bolivie et sur les rives du lac Titicaca, où une grève illimitée est en vigueur depuis le 4 janvier et où ont eu lieu de graves affrontements et pillages. Le gouvernement a décrété, mardi, un couvre-feu de trois jours dans la région de Puno, après la mort de 18 personnes lors de manifestations depuis lundi.

En pleine crise politique et institutionnelle, le gouvernement péruvien a obtenu, mardi soir, la confiance du Parlement avec 73 voix pour, 43 voix contre et six abstentions. Il aurait dû démissionner s'il avait perdu ce vote, imposé par la Constitution.

Le Pérou doit recevoir, mercredi, une mission de la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH), dépêchée dans le pays pour enquêter sur les manifestations et la réponse des forces de l'ordre.

Blocages de routes

Les manifestations se sont poursuivies, mardi, avec des blocages de routes dans six régions du pays. Dans la région d'Ayacucho, dans le sud des Andes, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de la ville de Huamanga.

Dans un communiqué, le Bureau des droits de l'Homme de l'ONU s'est dit "très préoccupé par la montée de la violence au Pérou". Il a appelé "les manifestants à faire preuve de retenue" et la police à "veiller à ce que la force ne soit utilisée que lorsqu'elle est strictement nécessaire".

"Nous sommes entre les mains de la barbarie", a dénoncé le cardinal et archevêque de Huancayo, Pedro Barreto, à la radio RPP, tandis que la médiatrice du peuple, Eliana Revollar, a estimé que "la violence atteint vraiment des niveaux insoupçonnés".

Avec AFP

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