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Frises du Parthénon: l’espoir d’un retour en Grèce balayé par Londres

Alors que des rumeurs d’accord circulaient, la ministre britannique de la culture a exclu toute restitution à la Grèce des frises du Parthénon, exposées au British Museum

Les frises du Parthénon au British Museum, à Londres, le 9 janvier 2023. — © DANIEL LEAL / AFP
Les frises du Parthénon au British Museum, à Londres, le 9 janvier 2023. — © DANIEL LEAL / AFP

Le gouvernement britannique a douché mercredi les espoirs d’un retour rapide en Grèce des frises du Parthénon, exposées au British Museum de Londres, y compris sous la forme d’un prêt à long terme évoqué récemment par la presse britannique.

«J’ai été très claire à ce sujet: je ne pense pas qu’elles devraient retourner en Grèce», a déclaré la ministre de la Culture Michele Donelan sur la BBC à propos de ce dossier épineux au cœur de tensions entre Londres et Athènes.

Depuis des décennies, la Grèce demande la restitution d’une frise de 75 mètres détachée du Parthénon ainsi que d’une des célèbres cariatides provenant de l’Erechtheion, petit temple antique également sur le rocher de l’Acropole, toutes deux pièces maîtresses du British Museum.

Lire aussi: Des «entretiens secrets» sur le retour des frises du Parthénon ont lieu affirme un journal grec

Londres affirme que les sculptures ont été «acquises légalement» en 1802 par le diplomate britannique Lord Elgin qui les a revendues au British Museum. Mais la Grèce soutient qu’elles ont été l’objet d’un «pillage» alors que le pays était sous occupation ottomane.

Un dossier hautement sensible

La restitution des frises du Parthénon est un sujet hautement sensible en Grèce. Au musée de l’Acropole, un espace laissé vide est d’ailleurs réservé à cette frise.

Le 4 janvier, le journal britannique The Telegraph a réveillé l’espoir des Grecs en révélant que le président du British Museum George Osborne était en train de conclure un accord avec Athènes pour le retour en Grèce de ces trésors, dans le cadre d’un prêt à long terme, un «échange culturel» qui permettrait de contourner une loi britannique empêchant le musée londonien de démanteler sa collection.

Les propos mercredi de la ministre de la Culture représentent donc une douche froide. «Nous ne devrions pas les (les frises, NDLR) renvoyer, et en fait elles appartiennent au Royaume-Uni, où nous avons pris soin d’elles longtemps», a-t-elle dit.

Le président du British Museum George Osborne «ne va pas les renvoyer. Ce n’est pas son intention. Il n’a aucun désir de le faire», a balayé la ministre.

Elle semble écarter le prêt à long terme qui avait été évoqué: «Ce n’est certainement pas ce qu’il prévoit non plus».

Dans le podcast News Agents, la ministre a estimé que l’idée de prêts sur 100 ans n’était «pas du tout dans l’esprit de la législation».

Négociations houleuses

Lundi, un porte-parole du gouvernement grec a admis que les négociations avec le British Museum n’étaient «pas faciles». «Nous avons parcouru un long chemin, on a fait des pas (en avant) et les efforts continuent», a-t-il dit.

«L’objectif est le retour définitif» des frises, a insisté ce porte-parole, car la Grèce «ne reconnaît ni la possession ni la propriété (de ces oeuvres) par le British Museum».

La pression s’est accentuée ces dernières années, dans le sillage des mouvements contre le racisme, pour que les musées occidentaux rendent des oeuvres, notamment obtenues en période coloniale, à leur pays d’origine.

La crainte d’ouvrir une «boîte de Pandore»

La ministre britannique a d’ailleurs dit craindre qu’un retour des frises du Parthénon n’ouvre «la boîte de Pandore». «C’est une pente très glissante», a-t-elle souligné.

En août, un musée de Glasgow en Ecosse a remis à l’Inde sept objets d’art pillés dans des lieux sacrés pendant la colonisation au XIXe siècle, ce qui représentait une première pour une institution culturelle au Royaume-Uni.

En revanche, des habitants de l’île de Pâques dans le Pacifique continuent de réclamer au British Museum la restitution du moaï Hoa Hakananai’a, un monolithe haut de 2,4 mètres et pesant quatre tonnes. Il avait été retiré de l’île sans autorisation en 1868 par le navigateur Richard Powill qui l’avait offert à la Reine Victoria.