Le conflit au Yémen, qui dure depuis plus de huit ans, a exacerbé les violences faites aux femmes, tandis que la guerre a poussé de nombreuses Yéménites à s’engager dans des emplois à risque ou précaires pour subvenir aux besoins de leur famille, raconte le site yéménite Khuyut. “Alors que le monde lutte contre la violence à l’égard des femmes” et que des “campagnes et des événements internationaux” sont organisés sur le féminisme, les femmes au Yémen sont reléguées aux oubliettes, déplore l’auteur de l’article. Elles “souffrent de harcèlement et de violence de manière constante”.

“Les cas de violence contre les femmes et les enfants ont augmenté de manière dramatique […] durant ces années de guerre […]. Les femmes yéménites ont été les plus violentées dans le monde ces dernières années”, explique la militante Bouchra Al-Awlaki, interrogée par Khuyut. Harcèlement, violence physique, mariage précoce, déplacement, mendicité, problèmes psychologiques, les femmes paient un lourd tribut à cette guerre qui s’est greffée à des “coutumes et à des traditions ancrées qui sont contraires aux valeurs de liberté et de justice”, ajoute la militante des droits humains Tayma Nacher.

Absence d’aide

“Des années de misère les ont accablées impitoyablement, alors qu’elles affrontent leur destin avec courage et ténacité”, poursuit l’auteur, mettant l’accent sur un autre type de violence subie par les Yéménites : celui d’être acculées à travailler, très souvent dans des conditions extrêmement précaires, dans un environnement violent et dans une société encore régie par des “codes stricts” à l’égard des femmes.

Oum Sali Al-Choumeiri, une habitante de la ville de Hodeïdah, a perdu il y a deux ans son mari, touché par un obus alors qu’il se trouvait sur son lieu de travail.

“Je me suis alors enfuie à Sanaa et ai assumé seule la responsabilité de mes trois enfants. Je travaille le matin comme femme de ménage dans une école et, l’après-midi, je récupère les bouteilles d’eau vide et essaie de les vendre.”

L’auteur déplore l’absence de toute initiative publique ou privée pour limiter la propagation de ce phénomène, qui reste “un défi fondamental” pour l’avenir de la société yéménite alors que l’État se délite “au profit de groupes religieux radicaux”.