"Insulte à la France" : Éric Zemmour condamné à 4.000 euros d'amende pour injure raciste

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"Insulte à la France" : Éric Zemmour condamné à 4.000 euros d'amende pour injure raciste

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L'ancien candidat à la présidentielle Eric Zemmour, le 10 avril 2022.
L'ancien candidat à la présidentielle Eric Zemmour, le 10 avril 2022.
© AFP - Bertrand Guay

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Eric Zemmour à 4 000 euros d'amende pour injure raciste. Le polémiste avait déclaré que le prénom de l'ex-chroniqueuse du groupe Canal+ Hapsatou Sy était une "insulte à la France" lors de l'enregistrement d'une émission en septembre 2018.

"Mademoiselle, c’est votre prénom qui est une insulte à la France." Ce sont ces mots qui valent à Eric Zemmour une condamnation à 4.000 euros d'amende pour injure raciste. Le candidat à l’élection présidentielle de 2022 avait prononcé cette phrase lors d'une émission de télévision en septembre 2018 sur C8, quand il était encore polémiste, à l'encontre de la chroniqueuse Hapsatou Sy. Eric Zemmour avait alors estimé que celle-ci aurait dû s’appeler Corinne.

Cette condamnation est plus légère que les réquisitions du parquet de Paris. Le ministère public avait réclamé le 4 novembre dernier 20.000 d’amende à l’encontre d’Éric Zemmour. Le polémiste est aussi condamné à verser 3.000 euros de dommages et intérêts à l'ex-chroniqueuse de Canal+.

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Zemmour fait appel

L'avocat d'Eric Zemmour a déjà annoncé qu'il allait faire appel contre un jugement qui "n'a pas de sens juridique", selon lui. Pendant l'audience, en novembre dernier, Me Olivier Pardo avait soutenu que le délit n'était pas caractérisé. En 2018, la société de production de l'émission "Les Terriens du dimanche" avait décidé de couper les propos du polémiste au montage, ils n'ont donc pas été diffusés sur la chaine C8. C'est la chroniqueuse qui, elle-même, a publié sur les réseaux sociaux une vidéo contenant ce passage - filmé par une maquilleuse depuis les coulisses - avant de déposer plainte.

Dans la séquence diffusée à la télévision, Éric Zemmour dit d'abord à Hapsatou Sy que sa mère "a eu tort" de l'appeler ainsi. "Vous voudriez que je m'appelle comment ?", demande-t-elle. "Corinne", lui répond-il. Puis, dans l'extrait coupé au montage, la chroniqueuse lui dit que ce qu'il vient de dire "est une insulte à la France", et lui de répondre : "Mademoiselle, c'est votre prénom qui est une insulte à la France".

Des insultes sur les réseaux sociaux

Lors du procès du 4 novembre, Eric Zemmour n’était pas présent. Hapsatou Sy était venue à la barre, raconter le flot d’insultes racistes sur les réseaux sociaux, jusqu’à 4.000 chaque jour, mais aussi des photos de guenon, des enveloppes reçues contenant des excréments. Hapsatou Sy avait aussi raconté son hospitalisation longue durée en neurologie qui s'en est suivie, à cause de son "corps qui dit stop". Enfin, le silence de Vincent Bolloré, le patron de la chaîne C8 alors qu’Eric Zemmour obtenait une quotidienne sur CNews au même moment.

Après le prononcé de la décision, l'avocat de Hapsatou Sy, Me Antoine Vey, a confié sa "très grande satisfaction" à France Inter "car obtenir une telle condamnation dans ce genre d'affaire est assez rare". "Le tribunal nous a donné entièrement raison", a-t-il souligné. "Il a estimé qu'Éric Zemmour avait dépassé les limites admissibles de la liberté d'expression (…) C'est une affaire avec une lourde symbolique. En France, on peut porter un prénom d'origine étrangère et on n'a pas à être injurié et humilié pour ça".

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