En Argentine, l'inflation à près de 95 % bat un record de 32 ans
Le pays a enregistré une inflation de 94,8 % sur l'année écoulée, l'un des taux les plus élevés au monde. Mais pour 2023, le gouvernement espère limiter la hausse des prix à 60 , en tablant notamment sur le retour de la croissance pour la troisième année consécutive.
Par Les Echos
Du jamais vu depuis 1991 : les prix ont presque doublé en 2022 en Argentine. Le pays a enregistré une inflation de 94,8 % sur l'année écoulée, un record depuis 32 ans dans le pays qui affiche l'une des inflations les plus élevées au monde.
Le précédent record datait de 1991, une année qui marquait la fin d'un cycle d'hyperinflation (supérieure à 1.000 %). A titre de comparaison, l'indicateur était grimpé à 3079 % en 1989, et 2314 % en 1990.
L'Argentine, troisième économie d'Amérique latine, reste toutefois engluée dans une inflation chronique, à deux chiffres depuis douze ans. Ses causes multiples sont tant internes (déficits budgétaires récurrents, anticipations inflationnistes à large échelle) qu'externes (impact de la guerre en Ukraine), et pèsent sur le redressement macroéconomique d'ensemble, particulièrement post-pandémie.
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Le pays devrait ainsi terminer 2022 autour de 5 % de croissance, après une hausse de l'activité de 10,3 % en 2021, qui faisait suite à trois années de récession. En 2023, cette croissance devrait se situer autour de 2 %, ralentie comme l'ensemble de l'économie mondiale, mais l'une des plus fortes d'Amérique latine, selon les prévisions de la Banque mondiale cette semaine.
Croissance soutenue
Trois ans consécutifs de croissance seraient sans précédent depuis les années 2006, 2007, et 2008 en Argentine. Le gouvernement (centre-gauche) d' Alberto Fernandez ne se prive pas de rappeler. Mais si l'activité repart depuis deux ans et que le chômage baisse (7,1 %), les salaires peinent à s'aligner sur l'inflation. Ainsi, un emploi est de moins en moins une garantie contre la précarité. Résultat, 36,5 % des 47 millions d'Argentins sont en situation de pauvreté, dont 2,6 millions en pauvreté extrême.
Toutefois, le gouvernement affirme se mobiliser pour contenir la hausse des prix à 60 % de hausse en 2023. Il a ainsi basé son budget sur cette projection. Pour atteindre cette cible, le ministre de l'Economie Sergio Massa, le troisième en un an, mise sur la reconstitution progressive des réserves de changes, notamment via des exportations records en 2022, et une discipline budgétaire accrue (objectif de déficit passant de 2,5 à 1,9 % en 2023) pour stabiliser l'économie.
Le pays semble s'engager sur la voie d'une inflation moins galopante puisque l'indice du mois de décembre s'établit à 5,1 % et confirme une décélération relative depuis quelques mois. L'inflation avait en effet atteint un pic de 7,4 % en juillet, passé à 6,3 % en octobre, et 4,9 % en novembre.
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