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"La sobriété énergétique concerne aussi le numérique", explique une chercheuse rennaise du CNRS

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On parle de l'empreinte environnementale du numérique avec Anne-Cécile Orgerie, chercheuse du CNRS à l'Irisa de Rennes, invitée de France Bleu Armorique.

Alors que le numérique s'est imposé partout dans notre quotidien, on s'intéresse à son empreinte environnementale et à ce qu'on peut faire pour la limiter. Pour en parler Anne-Cécile Orgerie, chercheuse du CNRS à l'Irisa de Rennes, l'Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires, était l'invitée de France Bleu Armorique ce mercredi matin.

France Bleu Armorique : Pour bien comprendre déjà ce sujet, combien pèse le numérique en terme environnemental ?

Anne-Cécile Orgerie : La quantification est assez complexe à mener, mais actuellement, on estime qu'en termes d'empreinte carbone, en termes d'émissions de gaz à effet de serre, le numérique représente 2 à 4 % des émissions mondiales.

Quand on parle de numérique, c'est notre téléphone, Internet, les mails, les ordinateurs, les serveurs ?

C'est tout ça. Effectivement, tous les objets qui sont connectés par les réseaux de l'Internet. Et donc ça va des objets connectés de plus en plus variés, jusqu'à nos téléphones, nos ordinateurs, etc.

Qui représentent donc 2 à 4 % des émissions mondiales, c'est un chiffre en augmentation ces dernières années ou en diminution ?

Alors c'est en forte augmentation. C'est un des secteurs qui a les émissions qui croîent le plus rapidement, donc plus vite que l'aviation par exemple.

Qu'est-ce qu'on peut faire pour limiter cet impact ? On doit tout éteindre ?

Alors effectivement, pour réduire la consommation d'électricité liée à nos équipements personnels, on peut étendre des choses. Par exemple éteindre nos box la nuit quand elles ne sont pas utilisées, éteindre nos équipements, nos télévisions, nos ordinateurs, quand on ne les utilise pas. On peut aussi, pour avoir un impact, allonger la durée de vie de nos équipements. Donc, par exemple, les réparer lorsqu'ils sont abîmés, ne pas en racheter tout de suite lorsqu'ils commencent à être un peu anciens et donc vraiment allonger la durée de vie pour réduire leur impact sur tout le cycle de vie. Puisque la fabrication est vraiment très très impactante pour les équipements tels que des smartphones par exemple.

Vous disiez d'abord éteindre, ça veut dire que la mise en veille, ça consomme tout autant qu'un appareil qui est allumé normalement ou pas ?

Alors pas tout autant, mais quand même, ça continue de consommer de l'électricité. Donc effectivement, il faut vraiment éteindre avec une prise multiple et un bouton dessus.

Les entreprises aussi peuvent réduire cet impact du numérique sur environnement ?

Alors oui, tout à fait. On a travaillé avec la Direction interministérielle au numérique sur un guide de bonnes pratiques pour le numérique responsable, qui est disponible en ligne sur Internet et qu'on peut télécharger avec plein de bonnes pratiques.

Qu'est-ce qu'on peut faire, par exemple facilement ?

On peut facilement déjà faire un inventaire des équipements, voir ceux qui sont utilisés, peu utilisés, etc, pour allonger leur durée de vie, limiter leurs achats et puis réparer, et donc allonger la durée de vie des équipements et analyser vraiment les besoins qu'on en a.

Le législateur a conscience de cet impact du numérique. Il existe d'ailleurs une loi pour les étudiants, pour les collectivités. Expliquez-nous.

Alors tout à fait. Fin 2021, une loi a été votée qui s'appelle la loi REEN sur la réduction de l'empreinte énergétique du numérique. Et dans cette loi, il y a notamment des volets pour la formation des étudiants dans les formations d'ingénieurs, notamment pour qu'ils soient sensibilisés aux impacts environnementaux du numérique et aussi une formation sur ce qu'on appelle le numérique sobre.

Et donc, les collectivités aussi sont concernées par cette loi ?

Oui, effectivement, il y a aussi un volet sur les collectivités. Elles peuvent essayer de nommer des responsables de l'impact numérique pour essayer de réduire leur empreinte.

En pleine crise énergétique, est-ce que vous pensez que cela va avoir un impact bénéfique et qu'on va réduire cet impact du numérique ?

Alors oui, je pense. Quand j'ai commencé mes recherches, il y a presque quinze ans, c'était un sujet dont on ne parlait pas du tout et l'électricité à l'époque était peu chère. Donc effectivement, on en parle de plus en plus parce que les ressources sont limitées sur la planète et donc construire du numérique dans 20 ou 30 ans sera beaucoup plus compliqué qu'actuellement. Ce sera aussi plus compliqué de l'alimenter, comme on le voit maintenant avec cette crise énergétique, tous les secteurs sont concernés, y compris le numérique qui est très, très dépendant de l'électricité.

Que diriez-vous à ceux qui pensent que d'autres polluent plus qu'eux ?

Effectivement, il y a toujours plus gros pollueur que soi, sauf le plus gros pollueur du monde, bien sûr. Mais on a tendance à considérer que les petits gestes qu'on peut faire ne sont pas impactants. C'est pourtant le cas. Tous ces petits gestes mis bout à bout, ça fait la différence. C'est une habitude à prendre. La sobriété, c'est vraiment quelque chose auquel on s'habitue. Éteindre la lumière en sortant d'une pièce, éteindre la box quand on sort. La sobriété énergétique ? cela marche aussi pour le numérique.

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