Exposition Vermeer : de nouvelles découvertes éclairent la vie mystérieuse du peintre

Exposition Vermeer : de nouvelles découvertes éclairent la vie mystérieuse du peintre
Johannes Vermeer, L'art de la peinture (détail), 1668, huile sur toile, Kunsthistorisches Museum, Vienne © Wikimedia Commons

À l'occasion des recherches réalisées pour l'exposition « Vermeer's Delft », le musée Prinsenhof de Delft a révélé deux nouvelles découvertes sur la mystérieuse vie privée de Johannes Vermeer.

Si bon nombre d’historiens de l’art ont étudié l’œuvre de Johannes Vermeer (1632-1675), ce n’est qu’à partir des années 1970, avec les travaux de John Michael Montias, que de premiers éclairages révèlent la vie du maître de Delft. Toutefois, un voile de mystère continue d’envelopper l’histoire personnelle du peintre. Au cours de la préparation de l’exposition « Vermeer’s Delft », deux nouveaux éléments biographiques ont été partagés hier, jeudi 19 janvier. Le premier concerne l’enterrement onéreux de l’artiste à Delft, payé vraisemblablement par sa belle-famille, et le second l’auberge des parents de l’artiste, touchée par une explosion dans la ville hollandaise.

Un onéreux enterrement payé par sa belle-famille

Le premier élément a été repéré par Bas van der Wulp, ancien archiviste au Erfgoed Delft (patrimoine de Delft). Il s’agit d’une mention méconnue de Vermeer dans le registre funéraire de la Oude Kerk (vieille église de Delft), où l’artiste repose. Le document indique qu’il a été enterré avec les honneurs : son cercueil aurait été porté par 14 personnes et on aurait fait sonner pour lui la cloche de l’église.

Inscription sur la sépulture de Vermeer lors de ses funérailles, (16/12/1675), City Archive Delft . © Museum Prinsenhof Delft

Inscription sur la sépulture de Vermeer lors de ses funérailles, (16/12/1675), City Archive Delft © Museum Prinsenhof Delft

D’après les spécialistes, il est peu probable que la guilde de Saint-Luc (organisation corporative des peintres) ait réglé ses frais funéraires, les cérémonies d’autres peintres n’ayant pas eu les mêmes honneurs. Toutefois, le mariage de Vermeer en 1653 avec Catharina Bolnes, issue d’une famille catholique aisée, peut expliquer cette cérémonie en grande pompe. En consultant les archives funéraires du beau-frère de Vermeer, Willem Bones (mort en 1676) et celles de sa belle-mère, Maria Thins (décédée en 1680), Bas van der Wulp a constaté que le premier avait eu un enterrement similaire et que la cloche avait retenti deux fois pour la matriarche.

Les funérailles du peintre ont donc certainement été financées par Maria Thins (chez qui Vermeer et son épouse ont vécu pendant quinze ans). « La belle-mère ne voulait probablement qu’avancer les frais funéraires de Vermeer à sa fille et n’avait alors aucune idée de la misère financière que Vermeer avait laissée derrière lui, explique l’archiviste. Trois ans après la rampjaar en 1672 (année désastreuse en français, NDLR), Vermeer était sans le sou. » En effet, les guerres ont notamment provoqué la chute brutale du marché de l’art.

Compensation à la mère de Vermeer pour les dommage causés à Herberf Mechelen (09/07/1655), City Archive Delft © Museum Prinsenhof Delft

Compensation à la mère de Vermeer pour les dommage causés à Herberf Mechelen (09/07/1655), City Archive Delft © Museum Prinsenhof Delft

L’auberge des parents de Vermeer touchée par une explosion à la poudrière

Dans un autre document d’archives connu des historiens de l’art, Babs van Eijk, du musée Prinsenhof, a relevé un élément méconnu jusqu’alors : la mère de Vermeer, Digna Baltens, aurait reçu une compensation financière pour les dommages causés à l’auberge des parents du peintre (où il a également passé une grande partie de sa vie) après l’explosion dévastatrice de la poudrière du 12 octobre 1654, à Delft. Devenue veuve, Digna Baltens gérait l’auberge et vivait là-bas au moment de l’explosion. Un an après l’incident, les provinces de Hollande ont versé une compensation financière à la mère de Vermeer.

© Museum Prinsenhof Delft

Ces découvertes ont été faites dans les archives. © Museum Prinsenhof Delft

Deux nouvelles pièces ajoutées au puzzle de la vie mystérieuse de Vermeer

« À chaque découverte, nous ajoutons comme une pièce au puzzle de la vie du plus célèbre des maîtres de Delft », s’enthousiasme Janelle Moerman, directrice du Museum Prinsenhof Delft. Ces deux documents précieux seront présentés dans « Vermeer’s Delft ». L’exposition inédite se concentrera sur la vie de l’artiste, son réseau et ses relations avec la ville de Delft. Plus de 100 objets, tels que des chefs-d’œuvre de peintres locaux, des cartes, estampes, dessins, livres et archives, donneront un aperçu de l’atmosphère qui animait la ville au XVIIe siècle. En mettant en lumière la vie quotidienne de l’artiste, « Vermeer’s Delft » fera écho à l’exposition événement qui se prépare au Rijksmuseum d’Amsterdam et qui réunira pour la première fois 28 tableaux du sphinx de Delft.

 

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