En Bretagne, il vit un enfer depuis la construction de trois éoliennes devant sa maison

Didier ne supporte plus les trois éoliennes devant chez lui. Il est d'autant plus furieux qu'il a acheté sa maison sans savoir qu'elles seraient construites quelques mois plus tard

Didier ne supporte plus de voir et d'entendre les trois éoliennes devant chez lui.
Didier ne supporte plus de voir et d'entendre les trois éoliennes devant chez lui, dans la campagne de Bourbriac, dans les Côtes-d'Armor, en Bretagne. Il s'agit du parc de Kerambellec, pas très loin de la route de Guingamp-Carhaix. ©Laurent LE FUR
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Didier Georgeais a acheté, au printemps 2021, un ancien corps de ferme dans la campagne de Bourbriac (Bretagne / Côtes d’Armor), pas très loin de l’axe Guingamp-Carhaix. Au mois de juin suivant, il s’y installait avec sa maman de 80 ans, « pour être au calme, dans la nature, dans cette maison en pierres à rénover. Exactement ce qu’on voulait ».

Un petit paradis sur terre, sauf que… trois mois après, trois immenses éoliennes de 180 mètres de haut poussaient juste devant sa maison.

Depuis, Didier ne décolère pas. Et il veut savoir « pourquoi personne ne m’a dit qu’il y aurait ces éoliennes devant chez moi quand j’ai acheté, sinon je ne serai jamais venu m’installer ici ! ».

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Didier s’est retourné vers tous ses interlocuteurs pour obtenir des réponses (agence immobilière, notaire…). « Ils m’ont répondu qu’ils n’étaient pas au courant. En gros, personne ne savait, pourtant un projet comme ça ne sort pas de terre d’un coup ! C’est un site industriel qui n’apparaît nulle part, c’est quand même étonnant ! ».

« Les lumières des éoliennes font comme des stroboscopes la nuit »

Il a même vu un conciliateur de justice et eu un échange avec la maire de Bourbriac pour remonter aux origines du projet éolien et aux conditions de sa mise en oeuvre. Mais les réponses sont loin de lui convenir et il n’exclut pas de recourir à un avocat aujourd’hui.

Didier se sent abandonné. Il « ne supporte plus le bruit des pales quand elles tournent, le bruit du vent sur les éoliennes, mais aussi du rotor électrique qui pivote pour les orienter dans la bonne direction ».

Mais ce n’est pas tout : « Il y a aussi les flashs, c’est insupportable. La nuit, les spots et les lumières rouges clignotantes, ça fait comme des stroboscopes. Trois spots rouges, par pylônes, ça fait neuf en tout ! Le jour, l’ombre des pales est projetée dans ma maison, dans toutes les pièces, c’est complètement dingue ! ».

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Didier assure même qu’il a fait des crises d’épilepsie depuis son arrivée à Kerambellec, « alors que je n’en n’avais jamais fait avant. Quand tu vis avec des stroboscopes devant chez toi forcément… ».

A l'étage de sa maison, dans la chambre qu'il rénove, Didier a une vue panoramique sur le parc éolien,
A l'étage de sa maison, dans les Côtes-d'Armor, dans la chambre qu'il rénove, Didier a une vue panoramique sur le parc éolien, « avec toutes les nuisances qui vont avec ». ©Laurent LE FUR

Ce monsieur ne demande qu’une chose : « retrouver le calme et le cadre de vie que j’avais en arrivant ici. C’est-à-dire ne plus voir d’éoliennes en face de chez moi et ne plus les entendre. Je veux être heureux ici et que ma maman aussi soit heureuse ».

S’il est remonté comme une horloge aujourd’hui, Didier était pourtant arrivé apaisé dans ce petit village, qui surplombe la gare de Moustéru. Celui qui a grandi à Guingamp et vécu plus de 20 ans à Louargat, voulait vivre des jours tranquilles et heureux dans sa nouvelle demeure, avec sa maman retraitée.

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S’il attend les beaux jours avec impatience, il redoute aussi de passer ses journées dehors, « avec ces engins à côté de chez moi, ce n’est pas vivable. On ne peut même pas manger dehors sans être dérangés, vu qu’elles tournent quasiment en permanence. Les techniciens m’ont dit qu’on pourrait planter une haie devant chez moi, les éoliennes font 180 m de haut, ça va mettre du temps à pousser ! ».

« C’était un petit coin de paradis… »

Dans la grande longère qui fait désormais face aux éoliennes, Didier Georgeais a déjà rénové une partie de la bâtisse pour sa mère. Il retape maintenant le reste de la maison pour lui. « On devait être bien ici. On voulait du calme, on a visité et on a tout de suite craqué. C’était un petit coin de paradis. On a fait un potager, j’ai monté une serre pour avoir des légumes. On a deux chèvres, des poules, un chien… C’était le bonheur… »

Didier a fait ses premiers travaux, isolé la maison, changé les fenêtres, refait l’électricité, la plomberie… Tout allait bien jusqu’à ce que d’un seul coup, le chantier démarre à l’horizon, au printemps. « Des énormes travaux ont débuté en face de chez moi. Ils ont défriché tout le haut de la colline, où il y avait une petite forêt. Des immenses grues sont arrivées et le parc éolien s’est construit ». 

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Didier a mesuré, avec un voisin, la distance qui sépare sa maison des éoliennes. Il est à 610 m environ, du pied. « Mais en sachant qu’elles pivotent pour suivre la direction du vent, elles sont encore plus proches de chez moi quand elles tournent, avec les pales qui font plus de 50 m… ». En rappelant que la distance minimale prévue par la loi, entre une éolienne et une habitation, est de 500 m.

Didier veut pouvoir profiter de son domaine de 8000 mètres carrés, avec des bâtiments annexes. Dans l’une des bâtisses sur sa propriété, il rêve de pouvoir aménager un gite. « Mais ces éoliennes, ça gâche tout, alors que j’avais trouvé un cadre de vie idéal avec des gens sympathiques autour. Je veux juste qu’on me rende mon calme ».

Des éoliennes de plus en plus contestées

Les projets éoliens ont de plus en plus de mal à s’inscrire dans nos paysages. Celui de Louargat, sur le Méné Hoguené, a soulevé une vague de contestation de la part des habitants et vient d’être refusé. Tandis qu’à Bulat-Pestivien aussi, une association s’est constituée pour s’opposer aux futures éoliennes.

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