Sunday Bloody Sunday de U2 : l'histoire à l'origine de la chanson

"War tour", Bono agite un drapeau blanc sur scène. 1983
"War tour", Bono agite un drapeau blanc sur scène. 1983
À l'origine de la chanson "Sunday Bloody Sunday" de U2
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À l'origine de la chanson "Sunday Bloody Sunday" de U2

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En 1983, Bono disait de cette cette chanson que c'était “une chanson de dégoût.” Dégoût d'un conflit meurtrier sans fin, "Sunday Bloody Sunday" a su plaire au plus grand nombre. Voici l’histoire derrière une des chansons les plus politiques et les plus populaires de U2.

À l'occasion de la commémoration des 50 ans du Bloody Sunday, épisode tragique de l'histoire de l'Irlande du Nord, revenons sur l'origine de la chanson du groupe irlandais U2, qui a connu un succès planétaire.

Le massacre de Londonderry

Le 30 janvier 1972, une marche pacifique est organisée à LondonDerry, en Irlande du Nord. Les participants réclament l’égalité des droits entre les catholiques et les protestants. Face à eux, l’armée britannique et les paramilitaires ont dressé des barricades pour dévier le trajet de la manifestation. Quand les manifestants tentent de les franchir, les paramilitaires tirent à balles réelles. Treize personnes meurent sur le coup, une quatorzième quelques mois plus tard. La moitié était des adolescents.

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Dix ans plus tard, The Edge, guitariste du groupe irlandais U2 alors peu connu, estime que la meilleure musique est politique.  

Un paramilitaire attaque un manifestant le 30 janvier 1972 à Londonderry
Un paramilitaire attaque un manifestant le 30 janvier 1972 à Londonderry
© Getty - Frederick Hoare/Central Press

Lassé par un conflit dont il ne voit pas la fin, il écrit une chanson ensuite retravaillée par Bono le chanteur du groupe. Il dira plus tard que la seule chose qu’il se rappelle de son enfance "c’est la violence".  

Sunday Bloody Sunday, naît ainsi, de la lassitude d'un conflit. Ce texte qui prône l’apaisement est une chanson phare de leur album War qui les mènera au succès.

Bono, 1983 : "C’est la guerre de façon moins apparente. C’est une émotion, un état d’esprit que nous exprimons, des conflits, des luttes à tous les niveaux. La guerre entre amants, la guerre à la maison, la guerre dans les rues, les tensions urbaines… Et bien sûr une chanson comme "Sunday Bloody Sunday", est une chanson à propos de chez nous, une chanson que nous avons longtemps refoulée, une idée en laquelle nous croyions. On se demandait combien de temps on devrait la chanter, c’est une chanson de dégoût. Bien que cet album s’appelle 'War', il parle de reddition. On utilise de grands drapeaux blancs sur scène. Ce thème de reddition est très important : le recul. On nous a tellement dit de nous dresser pour ce que nous croyons, de ne laisser personne nous dire quoi que ce soit d’autre. Les gens se dressent pour leurs idées et moi je crois au désengagement, parfois." 

Une lassitude d'un conflit qui semble sans fin

Quand la chanson sort, le conflit est toujours virulent, explosif et meurtrier. Nous sommes quelques mois seulement après la mort de prisonniers irlandais, dont Bobby Sands, en grève de la faim pour réclamer le statut de prisonnier politique.  

Le texte retranscrit un agacement, une fatigue d’un conflit sans fin :  How long must we sing this song ? Combien de temps encore devrons nous chanter cette chanson ? 

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Un appel pacifique contrasté par un rythme militaire donné par la caisse claire.

Bono, 1985 : "La première fois que nous avons joué Sunday Bloody Sunday sur scène, je n’ai pas pu prononcer un mot de toute la journée. C’était à Belfast j’étais au cœur des troubles en Irlande du Nord. J’ai marché vers le micro, je ne savais pas ce que j’allais dire et finalement j’ai dit : 'Si vous n’aimez pas cette chanson, nous ne la jouerons plus, plus jamais.'"

La non-violence plutôt que la rébellion

Bono sur scène agite un drapeau blanc pendant la tournée "War tour" de U2. 1983
Bono sur scène agite un drapeau blanc pendant la tournée "War tour" de U2. 1983
© Getty

Le succès est immédiat, mais pour le chanteur leurs paroles ont été mal interprétées et perçues par certains comme un soutien à la lutte pour l’indépendance. Fils d’un catholique et d’une protestante, Bono ne soutient pas la lutte de l’I.R.A et prône la non-violence.  

D'ailleurs la fin de la chanson évoque la victoire de Jésus, personnage commun des croyances catholique et protestante.  

Bono, 2016 : "Cette chanson a été très mal comprise, à chaque concert je devais répéter qu’il ne s’agissait pas d’une chanson de rébellion. Ce qui est déjà rebelle en soi."

John Lennon a écrit dès 1972 sur le Bloody Sunday, mais sa chanson, soutien à l'indépendance de l’Irlande, n’a pas eu le même succès que celle de U2 au message de paix universel.

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