Construction d’un mur entre la Bulgarie et la Turquie : l’UE doit payer, lance le président bulgare

« Nous avons déjà transmis à la Commission européenne la position de la Bulgarie ainsi que les plans financiers nécessaires à l’amélioration de la protection de la frontière bulgare. Nous proposons de construire une clôture solide qui permettra de réduire au strict minimum la possibilité d’entrées illégales sur le territoire de l’UE », a déclaré M. Radev. [EPA-EFE/VASSIL DONEV]

La Bulgarie ne dira pas non aux drones et radars proposés par la Commission européenne pour assurer la surveillance de sa frontière avec la Turquie mais ce n’est pas assez. Elle souhaite en outre que l’UE finance la création d’un mur entre les deux pays.

C’est ce qu’a déclaré jeudi (2 février) le président bulgare Rumen Radev à l’issue de sa rencontre avec la présidente hongroise Katalin Novák.

« Nous avons déjà transmis à la Commission européenne la position de la Bulgarie ainsi que les plans financiers nécessaires à l’amélioration de la protection de la frontière bulgare. Nous proposons de construire une clôture solide qui permettra de réduire au strict minimum la possibilité d’entrées illégales sur le territoire de l’UE », a déclaré M. Radev.

La clôture actuelle est longue de plus de 130 km, mais elle peut être très facilement franchie, selon le président. La présidente de la Commission, Mme Ursula von der Leyen, quant à elle, avait déclaré mercredi que Bruxelles pourrait fournir à la Bulgarie des drones, des radars ainsi que du personnel supplémentaire de l’agence européenne de protection des frontières, Frontex.

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L’Autriche en première ligne

Cette idée vient d’abord de l’Autriche. En décembre, Vienne avait bloqué l’admission de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen à cause des risques de flux migratoires exacerbés.

Le gouvernement autrichien a donc fait pression sur l’UE pour obtenir 2 milliards d’euros des fonds d’urgence permettant la construction d’une clôture beaucoup plus sécurisée le long de la frontière avec la Turquie. Lors d’un déplacement en Bulgarie il y a deux semaines, le chancelier autrichien Karl Nehammer avait alors déclaré qu’il ne soutiendrait pas l’élargissement de l’espace Schengen tant que des « résultats réels » n’auraient pas été obtenus dans la lutte contre l’immigration clandestine par la route des Balkans.

Selon des sources d’EURACTIV Bulgarie, les autorités de Sofia ont décidé d’emboiter le pas à l’Autriche et pousser pour un financement européen. La Commission européenne a jusqu’à présent rejeté les demandes de financement d’une nouvelle clôture, rappelant que les États européens peuvent financer cette installation par leurs propres moyens.

Le président bulgare M. Radev a déclaré jeudi (2 février) que la fourniture de nouveaux équipements à la Bulgarie était une bonne chose, mais qu’une nouvelle politique européenne en matière d’immigration clandestine était nécessaire.

Un projet financé par l’UE visant à construire des clôtures est également soutenu par la direction du Parti populaire européen (PPE) de centre droit. Selon les informations d’EURACTIV, l’idée est également soutenue par les conservateurs autrichiens et grecs. Cependant, une source de haut rang du PPE a déclaré à EURACTIV que cette position n’a été ni discutée ni convenue au sein du PPE.

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Politique européenne nécessaire

« Lorsque nous disposerons d’équipements de surveillance et de sécurité encore plus performants, qui permettront d’enregistrer le passage à l’intérieur du territoire de l’UE, la principale question subsistera. Une fois que ces personnes ont franchi la frontière et que ce passage illégal est officiellement établi, que faisons-nous de ces personnes ? », a déclaré le président bulgare.

Conformément à la réglementation actuelle, si des migrants irréguliers sont arrêtés sur le territoire bulgare, ils doivent d’abord être enregistrés. Ils doivent ensuite avoir la possibilité de demander l’asile, et s’ils ne le font pas, ils doivent être officiellement expulsés. Les organisations de défense des droits humains telles que Human Rights Watch ont averti que de nombreux États européens situés en première ligne ont souvent recours à des expulsions illégales.

« Nous sommes contre cette tendance à ce que la Bulgarie et les pays situés en première ligne se transforment en zones tampons servant de camps pour la migration illégale », a expliqué M. Radev. Il a également admis que la Bulgarie reçoit actuellement un soutien de l’UE par le biais de Frontex, qui se traduit par des ressources en personnel et en équipements techniques destinés à la surveillance et à la protection des frontières.

« L’immigration clandestine augmente, non seulement en nombre mais aussi en termes d’agressivité qu’ils [les migrants] apportent avec eux. Malheureusement, cela entraîne des pertes humaines », a indiqué la présidente hongroise Mme Novak. Selon elle, des décisions communes sont nécessaires pour permettre aux citoyens européens de circuler librement à l’intérieur des frontières de l’Union.

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