Michelle Perrot : "Avoir le goût de l’histoire, c’est être à l’affût du temps qui passe"

Michelle Perrot - Jean-François Robert
Michelle Perrot - Jean-François Robert
Michelle Perrot - Jean-François Robert
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Nous recevons l'historienne Michelle Perrot à l'occasion de la parution de son livre "Le temps des féminismes" aux éditions Grasset, coécrit avec Eduardo Castillo.

Avec
  • Michelle Perrot Historienne spécialiste de l'histoire des femmes, professeure émérite d’histoire contemporaine à l'Université Paris Cité

Dans un texte à la fois intime et théorique, Michelle Perrot, L'une des premières historiennes à enseigner l'histoire des femmes en France, en 1973, retrace son parcours ainsi que les changements sociétaux impulsés par les luttes féministes, de l'accession à l'égalité jusqu'au mouvement MeToo.

L’historien est un guetteur du temps

"Avoir le goût de l’Histoire, ce n’est pas seulement voir les structures qui durent, c’est plutôt le travail des anthropologues. C’est être à l’affût du temps qui passe et de ce qui crée les changements. Le temps est la matière première de l’historien. Il est en embuscade et il le guette. Ce qui m’intéresse, c'est la société, le monde, le cours de la vie et surtout le cours du temps, avec les changements qui se sont produits et qui se produisent. Mais le principal, c’est le grand point d’interrogation : qu’est-ce qui va se passer ? La seule chose qui me rend un peu triste dans le fait de vieillir, c’est qu’à un moment donné, on partira dans une espèce de nuit obscure, sans savoir ce qui va se passer."

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Les femmes ont une histoire

"Les années 70-80 sont des années d’ébullition durant lesquelles on remet tout en question. On réfléchit aux problèmes de pouvoir, à ce qu’est la périphérie d’une société. Tout cela fermente, on prend les méthodes de l’Histoire telle qu’elle existe, mais on pose de nouvelles questions, et ce faisant on cherche également des sources nouvelles. On a appelé ces années "La nouvelle histoire", dans la mesure où elle rompait avec l’histoire économique et sociale. On cherchait de nouvelles sources, on traitait de sujets nouveaux et différents tels que l’enfance ou la prison, et surtout, on posait de nouvelles questions. C’est à ce moment-là que nous, les femmes, sommes arrivées avec notre question : les femmes ont-elles une histoire ? Au bout de quelque temps, on a répondu : oui."

Archives

Natalie Zemon Davis, émission A voix nue, Emmanuelle Loyer, France Culture, 01/05/2007

Camille Froidevaux Metterie, émission La grande table, Olivia Gesbert, France Culture, 31/08/2021

Références musicales

P.R2B, Tu ne dis jamais rien (reprise de Léo Ferré)

Au Pairs, It’s obvious

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