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"Il n’y a personne pour nous aider" : dans les zones rebelles en Syrie, la détresse face au séisme

Des quartiers et des villages entiers ont été détruits dans le nord-ouest de la Syrie par le violent tremblement de terre du 6 février au matin, qui a également touché une partie de la Turquie. Entre deux coupures d’internet, plusieurs de nos Observateurs dans les zones contrôlées par l’opposition syrienne, dans la région d’Idleb, rapportent que les secours sont dépassés et décrivent des scènes de désolation déchirantes.

Photo montrant les dégâts provoqués par le séisme à Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, lundi 6 février 2023.
Photo montrant les dégâts provoqués par le séisme à Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, lundi 6 février 2023. © Twitter / @mahmod1989512
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L'épicentre du séisme de magnitude 7,8 a été localisé à environ 33 kilomètres de Gaziantep, dans l'ouest de la Turquie, selon l'US Geological Survey. La secousse a été ressentie dans tout le centre de la Turquie et le nord de la Syrie, ainsi qu'à Chypre, au Liban, en Grèce et en Israël. En fin d'après-midi lundi 6 février, le bilan du séisme s’élevait à plus de 2 300 morts dans les deux pays. 

Dans les zones rebelles de Syrie, les Casques blancs (aussi appelés "Défense civile syrienne"), ont commencé à déblayer les décombres à la recherche de survivants dès quatre heures et demi du matin, heure de la survenue du séisme. Mais ils semblent dépassés devant l’ampleur de la tragédie. 

Les villes d’Idleb et d’Alep ont été sévèrement touchées, ainsi que plusieurs localités alentour notamment Salqin, Jindires, Termanin Sarmada, Jisr al-Choghour, Darkouch.

Jindires est un village du nord de la Syrie, dans le gouvernorat d’Alep. Cet habitant exhorte les secours à se déplacer à Jindires pour lui venir en aide : "Les gars, Jindires est sous les décombres. Il n’y a personne pour nous aider. Il n’y a pas de matériel. Je m’adresse aux équipes de la Défense civile, ceux qui sont à Aqrabat, venez ici, il n’y a personne. Des enfants sont sous les décombres. Venez !"

 

"Tout le quartier de mon ami s’est effondré, son épouse et ses enfants sont décédés"

Qusaï al Shabeeb est un activiste qui travaille dans les camps de réfugiés à Idleb. Il était en train de se déplacer entre les villages touchés par le séisme quand nous l’avons contacté.   

La situation est très difficile, les gens sont sous les décombres, des maisons entières sont tombées sur la tête des gens. J’ai un ami à Sarmada, tout le quartier où il habite s’est effondré, environ dix immeubles. Son épouse et ses deux enfants sont décédés. Un autre ami vit dans la région d’Afrin, à Jindires, où plus de 60 maisons se sont effondrées. Son épouse, ses enfants et ses frères sont tous sous les décombres. Il est le seul à s’en être sorti indemne. Il n’était pas à la maison au moment du tremblement de terre. Il faudra des jours pour sortir les gens des décombres. 

Un membre des Casques blancs se filme après le séisme dans un village près de Jisr al-Choghour, dans le gouvernorat d’Idleb : "Une catastrophe immense a frappé les civils dans le nord-ouest de la Syrie. Ces immeubles étaient déjà fragilisés par les frappes [menées par le régime syrien, NDLR]. Le séisme a détruit ce qu’il restait de ces maisons. À cet endroit, il y avait des bâtiments de six étages, il y a encore des civils sous ses décombres" dit-il.

 

"À midi, 400 blessés étaient admis à l’hôpital"

La rédaction des Observateurs s’est entretenue avec des médecins et des infirmiers dans la ville de Salqin et ses environs. Ils se disent débordés, alors que les blessés et les morts ne cessent d’affluer dans les hôpitaux. Mousab Yassine, un activiste, s’est rendu dans un hôpital de Salqin. 

J’étais dans un petit hôpital, dans le village de Salqin. À midi, 400 blessés étaient admis, et 30 personnes ont été déclarées mortes. Des quartiers entiers se sont effondrés et les opérations de secours se poursuivent dans les immeubles. On ne connaît pas encore le sort de nombreuses personnes, si elles sont vivantes ou mortes. Les équipes de recherche et secours sont au maximum de leurs capacités, elles ne peuvent pas couvrir toutes les zones touchées.

Vidéo montrant les dégâts à Salqin. Lundi 6 février 2023

La région d’Idleb compte des dizaines de camps de déplacés en raison de la guerre civile en Syrie. Ceux-ci ont été relativement épargnés par le séisme, explique Saïd al-Saïd, un activiste média à Atme au nord de la ville d’Idleb. Il était en train de nous envoyer des messages audio sur WhatsApp quand une réplique est survenue.  

"Un village de réfugiés complètement rasé"

Il y a eu une réplique [à 13 h 28 heure de Syrie], mais heureusement elle était de faible amplitude. 

Il n’y a pas eu beaucoup de dégâts dans les camps, car il s'agit essentiellement de tentes ou de petites bâtisses dont les toits sont en taule et non en ciment, à l’exception d’un petit village proche qui s’appelle Bsenya, où des bâtiments ont été construits ces derniers mois pour accueillir des déplacés. Ce petit village a été complètement rasé malheureusement. Pour le moment il n’y a pas de bilan.

Vidéo montrant le village de Bsenya, construit pour les déplacés, dans le district de Harem à Idleb, complètement détruit.
Vidéos montrant les éléments de la Défense civile déblayer les décombres dans le village de Maland, dans le district de Jisr al-Choughour, dans le gouvernorat d’Idleb.

Des centaines de familles sont encore coincées sous les décombres et leur évacuation nécessite des équipements lourds, affirme l’organisation des Casques blancs qui demande l’aide de la communauté internationale pour soutenir les efforts de secours. 

Au moins 1 540 personnes sont mortes et 9 700 sont blessées en Turquie, selon le vice président turc Fuat Oktay, lundi après-midi. En Syrie, 851 personnes ont été tuées et 2 326 blessées, selon les derniers bilans du ministère syrien de la Santé et des secouristes en zones rebelles.

Le bilan devrait continuer à s'alourdir alors que les secouristes et des bénévoles poursuivent la recherche de survivants sous les décombres des immeubles effondrés.

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