Russia Today : après la France, la chaîne RT Allemagne va fermer ses portes

Cette nouvelle fait suite à la fermeture de RT France le mois dernier, dans le cadre de laquelle le média a cessé ses activités journalistiques dans le pays après que Paris a gelé ses actifs conformément aux sanctions imposées par Bruxelles. [Shutterstock / Anton Garin]

La filiale allemande du média Russia Today (RT DE), soutenu par le Kremlin, va fermer ses portes suite à la dernière série de sanctions de l’UE contre la Russie. Cet événement intervient un mois après que son homologue français a été contraint d’en faire autant.

RT DE a annoncé vendredi (3 février) la fin de ses activités journalistiques en réaction au neuvième paquet de sanctions de l’UE contre la Russie, mis en place en décembre.

Cette nouvelle fait suite à la fermeture de RT France le mois dernier, dans le cadre de laquelle le média a cessé ses activités journalistiques dans le pays après que Paris a gelé ses actifs conformément aux sanctions imposées par Bruxelles.

Dans une déclaration publiée à la fin de la semaine dernière, RT DE a annoncé qu’elle allait cesser ses activités journalistiques en Allemagne en réaction aux restrictions de l’UE. Elle a notamment dénoncé ce qu’elle a décrit comme les « restrictions répressives de l’UE sur les libertés de la presse et des médias », qui, selon elle, ont contraint à cette décision.

Le média opérait à capacité réduite depuis le premier train de sanctions de mars dernier, qui interdisait les activités de diffusion de cinq succursales de RT et de Sputnik — un autre média soutenu par le Kremlin.

Ces mesures, qui ont pris la forme de sanctions économiques et ont été décrites au moment de leur publication comme ciblant les entreprises « au cœur de la machine de propagande du Kremlin », avaient pour but de mettre un terme à la vague de désinformation liée à la guerre.

RT et Sputnik interdits dans l’Union européenne

L’UE a imposé des sanctions économiques à deux médias russes contrôlés par l’État,Russia Today et Sputnik, pour leur rôle « essentiel et instrumental » dans l’agression russe contre l’Ukraine et la déstabilisation des pays voisins.

Cette initiative n’a toutefois pas été entièrement saluée par le secteur des médias. La Fédération européenne des journalistes (FEJ), par exemple, a prévenu que les médias relevaient de la compétence des États membres, et non de l’Union, et que cette mesure serait « contre-productive » et constituerait une forme de censure susceptible de menacer plus largement la liberté d’expression en Europe.

Le dernier cycle de sanctions a élargi la liste des médias dont les licences de diffusion ont été suspendues, avec quatre nouveaux ajouts : NTV/NTV Mir, Rossiya 1, REN TV et Pervyi Kanal.

Conformément aux termes des sanctions, les médias n’ont pas été interdits de mener d’autres formes d’activités journalistiques, telles que des enquêtes et des entretiens. L’introduction de séries successives de sanctions a toutefois eu pour conséquence que les organisations médiatiques n’ont plus la capacité financière de continuer à travailler.

« Le neuvième paquet de sanctions de l’UE a interrompu le financement de RT DE Productions, rendant impossible pour l’entreprise de poursuivre ses activités journalistiques en Allemagne », a indiqué Dinara Toktosunova, PDG de RT DE, sur Telegram.

« Le site internet et la chaîne de télévision RT DE continueront à fonctionner en dehors de l’UE, depuis Moscou », a-t-elle ajouté.

RT France a également cessé ses activités en janvier après que le Trésor français a gelé ses actifs conformément aux sanctions de Bruxelles. Une source du ministère russe des Affaires étrangères aurait déclaré peu après que Moscou prendrait des mesures de rétorsion à l’encontre des médias français en Russie.

La Russie déclare la guerre aux médias indépendants

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, la Russie a intensifié ses efforts pour restreindre l’accès à l’information, en ciblant les reportages indépendants des deux côtés de la frontière.

Les médias d’opposition russes sous tensions

En Russie, les médias sont soumis à des restrictions renforcées depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, il y a près d’un an. Peu après le début de cette invasion, en février 2022, de nouvelles lois adoptées par le Kremlin ont introduit des peines pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison pour la diffusion de « fausses informations », y compris la qualification de l’invasion en tant que telle.

Par conséquent, de nombreux médias étrangers ont été contraints de fermer leurs bureaux en Russie et de nombreux médias indépendants ont dû quitter le pays. La délocalisation des opérations éditoriales à l’étranger n’a toutefois pas été sans difficultés pour tous.

En décembre, la chaîne de télévision en exil TV Rain (Dojd), qui a été évincée des ondes en Russie en mars 2022 et s’est ensuite établie dans l’UE, s’est vu révoquer sa licence de télévision lettone après que l’un de ses journalistes a suggéré que la chaîne participait à la campagne de guerre russe.

Le présentateur a ensuite été licencié, et la télévision indépendante Dojd a présenté ses excuses aux téléspectateurs. En janvier, les régulateurs néerlandais ont accordé une nouvelle licence à la chaîne, qui a fait de son studio d’Amsterdam son principal centre éditorial, tout en conservant ses bureaux à Riga.

La télévision d'opposition russe en exil Dojd obtient une licence aux Pays-Bas après avoir été supprimée en Lettonie

La chaîne russe indépendante TV Rain a obtenu une licence de diffusion européenne délivrée par les régulateurs néerlandais et a établi son siège à Amsterdam après que l’autorisation que lui avait accordée la Lettonie a été révoquée en décembre.

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