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Plus de la moitié des 66 espèces de poissons suisses sont menacées ou vulnérables

Seules 14 espèces de poissons et lamproies suisses sont considérées comme non menacées, selon une étude de l'Office fédéral de l'environnement. La situation globale s’est dégradée entre 2007, année de la précédente évaluation, et 2022

Des ombres communs sous les chutes du Rhin, août 2022. — © MICHAEL BUHOLZER / KEYSTONE
Des ombres communs sous les chutes du Rhin, août 2022. — © MICHAEL BUHOLZER / KEYSTONE

Plus de la moitié des poissons et cyclostomes (les lamproies, des vertébrés sans mâchoires mobiles) en Suisse figurent sur la liste des espèces menacées ou vulnérables. La situation globale s’est dégradée entre 2007, année de la précédente évaluation, et 2022, révèle une étude. En évaluant le degré de menace de 66 espèces de poissons et cyclostomes autochtones, les experts en ont placé 43 - dont neuf sont éteintes - sur liste rouge pour 2022, indique mercredi l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).

S’y ajoutent 9 espèces «potentiellement menacées». Seules 14 espèces sont considérées comme non menacées. L’évaluation se base sur 70 000 occurrences (observations) dans les différents cours d’eau et plans d’eau du pays. Sur les 43 espèces (taxons) de la liste rouge, 15 se retrouvent «en danger critique d’extinction», 8 sont «en danger» et 11 sont qualifiées de «vulnérables»; neuf ont disparu. En résumé les deux tiers (65,1%) des poissons et cyclostomes en Suisse sont soit en danger, soit vulnérables ou ont «déjà» disparu, pour reprendre les critères de la «liste rouge».

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L’anguille est en danger, mais la perche n’est pas menacée

Parmi les espèces dont la situation est la plus critique figurent l’anguille, l’alborella, la savetta, la truite marbrée ou danubienne et l’ombre du sud des Alpes. La truite lacustre, l’ombre commun, la truite zébrée, la bouvière ou encore la loche transalpine sont «en danger». Concernant les effectifs en baisse de certaines truites par exemple, les experts invoquent l’habitat réduit et les causes liées à la migration et au réchauffement climatique.

Parmi les espèces disparues figurent l’esturgeon européen ou le saumon atlantique. Les espèces non menacées sont, notamment, la perche, le gardon, le silure glâne, le vairon commun, la lotte ou encore la vandoise. Avec la moitié des taxons menacés classés dans les catégories «situation critique» à «vulnérable», la Suisse se situe, en matière de menace, dans le haut de la fourchette des classements établis dans les régions et pays frontaliers. La situation est par exemple meilleure en France et dans le Sud de l’Allemagne.

La pollution et les habitats restreints, principales menaces

Les menaces pesant sur la faune piscicole sont liées à la pollution des eaux, la dégradation et la fragmentation des habitats (souvent réduits), l’exploitation hydroélectrique, la concurrence exercée par les espèces allochtones ou encore les effets liés au réchauffement climatique. Les eaux dormantes et les lacs ont été fortement pollués jusque dans les années 1980 par des apports de nutriments (eutrophisation). En revanche, «les efforts considérables entrepris depuis en matière de protection des eaux (traitement des eaux usées) ont contribué, du moins dans les lacs les plus importants, à améliorer les conditions de vie de la faune piscicole. Le traitement des eaux usées a également eu un impact positif», relève l’étude.

La liste rouge de 2007 montrait déjà une situation précaire. L’édition 2022 révisée «ne révèle malheureusement aucune inversion de tendance: globalement, le nombre d’espèces de poissons menacées continue d’augmenter, contribuant ainsi à une érosion de la biodiversité piscicole», regrettent les experts. Pour contrer cette évolution, ils appellent de leurs vœux des mesures pour mieux protéger le milieu. «La politique fédérale de renaturation des eaux (revitalisation et assainissement de la force hydraulique) constitue un outil d’importance capitale pour la préservation de la faune aquatique», souligne la publication.

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