
Football
Par Pierre-François Chetail
Publié le 07 février 2023 à 22h32
•
"La lutte contre les violences faites aux femmes, grande cause nationale… sauf à Roanne ?" Telle est la question posée par le collectif des colleuses dans un courrier adressé au maire et au procureur de la ville ligérienne.
La raison de leur courroux : une facture de nettoyage de 1.070 euros exactement adressée à l’une d’entre elles pour des collages "visant à interpeller le public sur l’effroyable banalité des féminicides et à soutenir les victimes de violences conjugales". Ceux-ci avaient été effectués récemment sur un mur de la rue Jean-Puy, un autre d’un local désaffecté, et la vitrine d’un commerce fermé (ex-Camaïeu).
"Cette criminalisation d’un collage par un maire serait une première en France."
Peut-on les considérer comme de réelles dégradations?? Clairement oui, selon la municipalité. Évidemment non, d’après les colleuses et leurs soutiens.
Ceux-ci évoquent là des affichages "éphémères" qui doivent disparaître avec le temps.
Et positionnés à des endroits censés ne déranger personne. Les membres du collectif des colleuses de Roanne dénoncent des "poursuites excessives et rétrogrades, […] des attaques directes contre un mode d’action politique et citoyen".
Dans les faits, Edmond Bourgeon, adjoint en charge de la sécurité, de la tranquillité et de la santé publique, a convoqué "pour enquête" la colleuse incriminée. Celle-ci a été retrouvée via les caméras de "vidéo-protection" installées dans la ville, qui ont permis d’identifier le numéro de la plaque d’immatriculation de la voiture conduite par l’auteure de ces faits.
Cette vidéo peut vous intéresser
Feed digiteka
Le véhicule appartenant à son mari, les deux membres du couple se sont ainsi rendus à cette convocation. À la suite de laquelle "une sanction financière de 1.070 euros" pour nettoyage, donc, leur a été présentée. "Ou, à défaut, possiblement, jusqu’à 60 heures de travail non rémunéré, équivalent du travail d’intérêt général."
Quelle curieuse conception de la paix publique à Roanne que celle qui consisterait à vouloir bâillonner la parole de femmes voulant protéger d’autres femmes !
De quoi inciter le collectif des colleuses à interroger Yves Nicolin (maire Les Républicains de Roanne) et Abdelkrim Grini (procureur de la République). "Ne pensez-vous pas, leur écrit-il, que madame est victime d’un excès de zèle incompréhensible ? Le but assumé des collages féministes vise à lever le secret et la honte qui pèsent sur les femmes victimes de violences."
Pierre-François Chetail
Manifestation de soutien jeudi.
Ce 9 février, à 18 heures, un rassemblement de soutien aux colleuses est programmé devant la mairie de Roanne. Celui-ci se déroulera donc au même moment que le conseil municipal, qui démarrera à 18 heures. L’occasion d’interpeller les élus, même si Edmond Bourgeon par exemple n’envisage pas forcément de discuter avec les manifestantes et manifestants.
Partager :
Les plus lus