En Syrie, "la situation est très chaotique, les hôpitaux sont débordés, les services d'urgence submergés"

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En Syrie, "la situation est très chaotique, les hôpitaux sont débordés, les services d'urgence submergés"

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De nombreuses villes du nord de la Syrie, comme Alep, ont été ravagées par les séismes.
De nombreuses villes du nord de la Syrie, comme Alep, ont été ravagées par les séismes.
© AFP - OZAN KOSE / AFP

Les séismes qui ont frappé la Turquie et la Syrie ont fait près de 12.000 morts. En Syrie, Handicap International s'organise pour secourir les rescapés. La directrice des programmes de l'ONG décrit une situation dramatique dans une région déjà durement touchée par une décennie de guerre.

Le bilan ne cesse de terriblement s'alourdir en Turquie et en Syrie. Près de 12.000 individus ont trouvé la mort dans les séismes qui ont frappé les pays lundi 6 février. Des milliers de personnes sont blessées et autant de sans-abri. Près de 300.000 personnes ont été déplacées de leur domicile en Syrie à cause des dégâts. Handicap International lance une intervention d'urgence pour secourir les rescapés.

Présente dans la région depuis 10 ans, l'ONG s'organise, avec difficulté, depuis la Jordanie voisine. La situation sur place est encore plus chaotique qu'en Turquie. En Syrie, les blessés affluent dans des hôpitaux saturés, par un froid mordant. L'aide ne peut plus arriver par le sud de la Turquie sinistrée, alors que le nord du pays - Alep, Idlib - sont en guerre depuis 10 ans. Myriam Abord Hugon, directrice des programmes pour Handicap International, sait que ses équipes sur place, qui comptent notamment des orthopédistes, agissent dans l'adversité. C'est peu de le dire tant la situation est dégradée.

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FRANCE INTER : Pouvez-vous décrire la situation en Syrie dans les zones sinistrées ?

MYRIAM ABORD HUGON : "La situation est très chaotique depuis lundi 6 février. Les hôpitaux sont débordés. Les services d'urgence ont tout de suite été submergés par les blessés qui affluaient. C'est l'hiver, il y a de la neige, il pleut, il fait froid. On est dans le contexte du nord de la Syrie qui est en guerre depuis presque 12 ans avec des bombardements assez réguliers. C'est déjà un contexte où les Syriens sont dans un stress permanent avec pas ou peu d'électricité, pas ou peu d'eau, des services médicaux déjà défaillants avant et maintenant des tremblements de terre. On a déjà aussi beaucoup de gens qui sont sous assistance humanitaire, qui dépendent à 100% d'une aide internationale."

Dans ce contexte de conflit, l'envoi des secours est également perturbé ?

"Effectivement, aujourd'hui, l'accès ne se fait plus à travers l'intérieur de la Turquie, elle-même touchée par les séismes. Aujourd'hui, le seul point d'accès, c'est le sud de la Turquie et il est complètement désorganisé, à l'image de Gaziantep qui est la ville de coordination de l'activité humanitaire sur le nord-ouest de la Syrie. Nos équipes ont pu être opérationnelles très vite. Elles sont aussi victimes du tremblement de terre mais elles ont voulu aider rapidement et comme on travaillait déjà dans les unités orthopédiques des hôpitaux, elles se sont retrouvées à travailler tout de suite avec les hôpitaux."

Comment intervenez-vous sur place ?

"On est dans les hôpitaux, dans les services de soins d'urgence. Et ensuite, dans les centres de réadaptation décentralisés, notamment dans les villes comme Alep, pour les suivis post-opératoires et post-traumatiques. Il y a deux hôpitaux qui ont dû être évacués parce que leurs bâtiments étaient trop endommagés pour pouvoir être en sécurité. On a dû s'organiser autrement. On est tous à la recherche de tentes et de structures temporaires pour pouvoir abriter à la fois nos propres employés, leurs familles mais aussi les patients. Il y a des "hôpitaux de campagne" qui se mettent en place au fur et à mesure. Malheureusement, avec le nombre de répliques de secousses sismiques qui ont lieu depuis trois jours, les quelques maisons qui n'étaient pas encore endommagées le sont de plus en plus. On est aussi dans des villes qui ont été extrêmement bombardées ces dernières années, et jusqu'à très régulièrement, avec déjà des maisons et des habitations en très mauvais état et des villes contaminées avec des engins explosifs. Aujourd'hui, une maison qui s'est écroulée et dans laquelle il faut chercher des survivants, est peut-être aussi une maison où on peut trouver des explosifs."

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