Canada : après les pensionnats, indemniser pour reconstruire : épisode • 1/3 du podcast Peuples autochtones : le temps des réparations

Le premier ministre canadien Justin Trudeau pose pour des selfies avec des Autochtones, au Canada, le 28/07/22 ©AFP - Chip Somodevilla
Le premier ministre canadien Justin Trudeau pose pour des selfies avec des Autochtones, au Canada, le 28/07/22 ©AFP - Chip Somodevilla
Le premier ministre canadien Justin Trudeau pose pour des selfies avec des Autochtones, au Canada, le 28/07/22 ©AFP - Chip Somodevilla
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Samedi 21 janvier, la ministre canadienne des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a annoncé le versement de près de trois milliards de dollars aux communautés du pays. Cette décision est une "réparation", selon le terme employé, de la politique d’assimilation forcée des enfants autochtones.

Avec
  • Martin Papillon Professeur de sciences-politiques à l’Université de Montréal
  • Mylène Jaccoud Professeure à l’école de criminologie de l’université de Montréal

Depuis le XIXe siècle et jusqu’en 1996, 150 000 enfants autochtones ont été enrôlés dans les pensionnats. La consigne de ces établissements tenus par des religieux était de "tuer l’indien dans le cœur de l’enfant". Parmi les violences infligées aux pensionnaires : tresses coupées, peau frottée à la brosse dure, interdiction de parler une autre langue que l’anglais ou le français… Autour de ces établissements, on retrouve depuis une vingtaine d’années des milliers petites tombes. Selon la Commission Vérité et Réconciliation lancée en 2015 pour mettre de la lumière sur ce traumatisme, un enfant sur cinquante placé dans ces pensionnats y mourait de maladies, de sous-nutrition et autres sévices.

Le gouvernement canadien du libéral Justin Trudeau parle aujourd’hui de réconciliation, une politique déjà entamée en 2008 avec les excuses adressées par les conservateurs aux communautés autochtones. Celles-ci dénoncent toujours des discriminations, un racisme systémique et une exploitation illégitime de leurs terres et de leurs ressources.

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Julie Gacon reçoit Martin Papillon, professeur de sciences-politiques à l’Université de Montréal.

Pour aller plus loin :

  • Martin Papillon est l'auteur avec Alain Baulieu et Stéphan Gervais de  Les Autochtones et le Québec publié aux Presses de l’Université de Montréal en 2013.

"Le terme de génocide culturel fait toujours débat au Canada mais il est de plus utilisé, y compris par le premier Ministre, pour démontrer la nature volontaire de l'entreprise" explique Martin Papillon.
"Depuis une dizaine d’années, les autochtones investissent de manière bien plus importante les institutions canadiennes, ce qui fait bouger les lignes."

Sur ce sujet, retrouvez le documentaire Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant de Gwenlaouen Le Gouil diffusé en 2020 sur Arte. L'émission du Temps du Débat s'est penchée, elle, sur un cas français avec les Homes en Guyane, ces pensionnats catholiques visant l'assimilation violente des jeunes indigènes, à retrouver ici.

Le Temps du débat
37 min
Comme personne
4 min

Seconde partie : le focus du jour

Les limites de l’autodétermination policière autochtone

Veillée pour les dix victimes d’attaques à l’arme blanche dans une communauté autochtone, Canada, le 7 septembre 2022.
Veillée pour les dix victimes d’attaques à l’arme blanche dans une communauté autochtone, Canada, le 7 septembre 2022.
© AFP - Lars Hagberg

Avec Mylène Jaccoud, professeure à l’école de criminologie de l’université de Montréal.

Dans son ambition de nouer des rapports plus apaisés avec les autochtones, le gouvernement fédéral canadien a lancé en 1991 une politique d’autogestion policière. Trente-deux ans plus tard, ces forces de police autochtones restent insuffisamment dotées mais aussi insuffisamment repensées pour épouser le fonctionnement des communautés autochtones.
Pourquoi la police canadienne peine-t-elle à s’affranchir de son héritage colonial ? Pourquoi ne parvient-elle pas à mieux protéger les Premières nations, qui représentent 5% de la population du pays mais 30 % des victimes d’armes à feu ?

"L'objectif d'autogestion de la police autochtone n'a jamais réellement été atteint car le reste de la chaîne pénale comme les tribunaux, les modèles de maintien de l'ordre ou les formations restent nationaux" regrette Mylène Jaccoud.

Références sonores et musicales

Une émission préparée par Bertille Bourdon.

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