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“C’est un crève-cœur” : dans les zones rebelles en Syrie, des victimes enterrées à la hâte dans des fosses communes

Alors que les recherches se poursuivent pour retrouver des survivants dans les décombres, jeudi 9 février, dans les zones rebelles du nord-ouest de la Syrie, les habitants ont dû creuser des fosses communes, parfois avec de simples pelles, pour enterrer leurs morts. Les morgues sont saturées et le matériel manque cruellement dans cette région pratiquement coupée du monde. 

Capture d'écran d'une vidéo montrant des habitants en train de creuser une fosse commune à Urm al-Kubra, une ville de l'ouest du gouvernorat d'Alep, mardi 7 février 2023.
Capture d'écran d'une vidéo montrant des habitants en train de creuser une fosse commune à Urm al-Kubra, une ville de l'ouest du gouvernorat d'Alep, mardi 7 février 2023. © Twitter / @bkdadaksa
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Jeudi, les secouristes étaient engagés dans une course contre la montre pour tenter de trouver encore des rescapés du tremblement de terre d'une magnitude de 7,8 qui a frappé, lundi 6 février à l'aube, le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie.

Dans les zones du nord-ouest de la Syrie encore tenues par les rebelles, déjà sinistrées par onze ans de guerre civile, on manque de tout alors que l’aide humanitaire entre au compte-gouttes. À Jindires, Atme, Atarib, Saraqeb, plusieurs localités tenues par les rebelles, les habitants sont contraints de creuser des fosses communes, dans la précipitation pour enterrer leurs morts, comme le montrent des images publiées sur les réseaux sociaux. 

“Nous aurions voulu organiser des funérailles dignes de ces personnes..Nous vous promettons de vous garder dans nos souvenirs et dans nos cœurs” lit-on sur cette publication de la Défense civile, (aussi appelée Casques blancs), où l’on voit une photo aérienne d’une fosse commune, près d’Alep.

“La location d’une pelleteuse coûte 100 dollars la journée”

Abu Machal s’est porté volontaire pour creuser des tombes dans la localité d’Atme, au nord de la ville d’Idleb.

Vidéo transmise par Abu Machal à la rédaction des Observateurs, jeudi 9 février. On y voit une fosse commune dans la localité de Atme, au nord de la ville d’Alep.

Des fosses communes ont été creusées, parce que certaines personnes n’ont pas été identifiées, car il s’agit de souvent de personnes déplacées qui sont mortes loin de leur région. Je suis en train de participer aux enterrements dans le village d’Atme, et nous manquons cruellement de moyens. La location d’une pelleteuse coûte 100 dollars la journée [93 euros].  

Des habitants creusent une fosse commune à la pelle près de la ville de Saraqeb, dans le gouvernorat d’Idleb, mardi 7 février.

La Défense civile syrienne, aussi connue sous le nom de Casques blancs, et qui fait office de principal service de gestion des urgences dans les zones contrôlées par l’opposition, a indiqué avoir pu identifier et documenter l’identité d’une partie des victimes, mais que de nombreuses personnes n’ont pas pu l’être.  

"Dans une fosse, on met souvent des habitants d’un même quartier ou les membres d’une même famille."

Mousab Yassin est un activiste média. Il se déplace entre les villages touchés par le séisme. 

Quand les familles extraient leurs proches des décombres, ils les transportent vers les hôpitaux seulement pour vérifier s’ils sont vivants ou morts. Ensuite, ils les emmènent pour les enterrer. Les équipes de la Défense civile et les bénévoles ont creusé plusieurs fosses communes. Ces tombes sont creusées en longueur, pour enterrer un maximum de personnes. Dans une fosse, on met souvent des habitants d’un même quartier ou les membres d’une même famille. Ces gens sont enterrés dans la précipitation car les secouristes sont débordés et doivent se consacrer aux recherches dans les décombres pour essayer de sauver des vies. 

En temps normal, avant l’inhumation, on procède à la toilette mortuaire du défunt, puis on accomplit la prière de l’absent. Mais là, ces personnes sont enterrées directement sans cérémonie de funérailles. Et c’est un véritable crève-cœur. 

Fosse commune dans le village de Tarhin, à Alep, où plus de cinquante personnes ont été enterrées dans la nuit du 7 au 8 février.
Fosse commune de Urm al-Kubra, une ville de l'ouest du gouvernorat d'Alep.

Citée par un média local, l’association al-Birr, qui participe aux efforts pour enterrer les victimes à Idleb, affirme qu’il y a une pénurie d’équipements, notamment de pelleteuses pour creuser les tombes, et de véhicules pour transporter les morts, alors que les morgues sont saturées de cadavres.

Le premier convoi d’aide humanitaire depuis le séisme est entré jeudi 9 février dans les zones rebelles du nord-ouest de la Syrie par le poste-frontière de Bab al-Hawa avec la Turquie, a indiqué l’AFP. Six camions chargés notamment de matériel pour des tentes et de produits d’entretien sont entrés en territoire syrien, selon la même source. Cette livraison était déjà attendue avant le séisme, selon un responsable au poste-frontière cité par l’AFP. 

De son côté, la Défense civile s’est dite déçue : dans une publication sur Twitter jeudi, elle affirme que ce convoi était une aide périodique fournie par l’ONU, et qu’il ne comprenait pas de matériel pour les secours et pour les recherches de survivants dans les décombres.

Jeudi en début d'après-midi, le bilan dépassait les 19 300 morts, selon les décomptes officiels : 16 170 morts en Turquie et 3 162 morts en Syrie. 

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