Et une fois en Europe, les oiseaux n’en repartent plus ! En cause : une météo plus clémente, en lien avec le dérèglement climatique. « Il se pourrait qu’à terme, certains oiseaux ne séjournent plus du tout en Afrique subsaharienne et passent l’année entière en Europe », confirme Kieran Lawrence, auteur d’une étude sur les oiseaux migrateurs transsahariens, publiée en 2021. D’un côté, « cela veut dire que les oiseaux sont capables de s’adapter au changement climatique », assure Jérémy Dupuy, ornithologue à la Ligue de protection des oiseaux. Mais les conséquences pourraient être fâcheuses pour d’autres espèces, comme le déplore le biologiste K. Lawrence : « En Europe, la présence plus longue des oiseaux traditionnellement migrateurs pourrait durcir la concurrence pour la nourriture et les ressources en automne/hiver pour les espèces d’oiseaux sédentaires. »

Des oiseaux affaiblis et blessés

Les fortes rafales de vent peuvent avoir d’autres effets dévastateurs – et bien plus directs – pour l’avifaune. « La faune sauvage, et en particulier les oiseaux marins, subissent de plein fouet ces intempéries qui les ralentissent dans leurs déplacements, les empêchent de se nourrir et les affaiblissent fortement, déplore le centre de soins Hegalaldia. Les oiseaux pélagiques, vivants donc au large des côtes, sont particulièrement touchés. » En janvier 2023, les tempêtes ont fait de nombreuses victimes sur les côtes basque et landaise : macareux moine, fou de bassan, mouette tridactyle, mais aussi goéland, pingouin tordra, guillemot de Troïl, phalarope, mouette rieuse et gulmar boréale... « Tous ces malheureux oiseaux sont arrivés très maigres, en hypothermie et pour certains avec de grosses blessures comme des fractures au niveau des ailes, regrettent les soigneurs. Nous n'avons malheureusement pas pu prendre tous les oiseaux en charge, certains étant découverts trop tard. »

Sur les plages, après de fortes intempéries, un oiseau découvert au sol, épuisé et en hypothermie a besoin d’aide. Mais « un animal sauvage n’apprécie pas le contact avec l’Homme : il le voit comme un prédateur, prévient le centre de soins. Rester proche de lui le stressera et diminuera ses chances de survie ». C’est pourquoi il est impératif de se munir de gants et d’une serviette pour couvrir et attraper fermement l’animal. « Le fait de placer l’animal dans l’obscurité diminuera son stress, vous mettra en sécurité et facilitera sa capture », précise le centre de soins. Puis, installez-le au calme dans un carton troué pour l’aération : cela évitera qu’il ne s’abîme les plumes. Pour le réchauffer, placez à l’intérieur une bouillotte ou une bouteille en plastique remplie d’eau chaude non bouillante. Enfin, contactez le centre de soins pour la faune sauvage le plus proche qui prendra le relais.