Les populations d'insectes en chute libre : l'avenir de l'humanité en danger

Entre leurs pattes tient l'avenir de l'humanité. Pourtant, les insectes disparaissent au vue de nez. Une situation inquiétante.

Les populations d'insectes en chute libre : l'avenir de l'humanité en danger
©Belgaimage

Le cinquième rapport de l'ONG britannique Butterfly Conservation vient de rendre ses derniers résultats. Ils interpellent. Entre 1976 et 2019, les papillons ont disparu de 42 % des endroits qu'ils occupaient. Dans le même temps, leur population s'est réduite de 6 %. Si ces chiffres marquent, ils n'étonnent pas les chercheurs. « On espère que ce rapport aura un effet choc sur les responsables politiques. Ce sont eux qui ont les moyens pour agir », remarque Richard Fox, l'un des auteurs du rapport.

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La tendance constatée au Royaume-Uni est suivie partout dans le Nord de l'Europe. Le constat pourrait s'arrêter là si les conséquences n'étaient pas plus graves. Dans un long entretien accordé au journal Le Monde, le Britannique Dave Goulson, spécialiste de la conservations des insectes et des effets des pesticides sur la biodiversité, confie : « L'étude de la Krefeld Entomological Society publiée en 2017 est la plus souvent citée et indique un déclin de 76 % de la biomasse d'insectes volants entre 1989 et 2016. Si ce chiffre est exact, alors nous faisons face à un déclin catastrophique.»

Les insectes restent un pan de la biodiversité particulièrement méconnu et peu étudié. Pourtant, ils représentent près de 70 % de toutes les espèces répertoriées. Leur utilité n'est quant à elle plus à démontrer. « Ils servent de nourriture à une grande partie des oiseaux, des chauves-souris, des amphibiens, des reptiles, des poissons d'eau douce... Si les insectes disparaissent, tout le reste disparaît avec eux. Ils sont le carburant de la vie, le lubrifiant des écosystèmes.»

Les insectes indispensables pour l'espèce humaine

Leur importance pour la nature dépasse de loin ce simple rôle de garde-manger. « Ils recyclent les nutriments dans les sols et permettent de les garder en bonne santé. Ils pollinisent les plantes sauvages et les cultures, et ce seul service est simplement vital pour l'espèce humaine. » L'expert va plus loin : « Tous ceux qui ont un certain âge ont assisté au cours de leur vie au plus grand déclin de la biodiversité depuis 65 millions d'années. »

Et pour trouver l'origine du mal, il ne faut pas aller bien loin. Prendre un miroir devrait en réalité suffire. La destruction des habitats au profit de l'agriculture intensive, la destruction de leur nourriture, l'usage intempestif de pesticides... Tout cela n'est le fait que de l'homme.  Si planter des arbres et laisser la végétation reprendre ses droits dans son jardin est un pas dans le bon sens, pour Dave Goulson, cela ne sera jamais suffisant : « En Europe la plupart des terres ne sont pas des jardins. Tant que les terres agricoles seront hostiles à la vie, nous ne changerons pas radicalement la trajectoire d'écoin de la biodiversité. Mais l'Europe a une stratégie "De la ferme à la fourchette" (adoptée en 2021) que le lobby de l'industrie fait de son mieux pour édulcorer et ne pas mettre en oeuvre. Au moins en Europe les gouvernements se rendent compte que le système n'est pas soutenable.Mais hors d'Europe, rien de bon ne se met en place. »

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