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Le viol, arme pour terroriser les femmes à Cité-Soleil, selon BINUH

Dans certains quartiers, les gangs utilisent les violences sexuelles comme arme pour "punir" les femmes et les filles, selon un rapport du BINUH

Allwitch Joly
February 13, 2023 10:13 AM ET
AFP
AFP

Dans un rapport d’enquête sur les abus des droits de l’homme commis par les gangs dans la zone de Brooklyn de juillet à décembre 2022, rendu publique le 10 février 2023, le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haiti (BINUH) indique que les gangs ont continué à utiliser les violences sexuelles comme une arme pour terroriser et punir les femmes et les filles vivant dans ce quartier.

Le Service des Droits Humains (SDH) du BINUH a enregistré au moins 57 cas de viols collectifs sur femmes et filles entre le 8 et le 13 juillet 2022, par des membres du G-9, au sein de leur résidence ou dans les rues, alors qu’elles essayaient de fuir les attaques. « Ces actes ont souvent été commis en présence de leurs enfants et d’autres membres de leur famille », précise le rapport du BINUH.

Dans ce rapport publié sur son site officiel, l’institution onusienne dit avoir enregistré les déclarations de plusieurs victimes affirmant que « les éléments du G-9 les avaient insultées et avaient juré "de violer et de punir toutes les femmes de Ti-Gabriel" », indiquant par la même occasion leur volonté de cibler et punir les femmes pour la simple raison qu’elles habitaient un quartier sous le contrôle de leur adversaire ».

Le BINUH, grâce à l’enquête de son Service des Droits Humains (SDH), affirme que le G-9 a continué à utiliser le viol contre les femmes et les filles qui tentaient de traverser la zone « Dèyè mi », ce mur qui délimite les zones contrôlées par des groupes armés ennemis. Les hommes armés du gang de Brooklyn utilisent aussi les violences sexuelles pour exploiter les femmes et filles qui habitent dans la zone qu’ils contrôlent. Certaines victimes ont même été séquestrées et abusées sexuellement pendant plusieurs semaines par ce qu’elles refusaient d’entamer une relation sentimentale avec ses éléments, détaille le rapport.

Selon l’equipe du SDH, peu de victimes d'abus sexuels dans ces zones ont décidé d’avoir recours à des soins médicaux à cause du fait que certaines sont restées bloquées dans le quartier de Brooklyn pendant des jours, du fait des affrontements armés. D’autres ont déclaré qu’elles n’avaient pas les moyens de payer le transport pour se rendre au centre de santé, alors que pour un bon nombre de victimes, c’était la peur d’être stigmatisées par leurs familles et leurs communautés qui les empêchaient de recourir aux soins médicaux appropriés à leurs cas.

« Le manque de services médicaux et psychologiques dans les zones touchées par la violence peut également expliquer la raison pour laquelle très peu de victimes ont osé rapporter ces incidents. De plus, la plupart d’entre elles ont expliqué qu’elles craignaient de subir des représailles si elles parlaient à la police, ou qu’elles se méfiaient du système judiciaire », précise aussi le rapport.

Dans un communiqué de presse annonçant la sortie du rapport d’enquête, le BINUH rapporte que “l’extrême violence et les violations flagrantes des droits de l’homme, notamment les meurtres en masse, les viols collectifs et les attaques de snipers, ont fortement augmenté à Cité Soleil, […] créant un “cauchemar vivant” pour des milliers de personnes”.

“Les conclusions de ce rapport sont horrifiantes : elles dressent un tableau de la façon dont les gens sont harcelés et terrorisés par des bandes criminelles pendant des mois sans que l’État puisse y mettre fin. Cela ne peut être décrit que comme un “cauchemar vivant”, a déclaré Volker Türk, le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

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