“Être loyal envers la nation et de bonne moralité.” C’est en fonction de ces critères, dressés par la junte, qu’un citoyen aura désormais le droit de porter une arme en Birmanie.

Une mesure censée répondre à la nécessité pour le peuple de pouvoir “se défendre lui-même”, arguent les hauts gradés militaires, quand les groupes prodémocratiques y voient plutôt une façon d’armer les milices favorables à la junte ou d’augmenter leur nombre.

“Il y a environ trois ans, l’armée a adopté une politique de service militaire obligatoire pour les citoyens âgés de 18 ans et plus, mais elle n’a jamais réussi à la mettre en œuvre”, rappelle ainsi à Radio Free Asia Padoh Man Man, porte-parole de l’Union nationale karen, un des principaux groupes armés combattant la junte.

“Cette nouvelle politique est une deuxième tentative dans le même sens. C’est vraiment une situation très inquiétante pour notre pays.”

Et si, par le passé, les militaires birmans ont déjà pu fournir en armes les milices soutenant la junte de manière informelle, ces changements légitiment désormais la distribution d’un arsenal d’armes allant de simples revolvers et fusils de chasse aux mitraillettes et fusils d’assaut, poursuit le site d’information.

Pour le média The Irrawaddy, fondé par des Birmans en exil, cette annonce de la junte est aussi un retour en arrière, puisqu’elle s’inspire d’une mesure similaire mise en place en 1977, sous le régime militaire du dictateur Ne Win. Une politique ensuite suspendue en 1988 lors du soulèvement en faveur de la démocratie qu’a connu le pays, pendant lequel les militaires au pouvoir avaient annulé tous les permis de port d’armes et ordonné aux citoyens de rendre toutes leurs armes à feu.