Quelles solutions pour les futures mamans de la Corrèze à plus de 45 minutes d'une maternité ?

Les femmes résidant dans une commune située à plus de 45 minutes d’une maternité et sur le point d’accoucher peuvent désormais solliciter un hébergement temporaire proche, selon un décret adopté en avril 2022. Les trois maternités de la Corrèze étudient le meilleur dispositif à mettre en place.


Par Christine Moutte

Publié le 15 février 2023 à 06h02

Un décret permet aux femmes résidant dans une commune située à plus de 45 minutes d’une maternité et sur le point d’accoucher de bénéficier un hébergement temporaire proche. © Stéphanie Para

Pour une femme enceinte se trouver à plus de 45 minutes d'une maternité peut poser de sérieux problèmes ou causer du stress en cas d’urgence ou quand elles doivent tenir plus de trois quarts d’heures alors que les premières contractions se font sentir… Quelles communes sont concernées en Corrèze ?

26 communes concernées

 EN Corrèze, 26 communes sont situées à plus de 45 minutes d’une maternité sur les 279 existantes, ce qui représente 9,3 % du territoire.  Dans ces communes, situées aux frontières du département (voir notre infographie), 791 femmes sont âgées entre 15 et 44 ans et donc potentiellement concernées, soit 2,3 % de cette population (*).

Les communes corréziennes à plus de 45 minutes d'une maternité. Saint-Éloy-les-Tuileries ; Saint-Julien-le-Vendômois ; Ségur-le-Château ; Beyssenac ; Soudaine-Lavinadière ; Chamberet ; L'Église-aux-Bois ; Lacelle ; Saint-Hilaire-les-Courbes ; Viam ; Tarnac ; Toy-Viam ; Gourdon-Murat ; Laval-sur-Luzège ; Auriac ; Rilhac-Xaintrie ; Bassignac-le-Haut ; Darazac ; Saint-Julien-aux-Bois ; Saint-Privat ; Servières-le-Château ; Saint-Geniez-ô-Merle ; Bassignac-le-Bas ; Astaillac;  Liourdres ; Bilhac.

Trois maternités en Corrèze et un réseau Nouvelle-Aquitaine

La Corrèze est bien dotée en maternités avec trois sites dont deux, Brive et Tulle, qui proposent un service d’obstétrique et un de néonatologie. La troisième, à Ussel de niveau 1, peut gérer les urgences et accueillir les femmes dont la grossesse ne présente aucun problème identifié. Et elle a toute son importance dans le maillage du territoire.

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A la maternité, comme ici à Brive, les mamans sont accompagnées dans leurs premiers gestes avec leur bébé.


 

« Notre structure de proximité permet de réduire le nombre de futures mamans à plus de 45 minutes d’une maternité, commente Yoann Balestrat, directeur de l’hôpital d’Ussel. Et nous travaillons en étroite coopération avec le centre hospitalier de Tulle pour proposer des prises en charges et orientations adaptées. »

Naissances en 2022. 1.363 bébés sont nés à la maternité de Brive contre 1.261 en 2021 ; 682 à la maternité de Tulle en 2022 contre 782 en 2021 ; et 139 au centre hospitalier d’Ussel en 2021 et 2022 (où en 2022, 76,9 % des mamans venaient de Corrèze, 10,5 % du Cantal, 5,6 % du Puy-de-Dôme et 4,9 % de Creuse).

Dans le maillage du territoire, le travail en réseau a toute son importance. « Le réseau périnatal de la Nouvelle-Aquitaine permet des transferts entre maternités, notamment vers Limoges et Bordeaux pour traiter des pathologies plus lourdes, précise Mireille Chaumette, sage-femme coordinatrice de la maternité de Brive. On accueille aussi des mamans de la maternité de Bergerac (niveau 1) quand celle de Périgueux (2A) est saturée. Les transferts sont ainsi assurés par les centres hospitaliers. »

Un hébergement temporaire pour se rapprocher

Pour les femmes enceintes habitant à plus de 45 minutes d’une maternité, un décret d’avril 2022 ouvre désormais la possibilité d’accéder à un hébergement proche, jusqu’à cinq jours avant la date prévue du terme de leur accouchement ou jusqu’à 21 nuits en cas de grossesse avec pathologie. Il s’agit d’un hébergement non médicalisé, pris en charge par l’Assurance maladie. Les femmes peuvent aussi bénéficier des frais de transport correspondants, quel que soit son type, son département, etc.

Et il est parfois plus pratique pour une personne vivant à la limite d’un département d’aller dans celui d’à côté, dont la maternité est plus proche. C’est le cas des futures mamans du Nord du Lot et de la Dordogne qui viennent accoucher à la maternité de Brive, moins éloignée que celles de Cahors ou Périgueux. À Ussel, en 2022, 10,5 % des mamans venaient du Cantal et 5,6 % du Puy-de-Dôme, départements limitrophes.

Une offre territoriale à mettre en place

Ce sont les établissements hospitaliers qui doivent mettre en place ces hébergements temporaires. À Brive, comme à Tulle, le centre hospitalier étudie les besoins pour proposer un dispositif adéquat. C’est un fonctionnement complexe (pertinence d’un hôtel, prise en compte du transport en termes de moyen, des repas, place de la famille…) à trouver : « Il doit passer par une offre territoriale », selon l’hôpital de Brive qui y travaille actuellement avec le réseau régional.

Avec des mamans venant essentiellement de haute Corrèze, l’hôpital d’Ussel, qui ne s’attend pas à une grosse demande, est, lui, plus facilement « prêt à héberger des femmes qui le souhaitent sur notre site. Pour l’instant, le besoin ne s’est pas encore manifesté », constate Yoann Balestrat.

Une problématique déjà prise en compte

Mais les hôpitaux n’ont pas attendu le décret pour prendre en compte la problématique de l’éloignement et du transport.

« Ces problématiques sont étudiées lors de l’entretien prénatal avec les autres besoins. On adapte la prise en charge médicale à chaque situation. On propose également une hospitalisation de jour pour permettre à une patience, habitant loin, de voir différents professionnels sur une journée et ainsi éviter les allers et retours. » 
Delphine Vaudry (sage-femme coordinatrice à la maternité de Brive)

« On est en effet déjà dans cette logique, confirme Yoann Balestrat. Quand une patiente, qui habite loin, vient suite par exemple à des fausses contractions, on la garde en observation. »

Label à Brive.  La maternité de Brive, qui compte 28 lits et une équipe complète de 30 sages-femmes, 7 gynécologues obstétriciens et 32 auxiliaires de puériculture, a obtenu en 2022 le label Prévenir pour bien grandir, avec deux petits pas, décerné par l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Une reconnaissance de la prise en charge globale des patientes, avec un parcours personnalisé. Les critères du label sont : risques liés aux vulnérabilités psychiques, sociales ou liées aux situations de handicap?; suivi des nouveau-nés fragiles?; alimentation et activité physique?; santé et environnement?; addictions…

(*) Chiffres de 2019. L’Insee comptabilise 15.561 Corréziennes âgées de 15 à 29 ans et 19.277 âgées de 30 à 44 ans.

Photos : Stéphanie Para ; traitement des données : Nicolas Certes ; texte : Christine Moutte

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