Presque centenaire, l'ukrainienne Maria Dolia raconte sa vie sous l'occupation russe, de Staline à Poutine

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Presque centenaire, l'ukrainienne Maria Dolia raconte sa vie sous l'occupation russe, de Staline à Poutine

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Maria Dolia, chez elle, à bientôt 100 ans.
Maria Dolia, chez elle, à bientôt 100 ans.
© Radio France - Omar Ouahmane / Jérémy Tuil

Cette habitante du Donbass a vécu vingt ans sous le régime de Staline. Elle a notamment survécu à une terrible famine qu'il avait orchestrée en Ukraine.

En Ukraine, la résistance à l’envahisseur russe fait partie de la mémoire nationale. L’attaque massive du 24 février dernier n’est que l’un des épisodes d’une longue histoire de répression et de persécution contre le peuple ukrainien. Les envoyés spéciaux de France Inter dans le Donbass ont rencontré une habitante née il y a bientôt 100 ans. Elle a connu les heures sombres de l’Union Soviétique et notamment l’Holodomor : la famine artificielle organisée par Staline, qui a fait plus de 5 millions de morts au début des années 1930. Elle raconte.

"Je suis née le 14 octobre 1923, j’ai vécu deux guerres dans ma vie"

Maria Dolia nous accueille dans sa modeste maison en briques dans son petit village de Tetianivka dans la région de Donetsk, dans le Donbass. Elle a connu les premières heures de l’Union Soviétique. "J’ai vécu 20 ans sous Staline. C’est la discipline qui régnait, ceux qui ne voulaient pas travailler étaient considérés comme des parasites, ils étaient déportés dans le Nord et condamnés aux travaux forcés."

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Le tournant dans sa vie se produit en 1933. Elle a alors 10 ans lorsque Staline décide d’orchestrer une famine en Ukraine, grenier à blé de l’Union Soviétique, pour mater tout nationalisme ukrainien : "Ils confisquaient toutes les récoltes des villages et les envoyaient en ville. Pour se nourrir on était obligés de faire cuire des glands de chêne, c’est ce qui nous a permis de survivre. On ne pensait qu’à ça : avoir quelque chose dans le ventre, mais il n’y avait rien à manger autour de nous. La mort d’une balle dans la tête était moins effrayante que de mourir de faim."

Lorsqu'on lui demande si autour d'elle, des gens sont morts de faim durant cette période, elle répond : "Oh, on ne pouvait pas les compter, surtout les enfants en bas âge. Beaucoup ont succombé."

Maria Dolia, devant sa maison, dans la région de Donetsk.
Maria Dolia, devant sa maison, dans la région de Donetsk.
© Radio France - Omar Ouahmane / Jérémy Tuil

"L'Ukraine ne veut pas être conquise"

80 ans plus tard, Maria Dolia a le sentiment que l’histoire se répète. Les méthodes belliqueuses de Poutine lui rappellent celles de Staline et d’Adolf Hitler.

"Le responsable c’est Poutine. Lorsqu’il a envahi l’Ukraine, on a tout de suite dit : Poutine c’est Hitler, c’est pareil. Il n’a aucun respect pour la vie humaine, il détruit les infrastructures, les immeubles, tout ce qui l'intéresse c’est de prendre les territoires. Mais les Ukrainiens sont coriaces, ils ne se rendront pas. L’Ukraine ne peut pas être conquise", déclare-t-elle.

À bientôt 100 ans, Maria Dolia espère qu’elle verra la fin de cette guerre qui déchire son pays, et que la victoire de l’Ukraine sonnera le glas du totalitarisme russe.

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