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Meta lance un abonnement payant pour authentifier son compte

Moyennant une douzaine de dollars par mois, les utilisateurs de Meta Verified vont pouvoir recevoir un gage d'authenticité et promouvoir leurs messages. L'abonnement sera disponible en Australie et Nouvelle-Zélande cette semaine

Le badge de vérification va faire son apparition sur Meta. — © DADO RUVIC / REUTERS
Le badge de vérification va faire son apparition sur Meta. — © DADO RUVIC / REUTERS

Après avoir passé presque vingt ans à défendre un modèle économique fondé sur la gratuité des services, Mark Zuckerberg change de cap. Après les utilisateurs de Twitter, ceux des plateformes de Meta (Facebook et Instagram) vont bientôt pouvoir afficher un badge bleu, gage d'authenticité, et mieux promouvoir leurs messages, a présenté dimanche le patron du groupe californien.

Les abonnés à Meta Verified pourront faire vérifier leur compte sur Facebook et Instagram en fournissant une carte d'identité officielle, et ensuite afficher un «badge bleu», signalant qu'ils sont bien la personne qu'ils disent être. Leur compte sera aussi mieux protégé contre le risque d'usurpation de l'identité grâce à une surveillance proactive. En cas de problème, les abonnés pourront s'adresser directement à des employés du service client.

Et leurs messages, photos et vidéos seront mieux relayés que les autres, en apparaissant en tête des résultats de recherche, des commentaires et des recommandations. Meta promet aussi de nouvelles fonctionnalités créatives.

Lire aussi: Faux comptes certifiés sur Twitter mais vraies conséquences économiques

Un abonnement optionnel

L'abonnement va être disponible d'abord en Australie et en Nouvelle-Zélande cette semaine, puis sera étendu à d'autres pays, à commencer par les Etats-Unis. Il coûtera 11,99 dollars (11,22 euros) par mois aux utilisateurs qui y souscriront sur le web, et 14,99 dollars à ceux qui passeront par les applications mobiles (pour compenser la commission prélevée par Apple ou Google sur les dépenses sur les smartphones ou tablettes). La phase de test doit lui permettre d'évaluer et éventuellement d'ajuster son offre en fonction des retours.

L'abonnement est optionnel, et les plateformes resteront gratuites. Les utilisateurs intéressés doivent avoir au moins 18 ans et les entreprises n'y ont pas accès, mais Meta n'exclut pas de les inclure à l'avenir.

La nouvelle offre vise avant tout les créateurs de contenus. Meta a expliqué à l'AFP avoir conçu Meta Verified en fonction des demandes reçues de la part de créateurs en pleine ascension.

Diversifier les revenus

Mais pour l'experte Carolina Milanesi, la formule manque de cohérence, avec des fonctionnalités qui répondent aux besoins de différents types d'utilisateurs: l'authentification pour les organisations officielles et personnalités, la promotion pour les influenceurs, la sécurité qui «devrait s'appliquer à tous». C'est un «étrange mélange», estime l'analyste de Creative Strategies.

A ce sujet: Meta a affiché une baisse de revenus en 2022 pour la première fois en 10 ans

La stratégie de Meta s'inscrit dans un contexte où les réseaux sociaux historiques voient leur nombre d'utilisateurs croître, et leurs revenus s'affaisser. En 2022, le groupe californien a vu ses recettes publicitaires décliner pour la première fois depuis qu'il est entré en Bourse en 2012. Car l'inflation grignote les budgets des annonceurs, l'attention des utilisateurs est divisée entre de nombreuses applications et celles-ci ne peuvent plus récolter autant de données personnelles qu'avant l'intervention des autorités (notamment européennes) et d'Apple pour mieux protéger la vie privée en ligne.

Snapchat, Reddit et Discord proposent tous de débourser quelques dollars par mois pour avoir accès à des outils supplémentaires. Twitter, racheté par Elon Musk à l'automne, a lancé dans la plus grande confusion son abonnement «Blue», pour 7 dollars par mois sur le web ou 11 dollars sur l'iPhone. Blue permet d'avoir la fameuse coche bleue, gage d'authenticité, de mieux promouvoir ses messages, de voir deux fois moins de publicités et de disposer de plus de libertés rédactionnelles (tweets plus longs, etc).

«A mon avis, Meta veut surtout diversifier ses sources de revenus. Twitter s'est lancé et les autres se disent, on va essayer aussi», commente Carolina Milanesi. «L'argument d'attirer les créateurs de contenus relève plus du marketing que d'une vraie création de valeur.»