Etude

La région Hauts-de-France est la plus menacée par le changement climatique dans l’Hexagone

Un classement mondial des 100 régions où le bâti serait le plus vulnérable au réchauffement en 2050 vient d’être rendu public. Chine, Inde et Etats-Unis figurent tout en haut de ce palmarès. Mais la France n’est pas épargnée, avec huit régions parmi les 10 % les plus menacées du monde.
par Aurore Coulaud et Coralie Schaub
publié le 20 février 2023 à 6h00

Incendies dévastateurs, inondations meurtrières, canicules et sécheresses, pluies torrentielles… Le climat se réchauffe à un rythme sans précédent, avec de graves conséquences pour les populations. Le classement mondial inédit que nous publions ce lundi recense les régions les plus menacées par le dérèglement climatique à l’horizon 2050. Avec un zoom sur la situation en France.

Cette étude, qui n’est pas une publication scientifique, a été conduite par une société australienne d’analyse de risques, XDI, spécialiste du conseil aux décideurs, grandes entreprises ou banques. Elle se concentre plus précisément sur les bâtiments les plus vulnérables : maisons, sites industriels ou zones commerciales. «Il s’agit de l’analyse mondiale la plus sophistiquée du risque climatique physique à ce jour», se targue XDI. Au total, plus de 2 600 territoires ont été auscultés via cette simulation fondée sur l’hypothèse d’une augmentation de 3°C de la température mondiale d’ici la fin du siècle.

Principal enseignement : plus de la moitié des régions classées dans le top 100 des plus à risque en 2050 se trouvent en Chine, aux Etats-Unis ou en Inde (voir infographie). Dans le top 20, 16 sont des provinces chinoises (Jiangsu, Shandong, Hebei, Guangdong…), surtout situées dans l’est et le sud du pays, notamment dans les deltas du Yangtsé et de la rivière des Perles, où se concentre une bonne partie de l’activité économique. Outre-Atlantique, la Floride occupe la 10e place mondiale, suivie de la Californie (19e) et du Texas (20e), trois Etats très urbanisés et poids lourds économiques.

«Londres, Milan, Munich et Anvers»

On trouve ensuite de nombreuses régions indiennes, indonésiennes ou pakistanaises. Deux mégalopoles d’Amérique du Sud figurent dans le triste palmarès : São Paulo (Brésil), à la 33e position, et Buenos Aires (Argentine), à la 40e. En Afrique, des régions ou villes d’Égypte (gouvernorats de Beheira, Al Minya, Suhaj…), d’Afrique du Sud (Gauteng) et du Nigeria (Lagos) sont aussi concernées. Plusieurs régions d’Australie, du Canada, de Belgique, d’Italie, ou d’Allemagne font encore partie du top 100.

L’un des intérêts du rapport est de mettre en lumière la grande vulnérabilité des poumons de l’économie mondiale. La Lombardie (Italie), deuxième région la plus prospère de l’Union européenne, occupe ainsi la 5e place du classement européen. «Les villes importantes de Londres, Milan, Munich et Anvers sont situées dans certains des États européens les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes et le changement climatique en 2050», ajoute le document. La cité d’Inverness, en Ecosse, connaît, elle, la plus forte augmentation du risque de dommages. Une hausse du niveau de risque est sensible en Norvège, en Angleterre, aux Pays-Bas ou en Russie.

Si elle ne truste pas les premières places du classement, la France n’est pas épargnée, avec huit régions parmi les 10 % les plus menacées au monde. Premières victimes potentielles des conséquences du changement climatique dans le pays, les Hauts-de-France se placent au 121e rang mondial. Puis viennent Provence-Alpes-Côte d’Azur (176e), Grand Est (200e), Occitanie (237e), Pays de la Loire (239e), Nouvelle-Aquitaine (243e), Auvergne-Rhône-Alpes (253e) et Normandie (260e) (voir infographie ci-dessus).

Agrégation de multiples données

Pour établir ce classement, la société XDI a évalué l’impact probable de «différents risques liés au climat» (inondations, vents ou chaleurs extrêmes, élévation du niveau de la mer, mouvements de terrains liés à la sécheresse…) sur les bâtiments et propriétés de l’ensemble de ces régions en 2050. Le tout en croisant des données scientifiques (modèles climatiques mondiaux, données météorologiques et environnementales locales) et de génie civil, afin de calculer les dommages probables pour le bâti dans un scénario de hausse des températures mondiales de 3°C d’ici la fin du siècle.

Cette étude inédite, à l’origine destinée aux investisseurs, a évidemment des limites. Centrée sur les bâtiments, elle laisse de côté d’autres impacts sociaux, environnementaux ou économiques du changement climatique, tels que les pénuries d’eau, les effets sur la production agricole, la biodiversité ou le bien-être humain. Par ailleurs, elle évalue l’ampleur des dommages sur le bâti mais pas leur coût, qui peut différer selon les régions du monde.

Que faut-il conclure de l’analyse de risques dressée par XDI ? «Ce n’est pas un rapport scientifique, rappelle le géographe et auteur du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), Wolfgang Cramer. Mais leurs données semblent tout à fait honnêtes. Ceci dit, il ne faut en tirer de conclusions trop hâtives. Il serait intéressant de voir si celles-ci “parlent” vraiment aux investisseurs…»

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