La Chine « menace » la sécurité sanitaire de l’UE, selon les services secrets tchèques

« Nous ne pouvons même pas imaginer ce qui se passerait si la Chine arrêtait de produire des médicaments pour l’Europe à la suite d’une crise ou d’un conflit international », a mis en garde M. Koudelka lors d’une conférence organisée au Parlement tchèque. [Shutterstock/FRstudio]

La Chine menace la sécurité et la stabilité de l’Europe à de nombreux niveaux, y compris celui des médicaments, a déclaré le directeur du Service tchèque de sécurité et de renseignement Michal Koudelka. Il ajoute que les responsables politiques en particulier ne devraient pas répéter les mêmes erreurs que par le passé, lorsque les alertes de sécurité liées à la Russie ont été sous-estimées.

Le chef des services de renseignement tchèques estime que la menace chinoise est également liée à la production massive de médicaments dans le pays asiatique.

« Nous ne pouvons même pas imaginer ce qui se passerait si la Chine arrêtait de produire des médicaments pour l’Europe à la suite d’une crise ou d’un conflit international », a mis en garde M. Koudelka lors d’une conférence organisée au Parlement tchèque.

La Commission européenne devrait présenter en mars la stratégie pharmaceutique de l’UE, très attendue, qui cherchera notamment à rétablir la fabrication de produits pharmaceutiques en Europe.

L’Europe est actuellement confrontée à une crise de pénurie d’antibiotiques et d’autres médicaments qui a suscité de graves difficultés pour les gouvernements de l’Union européenne. L’une des raisons de cette situation est l’interruption de l’approvisionnement en médicaments en provenance de Chine, a récemment indiqué la Chambre tchèque des pharmaciens.

Le mois dernier en particulier, les antidouleurs et les médicaments contre la fièvre (tout ce qui contient du Paracétamol ou de l’Ibuprofène), ainsi que les antibiotiques, étaient en rupture de stock dans les pharmacies, et les médicaments pour enfants étaient particulièrement rares.

Le porte-parole du gouvernement français, Olivier Véran, a déclaré à EURACTIV France le mois dernier qu’il était absolument nécessaire pour Paris de relocaliser les industries pharmaceutiques pour produire des médicaments.

Selon lui, il faut une stratégie coordonnée des Vingt-Sept : « l’un des enseignements de la crise, c’est qu’on ne peut pas rester en Européens dépendants à 95% de quelques pays d’Asie en matière d’accès à des médicaments ».

De même, à Vienne, le porte-parole des sociaux-démocrates pour les questions de santé, Philip Kucher, a récemment proposé la création d’un stock national de crise de médicaments essentiels. En effet, selon lui, « la disponibilité des médicaments vitaux est trop importante pour la laisser au hasard ou à la Chine ».

Selon un rapport du Parlement européen de 2020, les médicaments essentiels et stratégiques devraient être considérés comme une priorité étant donné qu’à l’époque, 40 % des médicaments commercialisés dans l’UE provenaient de pays tiers, tandis que 60 à 80 % des ingrédients pharmaceutiques actifs étaient produits en Chine et en Inde.

La Chine est notamment le plus grand fournisseur de produits pharmaceutiques non européens, avec 14,3 % du volume total, suivie des États-Unis (4,0 %) et de l’Inde (2,4 %), selon le quotidien économique Nikkei Asia.

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La pénurie d’antibiotiques et d’autres médicaments dans l’UE pose de sérieux problèmes aux gouvernements des États membres, alors que la colère des citoyens ne cesse de croître face à l’impossibilité de se procurer certains médicaments essentiels.

Ne pas reproduire l’« erreur russe »

« Un autre risque très sérieux lié à la Chine est la diffusion assez considérable de désinformation sur divers sujets, actuellement, bien entendu, en lien avec la guerre en Ukraine », a ajouté M. Koudelka.

Les avertissements des services de renseignement concernant la Russie ont souvent été minimisés, ont souligné les services de sécurité tchèques. Pour les services de renseignement, les responsables politiques ne doivent pas répéter la même erreur avec la Chine.

« Veuillez nous écouter maintenant lorsque nous disons que les activités de la Chine constituent un risque pour la République tchèque et que nous devons être prêts et déterminés à y faire face efficacement », a déclaré M. Koudelka.

La République tchèque a été confrontée à une nouvelle vague de critiques en provenance de Pékin après un entretien téléphonique entre le nouveau président élu tchèque et le bureau de la présidente taïwanaise.

Si Taïwan est gouvernée de manière indépendante de la Chine, Pékin considère l’île comme une composante de son territoire. Les dirigeants de nombreux pays s’abstiennent de rencontrer officiellement les hauts responsables politiques taïwanais afin de ne pas provoquer la Chine.

Actuellement, tous les représentants de la République tchèque, y compris le Premier ministre, le président et les leaders des chambres basse et haute du Parlement tchèque, s’expriment à l’unisson et insistent sur la poursuite des relations avec Taïwan, indépendamment des préoccupations chinoises.

« L’attitude tchèque naissante à l’égard de la Chine est perçue de manière substantielle dans le monde. Le pays a un président nouvellement élu et des dirigeants qui comprennent les menaces associées à Pékin », reconnaît Luke de Pulford, directeur de l’Alliance interparlementaire sur la Chine, un groupe international de législateurs transpartisans qui s’emploie à réformer la manière dont les pays démocratiques appréhendent la Chine.

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L’appel téléphonique du président tchèque nouvellement élu, Petr Pavel, avec la présidente taïwanaise, Tsai Jing-wen, lundi, a provoqué la colère de Pékin, qui ne reconnaît pas la souveraineté de l’île.

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