On connaissait la
fâcheuse habitude du coucou de laisser ses oeufs dans des nids étrangers, aux
bons soins d’autres espèces d’oiseaux qui couvent le rejeton puis s’épuisent
ensuite à le nourrir. Ce que l’on sait moins, c’est que si les “parents adoptifs”
ne sont pas assez coopératifs, s’ils éjectent par exemple le nouvel arrivant,
l’espèce parasite use de représailles. Il fond sur le nid, et détruit tous les autres oeufs.

En gros, en laissant son oeuf dans le nid,
le coucou fait aux autres oiseaux une offre qu’ils ne peuvent pas refuser,
explique le magazine américain
Popular Science.
 Cette stratégie mafieuse n’était jusqu’à présent qu’une
hypothèse scientifique, émise en 1979 par le biologiste Amotz Zahavi, de l’université de Tel Aviv. Mais des chercheurs en mathématiques
viennent de modéliser ce comportement afin de voir s’ils pouvaient valider
“l’hypothèse mafieuse”. Pour cela, il faut que deux conditions soient
remplies, expliquent-ils : que le coucou visite plusieurs fois le même nid et
que les “parents adoptifs” soient capables d’apprendre. Résultat ? “Nous avons testé et confirmé
l’hypothèse mafieuse”, affirme dans un communiqué Maria Abou Chakra, du
Max Planck Institut pour la biologie de l’Evolution, et premier auteur de l’article
consacré à ces recherches, publié dans Nature
.Le cycle de la violenceMais le coucou n’agit pas toujours comme un gros bras de la mafia, tempèrent les chercheurs, son comportement est cyclique. Plus il use de représailles, en détruisant toute la couvée, plus il devient vital pour les “hôtes” d’accepter sans réticence les oeufs étrangers, en misant sur le fait qu’ils pourront peut-être élever l’un de leurs petits aux côtés de l’oisillon déposé. Un statu quo s’installe alors, pendant lequel le coucou dépose sa progéniture sans plus user de menace… Jusqu’au prochain cycle, quand la famille d’accueil se rebelle.

Il n’y a pas que la menace qui soit efficace. Une étude publiée dans la
revue scientifique Science 
suggère, elle, une autre raison qui
pousse les hôtes à accepter les oeufs de coucou : les jeunes imposteurs
secrèteraient une substance odorante qui protègent leurs hôtes des prédateurs. C’est encore une offre à laquelle il est difficile de dire non.