CocktailPlus de 99 % des eaux bretonnes sont contaminées par les pesticides

Bretagne : Plus de 99 % des eaux bretonnes sont contaminées par les pesticides

CocktailLes produits phytosanitaires utilisés par les agriculteurs se retrouvent dans tous les cours d’eau, les nappes et les étangs
La rivière la Seiche, ici à Janzé (Ille-et-Vilaine), avait été la victime d'une importante pollution en 2017.
La rivière la Seiche, ici à Janzé (Ille-et-Vilaine), avait été la victime d'une importante pollution en 2017.  - C. Allain / 20 Minutes / 20 Minutes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Un rapport copieux de l’Observatoire de l’environnement en Bretagne souligne le piètre état des cours d’eau dans la région.
  • De très nombreux résidus de pesticides sont détectés dans les rivières de la région, notamment en raison de l’agriculture intensive.
  • Les nitrates, à l’origine du phénomène des algues vertes, sont en baisse mais restent à des niveaux élevés.

Le chiffre fait peur mais illustre une réalité. En Bretagne, plus de 99 % des analyses menées dans les cours d’eau, étangs ou nappes phréatiques montrent la présence de pesticides. L’omniprésence, devrait-on dire, car dans les 220 stations de toute la région où les prélèvements ont été menés, quasiment toutes affichaient des traces d’au moins un herbicide ou d’un métabolite (produits issus de la dégradation des pesticides dans le milieu naturel). « On a même un cours d’eau dans lequel on a détecté 83 pesticides différents », assure Aurélie Mestres.

Ces données dévoilées par la présidente de l’Observatoire de l’environnement en Bretagne sont issues des Chiffres clés de l’eau en Bretagne que sa structure vient de dévoiler. Mis en place par la région et l’État, l’OEB dresse dans ce document un portrait de l’eau dans une région où elle est depuis longtemps malmenée. Parmi les substances les plus fréquentes, on retrouve en tête du classement le glyphosate, premier herbicide vendu en Bretagne, que l’on détecte dans 35 % des stations de prélèvement. Plus inquiétant : son métabolite, c’est-à-dire le produit issu de la dégradation du glyphosate dans l’eau, a été détecté dans 65 % des stations. Un constat qui peut interroger quand on sait que certains métabolites sont encore plus résistants que leur cellule mère.

« Le souci, c’est que les niveaux moyens stagnent »

L’autre fait marquant de ce rapport sur l’eau porte sur les nitrates, présents en grande quantité dans les cours d’eau de Bretagne et qui sont à l’origine des marées d’algues vertes. Générés par l’épandage de lisier, les nitrates ont vu leur concentration baisser de 17 % de 1995 à 2020 dans les rivières et même de 27 % dans les eaux souterraines. « Le résultat des efforts de toute la profession », selon l’OEB. « Le souci, c’est que les niveaux moyens stagnent autour de 32 mg par litre, ce qui reste élevé », analyse Aurélie Mestres.


La persistance de ces pesticides et des nitrates dans les eaux de la région a pour conséquence de dégrader le milieu naturel, en raison du phénomène d’eutrophisation. Conséquence : seulement 32 % des cours d’eau sont considérés comme « en bon état écologique ». Un chiffre qui cache par ailleurs de grandes disparités puisqu’il est de 61 % dans le Finistère, mais de seulement 2 % en Ille-et-Vilaine ! La faible pluviométrie, la chenalisation des cours d’eau et l’intensification de l’agriculture au sud de Rennes expliquent en grande partie ce chiffre alarmant.

Notons qu’en ce qui concerne l’eau potable, le seuil sanitaire de non-conformité n’a jamais été dépassé en 2021 dans la région. Le seuil de qualité a quant à lui été maintes fois débordé par des concentrations trop élevées. « 40 % de la population bretonne a reçu une eau non conforme au seuil de qualité concernant les pesticides », détaille l’OEB.

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