Partager
Santé

Médecine de guerre : "Il faut réussir à stabiliser un blessé pendant 24 heures"

Dans un conflit de haute intensité, "il faut réussir à stabiliser le blessé pendant 24 heures avant qu'il n'ait accès à la chirurgie dont il a besoin", explique le Dr Pons, professeur de chirurgie.

réagir
Un médecin du bataillon médical volontaire "Hospitaliers", qui aide aux évacuations médicales des militaires ukrainiens blessés, travaille dans un bus d'évacuation médicale dans la région de Donetsk, le 11 février 2023.

Un médecin du bataillon médical volontaire "Hospitaliers", qui aide aux évacuations médicales des militaires ukrainiens blessés, travaille dans un bus d'évacuation médicale dans la région de Donetsk, le 11 février 2023.

YASUYOSHI CHIBA / AFP

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°912, daté février 2023.

Le docteur François Pons est professeur de chirurgie et ancien directeur de l'École de médecine du Val-de-Grâce, à Paris.

Sciences et Avenir : Qu'est-ce que la golden hour, le standard actuel en matière de médecine de guerre ?

François Pons : La golden hour, la première heure pendant laquelle il faut traiter un blessé avant de l'évacuer a longtemps été en vigueur. Mais dans un conflit de haute intensité, lorsqu'on n'a plus la maîtrise des voies aériennes et que les voies terrestres deviennent trop dangereuses en raison des drones et des bombardements rendant impossibles les évacuations, se pose la question de passer au golden day. C'est-à-dire qu'il faut réussir à stabiliser le blessé pendant 24 heures avant qu'il n'ait accès à la chirurgie dont il a besoin.

Quels conflits font penser qu'il va falloir s'adapter à de nouvelles stratégies ?

La guerre en Arménie fait beaucoup de morts. Les blessés ne sont pas loin des hôpitaux car le conflit se trouve sur leur territoire, mais c'est très difficile de parvenir à les déplacer jusqu'aux hôpitaux de référence. Il s'agit de polyblessés, des personnes victimes d'explosions et criblées de blessures dans un conflit à haute intensité. La guerre en Ukraine semble relever de problématiques similaires, même s'il faudra analyser la situation a posteriori, lorsque nous aurons tous les éléments.

La formation des soignants va-t-elle s'adapter à ces nouvelles façons de faire la guerre ?

Malgré les formations en chirurgie, il n'est pas facile de répondre à ces nouveaux aspects de la guerre. Le nœud du problème consiste à réussir à maîtriser une hémorragie sur une telle durée. Certaines pistes lancées en matière de robotique restent à l'état de recherche. Les ballonnets intra-aortiques permettent de stopper certains saignements sans opérer mais malheureusement pas tous. Certaines mousses qui s'injectent dans l'abdomen finissent par coller aux tissus. L'enjeu va surtout être de faire admettre le nombre de morts pour lesquels la médecine n'a rien pu faire.

Commenter Commenter
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications