Paris prépare une « alliance du nucléaire » en Europe

Le ministre tchèque de l'industrie et du commerce, Jozef Sikela (à gauche), et la ministre française de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher (à droite), s'entretiennent lors d'un conseil spécial de l'UE sur la crise énergétique à Bruxelles, en Belgique, le 19 décembre 2022. [EPA-EFE/OLIVIER HOSLET]

La ministre de la Transition énergétique française rencontrera mardi (28 février) douze de ses homologues à Stockholm pour lancer une « alliance du nucléaire » au sein de l’UE, ce qui marquerait une première en Europe. 

Agnès Pannier-Runacher, se rendra lundi et mardi (27 et 28 février) à Stockholm dans le cadre de deux jours de réunions informelles sur les questions énergétiques qui taraudent l’actualité européenne. 

Au menu des discussions, la réforme imminente du marché européen de l’électricité, l’hydrogène bas-carbone, mais aussi le nucléaire.

Selon le cabinet de la ministre, Mme Pannier-Runacher devrait réunir à Stockholm 12 de ses homologues, ainsi que la Commission européenne, pour discuter d’une « alliance du nucléaire » en Europe.

Un projet qu’elle appellerait « de ses voeux » afin d’affirmer « la contribution du nucléaire à nos objectifs climatiques et à la sécurité énergétique en Europe » selon les termes employés par l’entourage de la ministre.

Outre la France, 12 autres pays participeront à cette réunion : Bulgarie, Croatie, Finlande, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, République Tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, et Suède.

Pour l’heure, le ministère n’a pas avancé de détails quant au contenu de cette alliance. Une déclaration conjointe serait à l’étude mais n’était toujours pas confirmée dimanche selon le cabinet de la ministre.

Néanmoins, le message est clair : « envoyer un signal fort dans les différentes négociations européennes ».

LEAK : Agnès Pannier-Runacher demande à la Commission d’introduire l’hydrogène issu du nucléaire dans la stratégie hydrogène de l’UE

Dans un courrier que s’est procuré EURACTIV France, la ministre de l’Énergie française, Agnès Pannier-Runacher, tente directement auprès de la Commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, d’intégrer le nucléaire dans les sources d’énergie pour la production de l’hydrogène dit « vert ».

La France fait son lobbying

Paris espère s’appuyer sur les dernières victoires des défenseurs de l’atome.

Le 9 février dernier, la commission Énergie du Parlement européen reconnaissait officiellement l’hydrogène produit à partir d’électricité nucléaire comme une énergie bas-carbone. 

Le lendemain (10 février), EURACTIV révélait que la France et les pays défenseurs de l’atome avaient obtenu que l’hydrogène issu du nucléaire puisse constituer une exception aux règles dites d' »additionnalité » sur la fabrication d’hydrogène renouvelable, dans la mesure où sa production « est située dans une zone d’enchère où l’intensité des émissions d’électricité est inférieure à 18 gCO2eq/MJ ».

C’est manifestement le cas de la France, dont l’entièreté du réseau électrique est bas carbone, grâce au nucléaire.

Galvanisé, le cabinet de la ministre de la Transition énergétique appelait lundi 13 février à plus de « cohérence » dans les textes à venir sur l’hydrogène, notamment au sein de la directive énergie renouvelable (RED3) en cours de négociation à Bruxelles.

« Il faut maintenant appliquer cette logique à nos objectifs d’hydrogène renouvelable dans la directive RED3 », avait avancé Mme Pannier-Runacher.

Plus tôt, le cabinet de la ministre avait jugé « intéressante, intelligente et de bon sens » la proposition formulée par Pascal Canfin, eurodéputé et président de la commission Environnement du Parlement européen, d’intégrer une pondération carbone dans les objectifs de développement d’énergies renouvelables compris dans la directive RED3. 

Enfin, l’eurodéputé français Christophe Grudler (Renew) mentionnait le 16 février une réunion à Bruxelles réunissant une vingtaine d’eurodéputés autour de Mme Pannier-Runacher pour parler de nucléaire et de décarbonation.

Ainsi, la France profite de ses dernières victoires au niveau institutionnel et européen pour faire valoir la « contribution du nucléaire à nos objectifs climatiques et à la sécurité énergétique en Europe », affirme le cabinet de la ministre.

Marché de l’électricité : Paris défie Berlin sur le calendrier de réforme

Le cabinet de la ministre française de l’Énergie a affirmé vendredi (24 février) sa volonté de boucler la réforme du marché européen de l’électricité d’ici la fin de l’année, défiant ainsi Berlin qui préfère attendre les élections européennes de 2024.

[Edité par Frédéric Simon]

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