Salon International de l’Agriculture - 25 février au 5 mars - paris expo porte de versailles - édition 2023 - Ovalie - 5 ans - Salers
Crédit photo : ©Salon International de l’Agriculture

Banque partenaire des agriculteurs, le Crédit Mutuel sera présent au Salon International de l'Agriculture qui se déroulera à Paris du 25 février au 5 mars 2023.
Le point sur la situation de la filière avec Christian Guilbard, Président du Crédit Mutuel Agricole et Rural (CMAR).

Une bonne année 2022 en agriculture malgré les aléas climatiques . Christian Guilbard Christian Guilbard Président du Crédit Mutuel Agricole et Rural

Quel bilan tirez-vous de l’année 2022 et de ce début d’année 2023 ?

Le bilan de l’année 2022 est bon à très bon, malgré les aléas climatiques que nous avons connus et la disparité entre les productions - nous allons y revenir. Cela est lié au contexte exceptionnel de hausse des prix des produits agricoles tant en culture qu’en élevage. Nos coûts de production ont également augmenté, mais du fait du décalage entre la mise en terre et la récolte, la répercussion des coûts reste moins importante pour 2022, d’où cette amélioration des trésoreries.

Dans ce contexte, les niveaux de risques bancaires sont faibles.

Cette embellie générale ne doit néanmoins pas masquer les difficultés de certains secteurs. Je pense particulièrement aux éleveurs touchés par la grippe aviaire, avec des vides sanitaires qui se prolongent. Cette crise sanitaire à répétition mine le moral des éleveurs et fragilise toute la filière avicole. Il y a aussi tous ceux qui ont subi des aléas climatiques, gel, grêle ou sécheresse estivale. Je pense aux éleveurs qui n’ont pas suffisamment de stocks pour la période hivernale et devront être accompagnés. Notre attention se porte également sur les difficultés dans certains vignobles et pour certains secteurs en fruits et légumes pénalisés par les coûts de l’énergie.

Conséquences du changement climatique, de la guerre en Ukraine... comment se dessine le nouveau contexte alimentaire mondial ?

Au-delà des crises conjoncturelles, une question de fond demeure : comment produire davantage pour satisfaire nos besoins alimentaires et énergétiques tout en réduisant notre impact sur la nature et dans un contexte de bouleversement climatique ? C’est cette question centrale qui doit tous nous conduire à interroger nos façons de produire.

En ce début d’année 2023, on peut difficilement imaginer une baisse des tensions sur les marchés internationaux des matières premières agricoles. Les besoins alimentaires s’accroissent au même rythme que l’augmentation de la population mondiale. Le vrai défi sera donc de maintenir, voire d’augmenter, nos productions tout en utilisant moins d’intrants et en changeant nos techniques culturales pour être plus écologiques. C’est plus facile à écrire qu’à mettre en œuvre !

Par exemple, dans ma région du Poitou, comment puis-je a minima maintenir ma production agricole dans un contexte de sécheresse estivale de plus en plus intense ? Cela pose la question de la gestion et la maitrise des prélèvements en eau. C’est une question primordiale, qui doit se régler au plus proche des territoires et sans idéologie.

C’est dans ce contexte que notre banque ambitionne d’accompagner les exploitants agricoles dans la transition écologique. En grande proximité et en leur proposant des bons outils avec ce souci constant de laisser l’exploitant agricole maître de ses choix pour la préservation de son revenu.

Comment l’agriculture française résiste-t-elle dans cette conjoncture ? La perte de compétitivité du secteur – la France est aujourd’hui 6e exportateur mondial, elle était 2e en 1999 – est-elle enrayée ou se poursuit-elle ?

La question de la compétitivité de notre agriculture est centrale. Elle ne peut être la seule tant le secteur agricole croise de multiples enjeux : demandes alimentaires multiples, aménagement du territoire et maintien des activités économiques en zone rurale, adaptation aux changements climatiques, impact agro-écologiques de nos activités.

Une autre problématique est celle du renouvellement des générations avec 20 000 départs à la retraite par an et 12 500 installations dont moins de 10 000 installations professionnelles.

Ce sont toutes ces questions que le gouvernement va devoir traiter dans ses consultations pour le Pacte et loi de modernisation agricole. Notre Fédération du CMAR est associée à ces réflexions.

Les exploitants agricoles bénéficient depuis le 1er janvier 2023 d’un nouveau système d’assurance récolte. Comment le Crédit Mutuel accompagne-t-il cette avancée pour ses clients ?

Notre groupe va proposer une offre performante d’assurance en lien avec ce nouveau système d’assurance récolte. Un partenariat stratégique de co-assurance a été noué entre Allianz France et les Assurances du Crédit Mutuel, filiale de Crédit Mutuel Alliance Fédéral.

Je suis très satisfait que notre banque mette à notre disposition cet outil, que nous professionnels et élus agricoles attendions depuis longtemps et qui va permettre à nos chargés d’affaire agris de faire des propositions d’assurances globales sur tous les risques inhérents à notre profession.

Une chose est certaine : avec le changement et les tensions sur les marchés alimentaires, les risques s’accroissent dans les exploitations. Il faut vraiment, nous tous, exploitants agricoles, que nous nous interrogions sur notre politique de couverture contre les risques dans une approche globale. Il nous faut les meilleurs outils de protection de risques pour nos entreprises agricoles : matériel préventif, changement vers des systèmes de production plus résilients, épargne de précaution, solutions assurantielles.

Le Crédit Mutuel joue un rôle important dans les travaux conduits avec le gouvernement sur le mal-être des agriculteurs. Comment l’appréhender avec les réseaux ?

C’est un sujet grave qui me tient particulièrement à cœur. Nous avons proposé à nos réseaux de chargés d’affaires agri du Crédit Mutuel et du CIC une conférence pour leur donner quelques clés de comportement face à des situations de mal-être de leur client.

Tout ce dont nous venons de parler précédemment montre la complexité du métier de chefs d’exploitations agricoles. Notre société pousse en permanence à la performance et certains peuvent se sentir démunis face à toutes ces exigences. Nous avons construit une banque qui peut s’enorgueillir de développer une relation de proximité, d’écoute et de confiance avec nos clients sociétaires. De ce fait, nos chargés d’affaire sont souvent au premier rang. L’objectif est de savoir mieux détecter et prévenir ces situations.