Irma Grese, "la hyène d’Auschwitz" : un podcast à écouter en ligne | France Culture

Irma Grese, "la hyène d’Auschwitz"
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Épisodes
    • Née en 1923 dans une famille instable de paysans allemands, la timide et réservée Irma Grese, celle qui voulait exercer la profession d'infirmière pour aider les autres, va devenir une des pires gardiennes de camp nazi.
      27 fév. 2023  •  16 min
    • Comment cette jeune Allemande timide et introvertie, traumatisée par le suicide de sa mère ne souffrant plus de vivre avec un mari infidèle et opposé au régime nazi, va-t-elle devenir un de ces visages de la banalité du Mal ?
      27 fév. 2023  •  10 min
    • Arrêtée par les Britanniques qui libèrent le camp de Belsen le 15 avril 1945, Irma Grese fait partie des 45 accusés de ce qu’on appelle "le procès de Belsen" qui se tiendra du 17 septembre au 17 novembre 1945. Sa ligne de défense ? "C’est pas moi. C’est eux ! "
      27 fév. 2023  •  16 min
    • Le 17 novembre 1945, le verdict tombe, Irma Grese, 22 ans, est condamnée à mort par pendaison. Pour exécuter la sentence, c’est le bourreau « officiel » de la Couronne britannique qui fait le déplacement, Albert Pierrepoint. Elle, elle ne regrette rien.
      27 fév. 2023  •  10 min

À propos de la série

Née en 1923, la timide et réservée Irma Grese va devenir une des pires gardiennes de camp nazi. Comment cette jeune allemande qui voulait être infirmière va-t-elle devenir un de ces visages de la banalité du mal ?

Attention, certains propos et images peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ainsi que des personnes non averties.

Etre infirmière était son rêve. Et malgré ses efforts, elle échoua à tous ses examens.
Comme toutes les filles de son âge, elle est membre de l’organisation des Jungmädel, des jeunes filles dépendantes des Jeunesses hitlériennes. Et c’est tout naturellement qu’à 18 ans, elle débarque au camp de Ravensbrück, le plus grand camp pour femmes du Reich où on la forme à l’impensable. Les vêtements sont fournis, la nourriture aussi et le salaire bien plus intéressant qu’à l’usine. À Auschwitz, elle gravit rapidement les échelons dans la hiérarchie jusqu’à devenir la numéro 2 du camp des femmes avec 30.000 prisonnières à sa botte avant de finir à Belsen en 1945. Partout où elle est passée, les survivantes de ces camps se souviennent de son sadisme, de sa cruauté et de l’aisance avec laquelle elle exerçait son art, celui de battre, d’humilier, d’annihiler.

Irma est le fruit de son époque et de son milieu, d’une éducation également comme le montre Michael Haneke dans son film intitulé Le ruban blanc. Une éducation rude et violente de celle de l’entre-deux guerres. Elle quitte l’école à 15 ans comme des centaines de milliers d’autres et passe de petits boulots en petits boulots à la ferme ou vendeuse en magasin avant de devenir aide-soignante. Nazie convaincue elle va finir par s’engager comme gardienne de camp. Un travail banal, normal qu’on trouve sur petites annonces. Faisait-elle partie « de ces quelques idiotes qu’on a choisi dans les campagnes ou dans les forêts en se disant qu’elles ne savaient pas ce que c’était un camp de concentration » comme se le demande une ancienne gardienne de camp 35 ans après la guerre ? Assurément.

Une survivante du camp de Ravensbrück parle de sa grossesse, pendant sa détention. Extrait de "Témoignages divers sur le monde concentrationnaire" (1965)

3 min

Irma Grese fait partie des 45 accusés de ce qu’on appelle "le procès de Belsen". Sa ligne de défense ? « C’est pas moi ! C’est eux ! Le 17 novembre 1945, le verdict tombe : à 22 ans, elle est condamnée à mort par pendaison. Jusqu’au bout, elle n’a rien regrettée

Le procès de Belsen, 43 accusés, 27 hommes et 16 femmes. Irma Grese porte le numéro 9. Près de 200 journalistes allemands et étrangers sont présents pour cet évènement historique. C’est au 25ème jour de procès qu’elle est appelée à la barre pour répondre aux questions de ses accusateurs. Tirée à quatre épingles, elle fait crépiter les appareils photos.
L’accusée numéro 9 est décrite comme la pire des femmes de tout le camp. Elle est la cruauté incarnée. Mais sa stratégie de défense sera comme celle de toutes les autres gardiennes : Les prisonnières n’avaient rien à craindre quand elles se comportaient bien !

Parmi les femmes jugées au procès de Belsen, Irma Grese, au centre, porte le n° 9 (Allemagne, Lüneburg, 17.09-17.11.1945)
Parmi les femmes jugées au procès de Belsen, Irma Grese, au centre, porte le n° 9 (Allemagne, Lüneburg, 17.09-17.11.1945)
© Getty - Photo by Toronto Star Archives/Toronto Star via Getty Images

Avant qu’on ne vienne la chercher pour exécuter sa peine, certains prisonniers racontent qu’elle entonnait des chants nazis, elle qui n’a jamais renié ses engagements au parti nazi. C’est d’ailleurs ce qu’elle écrit à son père quelques jours avant sa mort, ce père qui l’a reniée pour ses idées et ses engagements. Le 8 décembre 1945, elle lui écrit : Si le destin a décidé de m’arracher à la vie à un aussi jeune âge, soit assuré d’une chose : ta fille partira telle que tu l’as toujours connue, une Allemande courageuse, innocente et toujours fière. Tu ne dois pas avoir honte de moi car j’ai rempli de manière fidèle mon devoir pour la patrie.

Pour en parler

  • Didier Chauvet, spécialiste du nazisme
  • Barbara Necek, documentariste, spécialiste de l’histoire du nazisme, auteure de Femme bourreaux (Grasset, 2022)
  • Liliane Kandel, sociologue et essayiste
  • Claude Quétel, historien spécialiste des processus mentaux qui mène à la décision et à l’évènement et les témoignages d’Irma Grese lors de son procès
  • Maurice Blick, photographe et rescapé d’Auschwitz
  • Témoignages :  Albert Pierrepoint (1905-1992), bourreau britannique qui exécuta Irma Grese et d'autres condamnés à mort du procès de Belsen - Ilona Stein, Helena Kopper, Klara Leibowitz et Edith Trieger, survivantes qui ont pu témoigner lors du procès d'Irma Grese

Remerciements

Didier Chauvet, spécialiste du nazisme. Barbara Necek, documentariste, spécialiste de l’histoire du nazisme. Liliane Kandel, sociologue et essayiste. Claude Quétel, historien spécialiste des processus mentaux qui mène à la décision et à l’évènement.
Merci à celle qui m’a inspiré cette série, Merima Huseinbasic rescapée de la guerre de Bosnie, spécialiste des crises et des conflits à Sciences Po et ancienne du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (T.P.I.Y.) et d’Interpole, pour ses traductions, ses recherches et ses contacts.

Lectures des textes (extraits), Raphaël Krafft, Anne de Peufeuilhoux, Thierry Beauchamp, Violette Fossa

Dans "Les femmes et les enfants dans les camps", extrait d'une interview de Geneviève de Gaulle Anthonioz à propos du rôle des femmes dans la Résistance (1965)

2 min

Bibliographie sélective

Filmographie sélective

Documentaires de Barbara Necek

Autre réalisateur

  • Le Ruban blanc (titre original, Das weiße Band), sous-titré Eine deutsche Kindergeschichte (Une histoire allemande pour enfants) de Michael Haneke. Palme d'or au Festival de Cannes 2009.

Générique

Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Rafik Zénine. Coordination, Christine Bernard. Archives Ina, Delphine André. Attachée de production et page web, Sylvia Favre-Steyaert.

Pour aller plus loin

Irma Grese, "la hyène d’Auschwitz" s'inscrit dans la collection Criminels de guerre, une série de France Culture comprenant huit volets (quatre hommes et quatre femmes) à suivre en podcast et sur l'antenne de France Culture.

À réécouter : La vie malgré tout
Une histoire particulière, un récit documentaire en deux parties
28 min

Provenant de l'émission

Une histoire particulière, le samedi et le dimanche de 13h30 à 14h sur France Culture

Raconter des histoires du réel, et par le singulier toucher l’universel. Le documentaire est le récit d’une histoire vraie. C’est un fait divers au sens propre et sans tiret : la rencontre entre un documentariste et une histoire qui nous emmène là où généralement nous n’allons pas.